Chapitre 4

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La benjamine de la famille royale prenait ses aises au milieu de la foule admirative et rayonnait d'un sourire éclatant. La jeune fille blonde dansait continuellement, passant d'un bras à l'autre sans réellement savoir à qu'il appartenait; les beaux garçons défilaient devant ses yeux tandis qu'elle semblait oublier tous les soucis futiles qu'une fille de son rang pouvait avoir.
Erle vivait ses plus beaux jours à la cour royale car, quoi que l'on puisse dire à propos des femmes perfides et vicieuses, et des hommes hautains à l'âme pervertie, elle ne baignait pas encore dans ce monde empli d'hypocrisie et de haine, et savait apprécier les plaisirs qui lui étaient présentés.

L'un de ses frères, Nial, l'observait d'un regard triste. Bientôt, elle sera confrontée à ses responsabilités et sera emmenée loin de lui. Il ne supportait pas cette idée, il avait si peur qu'elle ne soit pas traitée correctement là où elle irait... Elle était si pure, si innocente. Ce n'était certainement pas l'avenir qu'elle méritait mais il se voyait impuissant face à cette situation et s'en voulait terriblement de ne pouvoir agir.

Erle cessa, un instant, de danser, allant s'asseoir sur le siège qui lui avait été assigné. Elle sentait ses pieds meurtris lui faire mal mais elle tenta d'effacer cette douleur de sa tête et inspira fortement, se passant une main sur ses cheveux pour s'assurer que sa coiffure tenait toujours.
Elle vit son frère s'approcher d'elle, d'un pas confiant. Elle lui offrit un beau sourire, le scrutant prendre place à ses côtés :

- Nial, comment se déroule votre soirée ? Il ne me semble pas vous avoir beaucoup vu danser.

- Et pourtant, j'ai effectué plus d'une valse, Erle, sourit-il, se retenant de déclarer qu'il avait en réalité surtout pensé à elle. Mais peut-être, n'ai-je pas encore trouvé la bonne partenaire ?

- Oh, si ce n'est que cela ! s'enquit-elle, ravie, en lui prenant la main.

Elle se leva, l'entraînant au centre de la salle de bal. Ils entamèrent une chorégraphie disciplinée où leurs pas de danse étaient totalement synchronisés et où leurs regards ne cessaient de se croiser. Les deux descendants de la couronne était sans nul doute la preuve que frères et sœurs ne sont pas faits pour se haïr, mais pour s'aimer et se chérir d'un amour sincère. Au contraire d'Héléna, qui ne semblait pas considérer cette relation d'une telle manière, au grand désespoir de sa famille.

Erle riait sous les murmures que lui soufflait son frère au sujet de quelque personne importante au sein du château. Son cœur se soulevait en raison de l'adrénaline qui résidait en elle depuis quelques jours, tandis que sa robe, malmenée par ses pas vifs et habiles, tournoyait gracieusement, alimentant harmonieusement l'image formée par leur couple. Ses souliers claquaient contre le carrelage froid de la grande pièce, rythmant davantage leur danse.

Mais alors que leur joie à tous deux ainsi que leur danse atteignait son apogée, la jolie princesse s'arrêta brutalement dans son mouvement, laissant Nial perplexe. Son visage pâlit alors, tandis qu'elle pressait inconsciemment une main contre son ventre et l'autre sur sa joue blanche.
Au centre de tous, peu de personnes avaient manqué cette scène du regard et elle était maintenant dévisagée par des centaines de paires d'yeux figés. Mais elle refusait de déclencher un scandale, pas quand sa sœur avait daigné se rendre au bal et que la soirée se passait on ne peut mieux. De plus, la musique n'avait pas cessé. Ainsi, elle reposa ses mains sur son partenaire et reprit silencieusement leur valse, encore tremblante.

Les regards se détachèrent peu à peu d'elle, néanmoins elle sentit ses joues s'empourprer. Elle avait honte, elle se sentait si honteuse qu'elle aurait aimé quitter la salle mais elle n'était pas lâche. Elle venait de comprendre ce qui venait de lui arriver, du moins elle le devinait...

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