Le carnet du mafieux

31.

Leis
3 semaines plus tôt

On s'installa au fond d'un café pas loin de la casa. De là on pouvait clairement voir le centre urbain s'éveiller. Les lueurs naissantes du matin illuminaient magnifiquement les couleurs des maisons et des bâtisses.
Du bleu, du rouge, du jaune, du orangé . Et au milieu de ce décor, ma maison en blanc et noir. Ça me représente un peu je crois. Au milieu d'un monde conformiste, je me démarque. Je suis un putain de dealer de drogue , mais j'ai jamais touché à cette merde. Tout le monde nous prend au contraire pour des junkies , mais moi j'en suis pas un. Beaucoup me détesteraient certainement pour ce que je fais. Je vends la mort , c'est vrai mais et alors ? Ceux qui en consomment, savent pertinemment à quoi s'attendre.  Je vois même pas pourquoi on nous tire dessus. Des centaines voire des milliers d'entreprises en vendent roulées dans du papier, et là ça devient légal ? De la merde je vous le dis

- Qu'est-ce que tu prends mec ? Me demande Jamès, me ramenant par là sur terre
- Vas y, prend pour nous deux lui dis-je

En levant les yeux vers le comptoir je vis la serveuse, nous mater de loin , en fin plutôt le décoloré là.

- Tiens la petite serveuse en jupe rose là-bas te dévisage  depuis un moment
- Peu pour moi
- Qu'est-ce que tu me racontes là ? Je croyais que les brunes c'était ton type
- Ouais mais je ne suis plus en quête
- Ça veut dire quoi ça ? Je te laisse un mois et à mon retour tu es marié ?
- Tu racontes n'importe quoi, non j'ai juste ... Bref laisse tomber. Pourquoi est-ce que tu m'as appelé tout à l'heure  ?
- Tu perds rien pour attendre toi

La serveuse se rapprocha de notre table, nous faisions partie des rares clients présents à cette heure. La plupart était déjà partie travailler , en ce qui concerne les travailleurs bien-sûr et les collégiens et autres étaient certainement à leurs études ou alors quelque part ailleurs à vadrouiller.

Après que la serveuse s'en soit allé, je lui dis :

- Je voudrais que tu me mettes Diogo sous surveillance. Cet homme est vil et retors. Je ne crois pas qu'il se contentera de sa nouvelle vie de narco
- Je comprends même pas pourquoi tu l'as aidé ! Tu aurais mieux fait de l'envoyer bouler, ou mieux encore tu lui mets une balle entre les deux yeux et c'est réglé.
- Non réfléchis bien Jamès ! Pourquoi est-ce que j'aurais fait ça selon toi ? Je ne suis pas l'idéal du bon samaritain , tu le sais

Il m'observa un moment puis un fin sourire se dessina sur son visage. Sûrement venait il de comprendre que Diogo tout comme lui et d'autres faisait partie d'un plan que j'ai l'intention de bientôt mettre en place

- C'est très malin , tu portes bien le nom Halcón
- Ouais c'est clair ! Tant qu'on y est Jamès, dis-je en le calant au fond de mon siège , et si tu me racontais une histoire ? De préférence une dans laquelle les noms José, Raùl,  Jamès et Da Silva apparaissent.

Il se rembrunit un tantinet puis me fit le récit de ce qu'il c'était passé peu avant mon attestation. Da Silva avait remarqué que quelqu'un essayait de le doubler. À cette époque nous étions trois à écouler sa coke dans tout le pays. Raùl, Jamès et moi. La plupart s'approvisionnait chez nous et le reste chez Diogo. Très vite Da Silva a porté ses soupçons sur Raùl et moi car nous étions les plus actifs et nous rapportions beaucoup.
La famille Suarez, celle qui produit et nous fournit la coke, depuis le Venezuela , avait été contactée deux semaines avant le simulacre de la mort de Da Silva. Quelqu'un leur proposait plus d'argent pour la même quantité que celle qu'elle livrait à Da Silva. Comme par hasard Raùl et moi partions dans la semaine qui suivait au Venezuela et Da Silva se faisait attaquer par des dealers plus ou moins importants.
La rumeur courait qu'il n'avait plus d'influence sur le trafic , ainsi tous se ruaient pour le détrôner. Je me souviens bien de cette période, comme si elle s'était déroulée la veille. Raùl m'avait fait croire qu'il s'était acheté une villa et qu'il voulait me la montrer. C est donc pour cela que D'à Silva nous a directement suspectés. Je n'étais qu'un putain de pion dans toute cette comédie. Pendant son speech on avait eu le temps de terminer le petit déjeuner.