Chapitre 2

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  Astrid avait enfourché son cheval dès l'aube. L'air s'engouffrait facilement dans ses vêtements et la jeune femme frissonnait. Mais elle ne pouvait rester une minute de plus entre les murs oppressants du château.
Le vent lui brûlait les yeux, en raison de ses nombreuses larmes versées la nuit dernière. Le soleil d'hiver venait quelque peu réchauffer sa peau mais ses membres demeuraient engourdis par le froid.

La jeune blonde traversait les bois à une vitesse folle; les sabots de son cheval foulaient le sol neigeux de la forêt sans la moindre délicatesse et elle baissait parfois la tête pour éviter une branche d'arbre un peu basse. Ses cheveux blonds s'emmêlaient au fur et à mesure qu'elle s'enfonçait dans la forêt, cependant, contre toute attente, elle se fichait bien de cela.
Elle, pourtant coquette, soigneuse et propre, espérait même qu'ils s'accrochent à une branche et qu'ils s'arrachent violemment de sa tête. Astrid était désemparée. Elle avait le sentiment, qu'en une nuit, elle avait tout perdu.
Mais pour rien au monde, elle ne souhaitait verser une larme de plus pour cet homme qu'elle ne pouvait s'empêcher d'aimer.

Lorsqu'elle atteignit une clairière, elle se posa et attacha son cheval. Dans un monde idéal, Antoine l'aurait retrouvée ici et se serait excusé mille et une fois puis l'aurait embrassée. Mais ce n'était que la sombre réalité du monde dans lequel elle vivait. Ainsi, elle était assise sur un tronc d'arbre, seule.
Elle n'avait pas peur.

Elle se saisit d'un caillou et le lança à travers les bois. Puis, tout ce qui lui tombait sous la main subissait le même sort. Elle ne se contrôlait plus; elle avait une sorte de rage en elle qui avait pris le dessus.

Après quelques heures, quand le soleil fut plus haut, elle se calma. Elle était enfin apaisée de tout cela. L'air frais pénétrait ses poumons alors qu'elle inspirait fortement. Elle remonta sur son cheval et fit volte-face. Le petit trot gracieux de l'animal les fit bientôt arriver au palais.

La princesse se fit discrète et rentra dans ses appartements tandis que le château s'éveillait. Sa femme de chambre, dont les cheveux tournaient déjà au gris, la surprit cependant :

- Votre Altesse, où étiez-vous donc passée ?

- Iselin, souffla la jeune fille, je vous en prie, parlez moins fort ! Je... Je suis sortie de l'enceinte du palais, voilà tout.

- Comment cela ? Bon Dieu, si Sa Majesté venait à apprendre cela, qu'adviendrait-il de moi ?! se plaint la servante. Votre Altesse, vous devriez respecter les règles imposées par votre père...

- Je le sais bien, j'avais simplement besoin de... de respirer.

- Allons, vous êtes bien chanceuse, s'enquit Iselin. Le château est occupé, ce matin ! Le bal se prépare pour ce soir.

Le bal... Astrid l'avait oublié. Hier, cette idée l'enchantait et elle aurait donné tout ce qu'elle possédait pour une valse. Désormais, elle n'était même plus sûre de s'y rendre.

- Que signifie donc cette petite mine ? murmura la servante, prenant le visage d'Astrid entre ses mains.

- Je n'ai plus envie d'y aller, soupira cette dernière en s'asseyant sur son lit.

- Pourquoi ce désintéressement pour les fêtes si soudain ? essaya de comprendre Iselin.

- Ma sœur n'ira pas, je ne vois pas pourquoi je devrais y aller.

- Vous parlez d'Héléna ?

- Oui. Mon autre sœur, Erle, n'attend que cela, elle ne le raterait pour rien au monde ! marmonna-t-elle.

- Tout comme vous ! reprit la servante. Je ne comprends pas pourquoi vous ne désirez plus vous y rendre.

- Je... Je n'aurai personne avec qui danser !

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