4 mois
Mon ventre grossit de jour en jour et mes nausées matinales ont diminué. Malgré les changements évidents de mon corps, je ne le réalise pas encore, jusqu'au jour où je sens quelque chose bougé en moi. Au début, ce n'est qu'un léger effleurement, puis me concentrant sur la sensation, je perçois enfin quelque chose. C'est une révélation. Je porte en moi un petit être humain issu de mon amour pour Steven. Un petit garçon qui aurait les beaux yeux bleus de son père ou une petite fille qui aurait son caractère doux et tendre. À cet instant, je sais que je dois tout essayer pour que l'amour de ma vie, le père de mon enfant, sorte de son coma.
Ma session d'Université enfin terminée, je consacre tout mon temps au chevet de Steven. Tous les jours, je lui lis les nouvelles de sports ou des articles sur les nouveautés dans le domaine des voitures. Parfois, je lui fais la lecture de ses manuels d'étude ou lui décris les magnifiques jardins que nous voulons visiter. Je lui lis également des livres sur la maternité, ainsi je fais aussi mon éducation. Tout semble facile dans ses livres, mais je sais que ce sera une épreuve si je dois vivre cette expérience toute seule.
Aucun changement apparent ne se produit, Steven reste catatonique. Après un certain temps, je commence à me décourager. Mon ventre prend des proportions exagérées. Je m'imagine seule à élever cet enfant et ça me terrifie. J'ai besoin de Steven, pour moi, mais aussi pour notre enfant qui va bientôt naître. Il va avoir besoin d'un père qui le protégera et qui l'aimera autant qu'il aime sa mère.
Un soir, où la journée a été particulièrement épuisante par l'agitation du bébé dans mon ventre, je n'ai plus la force de lutter. Je me mets à sangloter, la tête couchée sur le torse de Steven. Les émotions prennent le dessus et je me mets à débiter tout ce que j'ai sur le cœur en souhaitant qu'il m'entende dans son sommeil. Où il est, il faut absolument qu'il m'entende.
– Steven, mon amour. Je t'en supplie, entends-moi. Je ne peux plus continuer ainsi. J'ai besoin de toi, ton bébé a besoin de toi. Réveille-toi mon amour, dis-je désespérément en essayant de contenir mes sanglots qui sont un cri du cœur.
– Je ne sais même pas si c'est un garçon ou une fille. Je n'ai pas eu le courage de l'apprendre sans toi. Je veux qu'on soit ensemble pour lui trouver un nom. Cet enfant a besoin de toi, il va avoir besoin de son père et moi aussi.
Je suis inconsolable, je pleure comme un torrent. Je prends sa main entre les miennes et je l'appuie sur ma joue mouillée de larmes. Celles-ci coulent sur ses doigts et tombent sur les draps blancs immaculés de l'hôpital. Je me lève et l'embrasse. Sur l'impulsion du moment, j'embarque dans le lit avec lui et m'étends à ses côtés. Mon ventre énorme prend toute la place. Entre quelques sanglots, je continue mes supplications.
– Pour ce qui est arrivé à mes parents, j'y ai beaucoup réfléchi, c'était un accident. Tu ne l'as pas prémédité, ce n'est pas ta faute. Je te pardonne. Je t'en supplie, pardonne-moi aussi. Tu m'entends, je te pardonne, dis-je sur un ton déchirant lorsque je me remets à pleurer de plus belle.
Je reste un long moment à pleurer en chuchotant à travers mes larmes. Je lui répète sans cesse que je lui pardonne espérant que ça fera une différence. Puis sans prévenir, je sens une légère caresse effleurer le dessus de sa main. C'est à peine perceptible, mais ce léger mouvement s'intensifie tranquillement. Sous l'effet de la surprise, je lève ma tête vers le visage de Steven et je perçois un léger mouvement sous ses paupières. Stupéfaite, je m'arrête de pleurer et commence à lui parler tout doucement pour l'inciter à ouvrir les yeux. Il m'a entendu, j'en suis certaine. C'est un miracle, c'est mon miracle.
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Le secret de la rose
RomanceAprès la mort accidentelle de ses parents, Jenny se retrouve piégée à vivre chez sa grand-mère. Celle-ci, lui fait vivre l'enfer. Plus les années passent et plus l'espoir d'un meilleur avenir s'effrite, jusqu'à la veille de ses dix-huit ans. Prenan...