Partie 2 Chapitre 9

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Lorsque j'étais en route vers la banque quelques minutes plus tôt, j'ai remarqué parmi les commerces de la ville qu'un salon de beauté n'est pas très loin. Maintenant que j'ai les poches remplies d'argent, je m'aventure dans les rues de Wilmington à la recherche du salon de beauté. Tirant ma valise, qui penne à rouler en ligne derrière moi, je prends la première rue à droite de la banque sur North 2nd Street pour me rendre sur Princess Street où se trouve le salon de beauté. Je me souviens d'avoir arpenté ses rues avec ma mère avant qu'elle décède. C'est un plaisir pour moi de parcourir la distance à pied en me rappelant ses souvenirs.

Rendue à la porte du Groove Jet Salon, j'y entre sans m'en rendre compte. Une clochette au-dessus de la porte informe qu'un visiteur vient d'entrer dans la boutique. Des chaises de coiffures et de grands miroirs s'alignent de chaque côté de la salle. Le salon est vide de clients. Des stylistes et des assistantes sont présentent et s'activent à nettoyer les accessoires et à bavarder entre elles. Une jeune femme aux cheveux teints en rose et au maquillage éclatant vient à ma rencontre. Son enthousiasme exagéré explose par ses gestes et ses paroles.

– Bonjour, ma jeune dame, comment pouvons-nous vous aider aujourd'hui ?

Je ne sais pas quoi dire. J'ai une soudaine envie de rire à la vue de cette femme trop colorée à mon goût. Elle est magnifique malgré son exubérance. Je me surprends moi-même à répondre du tact au tact avec confiance.

– Je veux un nouveau look.

Je vois, me répond la styliste en affichant un sourire qui déforme son visage. Parfait on va s'occuper de vous. Prenez place dans cette chaise. Je m'appelle Missy et je vais répondre à tous vos désirs. On va vous refaire une beauté ma jeune demoiselle, me dit-elle sur un ton hautain. Je suppose que c'est sa réponse devant le travail qu'il y a à faire.

Je prends place avec un peu d'hésitation sur une chaise inclinée à un lavabo et me laisse aux petits soins de Missy et de ses assistantes. Une fois installée dans une posture inconfortable, une des assistantes parle d'une voix criarde aux autres en me lavant les cheveux. Elle utilise un shampoing doux à l'odeur de fruits suivi d'un démêlant. Le bruit de l'eau qui coule sur ma tête m'empêche d'entendre ses plaintes. Le massage qu'elle fait avec ses doigts pour faire pénétrer les produits me permettre de me détendre. Ça me fait un bien fou. Malgré sa voix qui est détestable, elle a des doigts magiques.

Une fois la tête enveloppée dans une serviette, on me guide vers une autre chaise. L'exubérante Missy appuie à plusieurs reprises avec son pied sur une pédale pour me faire monter à sa hauteur. Elle m'enlève la serviette d'un geste précis et commence à me démêler ma longue tignasse avec une grosse brosse noire. Elle reste silencieuse et prend son temps pour peigner mes cheveux rebelles. Une fois que le tout est bien lisse, je remarque qu'elle sort ses ciseaux de son tablier et entame sa tâche. Avec dextérité, elle me fait une coupe dégradée qui laisse mes cheveux longs en valeur. Ils tombent à la perfection autour de mon visage.

Une coloriste vient prendre le relais et me fait ensuite des mèches d'un blond naturel qui accentue ma couleur châtaine. Pendant que celle-ci prend minutieusement chaque mèche de mes cheveux pour appliquer soigneusement ma couleur, Missy vient vérifier toutes les deux minutes que le travail est bien fait. Ce manège m'inquiète puisque je n'y connais rien au processus et que Missy me fait un sourire forcé chaque fois que notre regard se croise dans le miroir. Elle discute ensemble à voix basse pour que je ne puisse entendre ce qu'elles se disent. Mon inquiétude s'intensifie. Mais lorsqu'elle commence à enlever les papiers sur mes mèches, je réalise que le résultat est vraiment superbe. Le blond se fond à la perfection avec ma couleur naturelle et rehausse mon éclat.

Pour finir, Missy revient vers moi et me coiffe soigneusement les cheveux en laissant des frisottis par endroit. Pendant qu'on s'occupe de ma mise en plis, une autre assistante aussi colorée que la première me manucure les ongles et me les couvre d'un vernis rose pâle. Pendant qu'on me couvre d'une épaisse couche de laque, Missy et l'assistante se mettent à parler comme des pipelettes de leur soirée de la veille. Même si je ne suis pas incluse dans la conversation, j'apprends tout en détail de leur folle escapade. J'envie un peu leur dynamisme et me mets à fantasmer que je suis incluse dans leur histoire. Je trouverais génial d'avoir des amies et de m'amuser comme elles l'ont fait. Je jalouse leur insouciance.

Le secret de la roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant