Chapitre 18

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  Astrid observait la forêt qui s'offrait à elle devant les jardins du manoir des Hordaland. Celui-ci se trouvait à Bergen, près de la mer du Nord. La tentation de s'enfuir par les côtes en empruntant un navire était grande. Mais la jeune duchesse avait bien trop peur des représailles.

Les journées s'allongeaient, les arbres fleurissaient et l'ennui de la blonde s'étendait. Elle, autrefois gaie, bavarde et insouciante, devenait froide et silencieuse. Son malheur était grand, aussi considérable pût être son titre. Elle se refermait petit à petit sur elle-même, se laissant dépérir à l'insu de tous, notamment à celui de son mari. Ce dernier ne prêtait, d'ailleurs, guère attention à ce genre de détail : sa femme lui souriait et cela lui convenait.

Astrid avait mis un terme aux lettres qu'elle envoyait, ne recevant pas de retour. Apparemment, ses frères et sœurs ne se souciaient que très peu d'elle. Elle repensa à sa petite sœur qui l'avait conduite à la paroisse où elle s'était mariée. Peut-être regrettait-elle ce qu'elle avait fait, cela pouvait expliquer son silence. Cependant, Astrid ne s'était jamais sentie en colère contre Erle qui n'avait, en aucun cas, joué un rôle dans son mariage. Il était arrivé comme il devait arriver ; c'était ainsi que s'expliquait cette alliance d'après Astrid. Elle n'avait simplement pas eu le temps de la réaliser.

Debout sur la terrasse, la duchesse profitait des derniers rayons de soleil de la journée. Elle resserra lentement son châle autour de ses épaules et se laissa éblouir par la dernière lueur orangée.

En y réfléchissant bien, le duc n'était pas aussi oppressant qu'il le lui avait laissé paraître. Il exigeait néanmoins d'elle de bonnes qualités d'épouse mais elle demeurait seule tout au long de la journée. Ils ne se voyaient qu'aux repas et aux couchers. Cela convenait très bien à Astrid qui le fuyait.

Une présence se fit sentir à ses côtés. La blonde tourna la tête sur sa gauche et sourit rencontrant le regard de son amie.
Celle-ci n'était que la voisine du duché de Hordaland, propriétaire du comté de Rogaland. Elle s'était empressée de faire la connaissance de la nouvelle duchesse et les deux jeunes femmes étaient rapidement devenues amies. La comtesse se déplaçait de temps en temps pour être en compagnie d'Astrid. Cette dernière ne se rendait jamais sur les terres de la comtesse de Rogaland, n'étant pas encore très familière aux lieux et encore un peu brusquée par cette succession d'événements éprouvants.
Cela faisait bientôt un mois qu'elle était mariée au duc mais elle exigeait du temps avant d'être complètement accoutumée à sa nouvelle vie.

- Astrid, que faites-vous à cette heure tardive dehors ?

- Je respire l'air frais, murmura simplement la blonde.

La comtesse s'approcha d'elle et plaça ses mains sur la rampe de la balustrade en pierre, située au bord de la terrasse. Elle sentit le vent s'engouffrer dans le creux de ses formes. Elle sourit puis jeta un regard à sa voisine :

- À quoi pensiez-vous pour paraître aussi mélancolique ?

Astrid creusa au fond de sa mémoire pour trouver une réponse convenable. La comtesse avait beau être son amie, Astrid n'exprimait même pas ses émotions et ses pensées à ses sœurs.
Ainsi, elle se contenta de planter son regard sur le ventre rond de la comtesse. En effet, celle-ci était enceinte depuis huit mois et le signifiait à qui voulait l'entendre ; elle en était très fière.

- Vous espérez bientôt attendre un enfant ? déduit-elle.

- Vilja, murmura Astrid, je ne comprends pas pourquoi mon ventre demeure aussi plat.

- Soyez patiente, sourit l'intéressée avec douceur. Cela ne fait pas un mois que vous êtes mariée.

- Je devrais néanmoins commencer à ressentir des nausées, n'est-ce pas ? s'enquit Astrid, feignant l'inquiétude.

La Promesse Éternelle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant