Chapitre 5

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  Lorsqu'Antoine avait vu Astrid se retirer du bal, il avait compris que quelque chose n'allait pas. Son air ne présageait rien de bon, son regard était noir... ou peut-être rouge. Ses poings étaient serrés, si fort que ses ongles avaient probablement entaillé la peau de ses mains.
Il avait eu terriblement envie de la rejoindre, de la serrer dans ses bras, de la rassurer. Mais après ce qu'il lui avait dit, cela aurait été très certainement malvenu de sa part.

Sur le moment, il n'avait pas compris pourquoi elle s'était enfuie de la sorte. Peut-être était-ce de sa faute, peut-être songeait-elle à leur rupture ?

C'est à l'instant où le souverain avait déclaré ses fiançailles ainsi que celles de sa sœur, Héléna, que les choses s'étaient compliquées.
Maintenant, Antoine comprenait. Il comprenait qu'elle était promise à un autre homme, le duc de Hordaland, son ami. Car s'il fut accablé de la nouvelle, le jeune blond était au moins rassuré sur l'identité de son futur époux, il connaissait cet homme, du moins, était certain de le connaître et savait qu'il saurait prendre soin d'Astrid.

Mais bon Dieu ! Qu'il lui était impossible de l'imaginer dans les bras d'un autre homme que lui...

Le roi parlait toujours quand le regard d'Antoine croisa celui d'Astrid. Il était neutre, sans saveur, sans cette lueur d'amusement qui brillait habituellement dans ses yeux clairs. Il était sans vie, car, après tout, c'était ce que l'on venait de lui ôter, une vie. Astrid appartiendrait bientôt entièrement au duc. Sa vie lui serait bientôt octroyée sans qu'elle n'ait pu exprimer son avis.

Cependant, que peut-on bien faire de l'opinion d'une femme ? Aussi haute placée fut-elle... Personne n'avait d'estime pour ce qu'elles pensaient.

Antoine tenta de déceler un message dans ses yeux vides mais n'y trouva que fatigue sûrement due à la probable insomnie qu'avait vécue la princesse, cette nuit-même.
Il souhaitait lui parler. Il lui fallait absolument le faire. Le jeune blond souhaitait lui prouver que son acte n'était pas vain. La preuve, la princesse allait épouser un homme dont le parti était plus qu'intéressant et elle était certaine d'être protégée de n'importe quel scandale, étant fiancée à l'un des hommes les plus puissants du pays.

Il tenta de soutenir son regard mais Astrid avait les yeux dans le vague, comme absente. Le jeune homme blond la fixa jusqu'à la fin du discours.

Après quelques félicitations, il essaya de la rejoindre mais elle fut immédiatement prise de côté par les souverains. La foule de nobles personnes se dirigea vers les portes pour sortir de la grande salle et Antoine fut transporté jusqu'à la sortie, tentant vainement de s'en extirper.

Il croisa le regard brun de son ami, le duc de Hordaland, et ce dernier lui offrit un sourire franc. Ils sortirent tous deux, se jetant de brefs regards, avant de se retrouver dans l'une des cours du château. Antoine s'approcha lentement de lui, d'une démarche ferme.

- Antoine ! s'exclama le duc, enjoué. Je ne pensais pas que vous viendriez.

- À l'assemblée ? enchaîna le jeune homme. Il est vrai que je n'ai pas pour habitude d'écouter les dernières nouvelles mais celles-ci m'importaient.

Il guettait la réaction de son ami, mais ce dernier ne savait pas. Il n'était pas au courant de la liaison qu'avaient entretenue Antoine et la princesse pendant quelques années. Le duc ne venait que très rarement au château et n'écoutait guère les commérages.

- Mes félicitations, reprit alors le blond. Vous êtes officiellement fiancé à la princesse Astrid.

Le duc sourit froidement en plongeant ses yeux sombres dans ceux d'Antoine :

- Il s'en est fallu de peu, le roi avait quelque autre projet pour elle mais il s'est avéré que je lui étais beaucoup plus utile et efficace qu'un autre. Ah ça ! s'exclama-t-il. Je ne le décevrai pas.

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