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Sheila

Je tire enfin sur le zip de la fermeture de ma valisette, prête pour un nouveau voyage-photo. l'Allemagne c'est pas gagné ! S'il faudrait s'en tenir à la langue en elle même ça fait froid dans le dos.

Je venais de passer deux mois intensifs de cours de langue. C'était loin d'être de tout repos. Au moins on s'amusait bien avec les divers accents qu'il y avait.

J'attaquai mon sac à dos pour ranger mes affaires constituant mon kit de survie. C'est à dire trousse de toilette, appareil photo, ordinateur, batterie externe, album photo de mes meilleurs clichés et mon lapin en peluche dont je ne me sépare jamais. Sans oublier certains de mes papiers. Je tire sur un de mes tiroirs à la recherche de mon calepin dans lequel j'ai noté mes itinéraires des endroits à visiter et les connaissances générales sur le pays. Je tâte et à travers le tissus de mon pyjama je sens une forme rectangulaire alors je la saisi.

Je plissai les yeux lorsque je me rendis compte qu'il ne s'agissait pas de mon calepin mais de ce carnet en cuir rouge incrusté d'une lettre dorée. Je me mis à trembler inconsciemment au souvenir de son contenu que j'avais découvert. D'un coup je le laissai tomber. Un cliché s'en échappa une fois au sol. Je m'abaissai et le saisi en hésitant. Le cliché représentait un petit garçon de trois ans à tout cassé, avec des dents en moins, qui tendaient ses bras hauts vers une femme qui devait être sa mère. Je retournais le cliché et lu

**Washington DC Mai 1990. Leis & Tahara Sanchez**

Quoi c'est Leis cet enfant ? Je retournai la photo encore et la rapprochai près de mon visage. Il était vraiment mignon petit. Mais si ce cliché est ici ça veut tout bonnement dire que ce carnet...
Mon Dieu ! Je mis ma main sur ma bouche pour étouffer un cri qui menaçait d'alerter les autres. Je n'en croyais pas mes yeux. Alors tout ceci appartient bel et bien à la vie de Leis. Il serait donc cet homme, ce criminel comme l'a si bien décrit maman. Toutes ces terribles choses que j'ai lu quand j'y pense..

Un doute néanmoins persiste, pourquoi H ? Peut-être qu'il s'agit simplement d'une confusion ? De plus quand je regarde ce cliché de lui gamin je n'arrive pas à m'imaginer qu'il ait fait tout cela, à m'imaginer, lui tenant un fusil collé sur la tempe de quelqu'un ou alors un couteau sur une gorge. Ça me donne des nausées et péniblement je les ravale et me relève en remettant tout à sa place. Que faire à présent de ce carnet? Il renferme tellement de secrets sur les mafias que l'idée de le trimballer partout avec moi me terrifie. Mais si je le laissai là et qu'il venait à être découvert ça mettrait la vie des autres en danger. Sheila !!! Mais comment je fais pour toujours me mettre dans de pareilles situations ? Au pire j'y suis déjà donc je peux plus rien.

Je le fourrai dans mon sac à dos et finis par retrouver mon cher calepin. Une fois prête je vérifiais mes papiers et ma tenue. Il fait un froid monstre en Octobre en Allemagne donc j'ai pris sur moi une doudoune bien épaisse et un pull à col roulé, un skinny gris clair et une paire de botte en cuir. Une fois parée je serrai sur ma tête une casquette rouge bordeaux et fis passer mes cheveux par l'ouverture à l'arrière en queue de cheval.

Les au-revoir furent bref puisqu'ils ont l'habitude de me voir courir le monde. Je me rendis donc vite fait à l'aéroport et m'enregistrai.

Une fois dans l'avion je ressassai tous les évènements des deux précédents mois. J'ai d'abord passé une semaine dépressive à cause de Leis puis mon retour en Californie m'a permis de me ressourcer auprès de son père, étrangement. Il m'a fait comprendre que la seule personne qui ne m'abandonnera jamais et sera toujours là pour moi c'est moi même et donc il ne faut rien attendre des autres. C'est une très belle philosophie de la vie, mais je crains que ça ne me rende insociable, enfin plus que je ne le suis déjà.  Car il faut le reconnaître, en dehors de ma famille je ne fréquente quasiment personne, malgré la foule de contacts que j'ai .

Le carnet du mafieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant