Chapitre 11

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- Bien, marmonna Stine en direction d'Héléna. Je crois que nous allons devoir nous côtoyer encore longtemps.

Cette dernière était affalée dans un fauteuil, le regard perdu. Dans tous ses appartements, des servantes s'activaient, triaient, rangeaient, pliaient les affaires de la princesse. Les malles se multipliaient.

Stine se tenait dans l'encadrement de la porte, un petit sac souple dans une main et l'autre posée sur le cadre de la porte. Sa tête se penchait pour examiner l'expression faciale de la princesse. Elle plissa les yeux avant de soupirer.

Elle fit quelques pas pour se placer en face d'elle.

- T'ai-je autorisé à entrer ? grinça la princesse sans lui adresser un regard.

- Je n'ai pas besoin de votre autorisation, Votre Altesse. À quelle heure partons-nous ?

- À quatorze heures.

- Mais..., balbutia la dame de compagnie. Il est moins le quart.

- Oui, ricana la princesse en se levant pour lui faire face. Si tu as des adieux à faire, il vaut mieux les faire maintenant.

- J'en ai sûrement plus à faire que vous, soupira la jeune femme.

- Probablement. Cependant, ne te contiens pas dans tes "au revoir" car tu risques de ne pas voir tes proches pendant très longtemps. Embrasse-les bien fort, susurra la brune rageusement.

- Vous êtes tellement odieuse, répliqua Stine. Je plains votre futur époux...

- Tu n'as pas à le faire, il se plaindra très bien tout seul, merci ! rétorqua-t-elle. Je lui donnerai de multiples raisons de se plaindre pour lui faciliter la tâche, rassure-toi.

- Comment pouvez-vous être ainsi alors que vous avez une mère aussi douce et bienveillante ? cracha Stine avec pitié. Pourtant, je suis certaine que vous auriez pu faire une parfaite reine mais vous vous plaisez à repousser vos prochains.

- Tu ne sais rien de moi, pauvre femme, riposta Héléna.

- J'en sais assez pour témoigner de votre terrible aigreur, murmura l'autre.

- Que tu dis...

- Car vous croyez que je suis la seule personne à penser cela de vous ?

- Il y a une chose que tu t'obstines à ne pas comprendre, lança la princesse sèchement. Je me fiche bien de ce que les autres peuvent penser de moi. Ainsi, je ne vis pas pour les autres mais pour moi, qu'importe ce qu'en diront les autres. Je ne veux pas me priver de ce que j'aime, de ce que je veux faire sous prétexte qu'un tel ne juge pas cela sain ou aimable ! Car le problème avec le regard des autres, c'est qu'il remet tout, jusque dans le moindre geste, le moindre mot, en question. Et cela vient impacter entièrement ton quotidien jusqu'à te ronger de l'intérieur.

Elle la dominait désormais de toute sa hauteur et l'observait de ses yeux perçants. Elle plaça un doigt sur la poitrine de sa dame de compagnie et articula, de ses lèvres pincées :

- Alors voilà ce que je réponds aux gens comme toi qui viennent me dire que ce que je fais est déplacé et impoli : c'est votre système, votre méthode qui désire dicter mes choix et ma vie qui est néfaste et dangereuse, pas l'inverse !

Stine demeura bouche bée. Ce que disait la princesse n'était pas du tout absurde et prenait tout son sens rapidement dans l'esprit de la demoiselle.

- Bien, vous n'avez pas tort. Cependant, cela ne vous donne aucunement le droit de me parler de la sorte.

- Peut-être pas, mais le fait que je sois hiérarchiquement supérieure à toi me le permet, trancha la jeune femme.

Éberluée, Stine se demanda comment elle pourrait tenir plusieurs jours dans le carrosse en sa compagnie et comment elle ferait pour la côtoyer encore des années.

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