Chapitre onzième

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L'université était désormais un bien lointain souvenir. Levi, de bonne humeur, sauta hors du lit conjugal et laissa Eren dormir derrière lui. Aujourd'hui, il avait rendez-vous avec Hanji. Il enfila rapidement un sweatshirt délavé, un jeans et la première paire de baskets qui lui tomba sous la main. Un rapide coup de peigne dans ses cheveux termina sa préparation et il s'en alla, les clés de sa voiture fermement coincées entre ses fins doigts.

-J'ai cru que je n'allais jamais te revoir ! Se plaignit Hanji en croquant dans son sandwich. Tu pourrais m'accorder plus de temps.

-Désolé, mais j'ai enfin trouvé du boulot.

-Et tu ne me l'as pas dit ? Je vois que notre amitié compte beaucoup à tes yeux.

Elle prit une pose théâtrale.

-C'est un bête job en caisse, expliqua-t-il. De quoi valoriser mon diplôme.

Levi était censé être pharmacien.

-Comment va Eren ? Demanda-t-elle ensuite plus sérieusement.

-Comme toujours. Il enchaîne les consultations, il est débordé.

-Dure est la vie de psychologue.

Il approuva et termina son plat. Dans le petit restaurant, les serveuses courraient partout mais tenaient leurs plateaux avec énormément d'agilité. C'était un beau mois d'automne.

Cela faisait quelques mois qu'Eren et Levi avaient emménagé ensemble. Annie avait enfin été coffrée suite à son audience du mois précédent, Sasha n'avait plus envoyé de lettre à Eren. Tout semblait si calme que cela paraissait presque surréaliste.

-Au fait, reprit Levi. Je ne t'ai jamais demandé.

-Oui ?

-On s'est déjà rencontré, avant ? Parfois, tes traits me semblent familiers.

Hanji manqua de s'étouffer sur sa bouchée mais se reprit.

-Je ne sais pas, mentit-elle.

-Tu as toujours vécu ici ?

Elle n'essaya plus de mentir et répondit honnêtement.

-Non.

-Moi non plus, sourit-il. Tu as emménagé quand ?

-Il y a plus ou moins cinq ans.

Levi fit de gros yeux.

-Presque en même temps que moi, s'écria-t-il. Je suis arrivé il y a quatre ans.

Hanji savait tout ça. Elle connaissait Levi bien plus qu'il ne se l'imaginait, mais elle fut déçue qu'il ne la reconnaisse pas. Elle changea de sujet avant qu'il ne pose trop de questions.

-Tu parles encore à Erwin ?

-Beaucoup moins, avoua-t-il sur un ton désespéré.

-C'est dommage. Il sait qu'on a gardé contact, toi et moi ?

-Hors de question, répliqua Levi. Je n'ose même pas imaginer sa réaction.

-C'est vrai. Mais, d'ailleurs, pourquoi avoir continué de me parler ? Tu en pinces pour moi, Ackerman ?

Il balança ses mains de gauche à droite dans un geste de recul.

-Tu as beaucoup de charme, qu'on s'entende, commença-t-il, mais c'est juste que je te trouve très attachante. Tu es une bonne amie.

-Merci.

Hanji s'excusa et sortit son portable un instant le temps d'envoyer un message à Sasha.

Message à : Sa' !

« Il mord à l'hameçon. Je vais y arriver.»

Mikasa remit ses vêtements en quatrième vitesse. Jean la regardait faire, passionné et absorbé.

-Tu es sûre que tu ne veux pas rester ?

-Non, répondit-elle. J'ai du travail.

Jean bouda.

-Ce serait bien qu'on ait une relation plus stable. J'adore coucher avec toi, mais j'aimerais plus.

-Je suis désolée, mon chou. Je ne peux pas.

Elle lui caressa les cheveux d'une manière enfantine et sortit de la maison. Elle était frustrée de ne pas pouvoir lui offrir plus, car elle le savait, c'était un homme gentil et attentionné, mais elle aimait encore Eren.

Un garde pénitencier ouvrit la cellule d'Annie. Elle était déjà apprêtée.

-C'est ton jour de sortie, poupée.

Elle acquiesça et se leva. Elle attendait ce jour depuis plus d'un an.

-Tu devras signer des papiers avant de passer les grilles, la prévint-il. Pour tes travaux d'intérêts généraux.

-Je dois en faire ? S'étonna-elle.

-Oui, ils ont décidé de te libérer plus tôt que ta sentence de base. Donc, tu dois combler.

Elle ne releva pas. Elle était bien trop heureuse de pouvoir enfin sortir de ce trou. Comme convenu, elle signa des documents, puis elle avança sans se retourner. Ymir, qui avait été libérée bien plus tôt, l'attendait avec sa voiture. Les deux femmes s'étaient liées d'amitié lors de leur peine.

-Salut, chérie. Alors, cet air frais ?

-Jouissif, répondit Annie.


Eren était assis à la table à manger et relisait une nouvelle fois la lettre que Sasha lui avait envoyée l'année précédente. Il l'avait soigneusement pliée et gardée dans un tiroir. Il se rongeait la peau du pouce, pensif. Il ne comprenait toujours pas comment elle était au courant pour lui et Levi. Il tritura le coin de la feuille, clairement agacé par la situation. Eren prit enfin une décision : le numéro se composa dans son oreille et il attendit que la personne au bout du fil décroche.

-Allô ?

-Bonjour, Sasha. 

S. O. S.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant