Partie 1 Chapitre 1

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Très tôt, un matin brumeux, dans le comté de New Hanover, deux policiers sonnent à la porte de la propriété imposante des Parker.

Je suis réveillé par le carillon de la porte d'entrée. J'entends les pas lourds de Mme White appuyer sur le parquet. Comme à l'habitude, notre gouvernante, une petite dame dans la soixantaine, au teint basané et aux cheveux noirs coiffés en chignon se déplace avec nonchalance pour aller répondre à la porte. À la vue des agents de police, elle reste médusée. L'effet de surprise se lit sur son visage. Elle reprend sa contenance et lisse son uniforme de personnel de service.

— Bon matin messieurs. Monsieur et madame Parker ne sont pas à la maison. Est-ce que je peux vous être utile ?

Le plus grand et mince des deux agents s'avance sous la clarté de la lampe près de la porte. Son visage ne dégage aucune émotion. Le deuxième agent se tient en retrait et fixe son regard vers la chaussée. De toute évidence, l'ambiance tendue présage la venue de mauvaises nouvelles.

J'entends des voix qui proviennent du rez-de-chaussée. Je m'assois dans mon lit afin d'entendre plus clairement ce qui est dit.

— Nous sommes désolés, Madame, mais nous devons nous adresser à Mademoiselle Jenny-Rose Parker personnellement. Nous avons une triste nouvelle à lui annoncer, dit-il d'un ton abrupt.

Je reconnais la voix de notre gouvernante, mais pas celle de l'homme qui demande à me voir. Je me lève de mon lit et je descends l'escalier d'un pas hésitant. Les marches que je déboule d'habitude me semblent plus nombreuses. Mon corps est lourd, j'ai la sensation de peser une tonne. Je ne suis pas tout à fait réveillée, mais lorsque j'ai entendu l'agent dire qu'il a une triste nouvelle à m'annoncer, mon cerveau se mit à fonctionner au ralenti.

Vêtue d'un pyjama court couvert de motifs d'oursons, je me présente devant les agents de l'ordre. À seulement 14 ans, j'ai des courbes et un corps élancé, qui me donne déjà l'apparence d'une jeune femme. Je suis encore en pleine croissance et mon visage d'ange prône sur ce corps élégant d'une adolescente. Mes cheveux châtains sont attachés en deux tresses, rappelant que je suis encore qu'une enfant.

À la vue des policiers, je sais à l'instant que quelque chose de terrible vient d'arriver à mes parents. La brume qui s'élève du jardin accentue l'ambiance lugubre. Incapable d'avancer d'un pas, pétrifié par le regard dévasté des agents, je ferme les yeux pour écouter la suite. Le plus petit des deux enlève sa casquette, la tient dans ses mains d'un geste embarrassé et s'exécute.

— Je suis l'agent Croze. Il se tait un instant, ravale sa salive et continue sans prendre son souffle. Je suis sincèrement désolé, mademoiselle Parker, mais j'ai le regret de vous informer que vos parents ont été victimes d'un grave accident de voiture cette nuit. Ils sont malheureusement décédés sur le coup. Ils n'ont pas souffert. Je connaissais bien votre père pour avoir eu affaire à lui pour ses talents de comptable. Je l'appréciais beaucoup. Il sera d'une grande perte pour la ville de Wilmington. Je vous offre mes sincères condoléances.

D'un geste très vif, il me salue en remettant sa casquette et retourne à sa voiture suivie de son coéquipier. La voiture de police recule tranquillement dans l'allée. Je la regarde passer le portail sans bouger, pétrifié par ce que je viens d'entendre.

Ce fut bref, mais cette annonce m'annonce le début d'une vie remplie de peine. Je viens de tout perdre. Je reste figé un instant accablé par mon chagrin. Je sens soudain mes jambes se dérober sous mon poids et je m'écrase au sol. Les larmes se mettent à pleuvoir sur mon visage. Mme White qui a tout entendu se précipite vers moi pour me réconforter. Elle s'accroupit par terre et m'enveloppe de ses bras délicats pour me bercer comme un bébé qu'on essaie d'endormir.

Cette marque d'attention ne fait qu'accentuer mon désarroi. Personne au monde ne pourra plus me sécuriser comme le faisait mon père et aucune main tendre ne pourra plus me réconforter comme celles de ma mère. Mon univers tout entier s'écroule. Que vais-je devenir ? Je suis maintenant une orpheline.

Pas encore une adulte, je ne peux rester seule dans cette grande maison. Les services sociaux de mon état me prendront en charge pour un certain temps. Mais cette mesure ne sera que pour un cours laps de temps puisqu'éventuellement, je serai placée chez la seule personne que je déteste le plus au monde. Le seul membre de ma famille qui me reste. Ma grand-mère paternelle, la détestable Abigaïl Parker.  

Le secret de la roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant