— Qui est cette femme ? Pourquoi appelle-t-elle ici ? Réponds-moi ! cria Christine Sullivan sur un ton de désespoir.
— Cesse de crier. C'est sans importance, hurla son mari Bill. Arrête de m'importuner, je vais être en retard au boulot. Prenant son porte-documents, il contourna sa conjointe et claqua la porte en sortant de la maison.
À travers ces cris de dispute, d'insultes et de pleurs, Steven Sullivan tente malgré tout de se préparer pour une virée avec ses potes. À la fin de l'été, âgé de 16 ans, il entamera sa onzième année à Raleigh Charter High School, dans la ville de Raleigh en Caroline du Nord. Élève studieux et discipliné, il consacre son temps libre à traîner avec son meilleur ami Tristan et à courtiser les belles et jeunes demoiselles qu'il côtoie. Son sourire charmeur et ses yeux d'un bleu métallique en font craquer plus d'une.
Avec son physique d'athlète et son bon dossier scolaire, il pourrait obtenir une bourse et choisir de continuer ses études dans une université prestigieuse. Mais depuis un certain temps, il a d'autres projets et il ne veut pas aboutir comme son paternel à détester son emploi d'avocat. Il veut prendre une autre voix. Son rêve est de posséder son propre garage et de devenir mécanicien, car il a une passion pour les voitures anciennes. C'est un sujet de dispute, qui dure depuis quelques années, entre lui et son père. Celui-ci dénigre ce travail en lui répétant sans cesse qu'il n'a pas d'avenir à se ramasser couvert d'huile et sous-payé. Selon son père, tout métier qui n'est pas médecin, avocat ou autre à salaire élevé n'est pas digne d'être considéré. Mais Steven se moque bien de l'opinion de celui-ci, il préfère revenir du travail heureux plutôt que d'être tout le temps ingrat comme lui.
Depuis quelques mois, ses parents ne se parlent plus, ils crient constamment. Tout sujet de discorde est un prétexte à la dispute. Sa mère finit toujours par se retrouver en larmes et son père fuit la maison en claquant la porte. Aucune discussion ne se règle.
Tout a commencé lorsque sa mère a surpris son père en train de discuter au téléphone avec une autre femme. Leur conversation était très animée et supposait beaucoup de sous-entendus. Elle l'a questionné à maintes reprises, mais lui nie toutes accusations. Dernièrement, Bill Sullivan rentre toujours très tard, prétextant une charge de travail supplémentaire au bureau. Mais Steven n'est pas dupe, il sait que son père ment.
Il y a quelques mois, pendant qu'il n'assistait pas à son cours de sciences et se promenait en voiture avec son meilleur ami Tristan, il avait vu son père sortir du motel du coin. Il tenait par la main et embrassait une charmante belle blonde. Une jeune femme, d'une vingtaine d'années, que Steven avait déjà croisée au bureau de son père. C'était surement cette secrétaire nouvellement engagée. Lorsqu'il l'avait croisée, elle était penchée sur le bureau de son père et celui-ci riait de ses blagues futiles. C'était évident, qu'il se passait quelque chose de louche entre ces deux-là.
Le divorce de ses parents est inévitable. Ce n'est qu'une question de temps et il le sait. Ce qui le peine le plus dans cette histoire, c'est que sa mère a toujours été aux petits soins pour sa famille et que son père n'a jamais été reconnaissant. En femme exemplaire, elle s'occupait de tout. La maison était toujours bien rangée, ses costumes repassés et le souper toujours prêt sur la table. Mère au foyer, elle avait consacré sa vie à s'occuper de l'éducation de son fils unique et de prendre soin également de son mari qu'elle aimait.
En mangeant son bol de céréales, Steven tente d'écouter le bulletin d'informations du matin qui est diffusé sur le poste de télévision de la cuisine. Le commentateur commence par les nouvelles régionales :
— La ville de Wilmington est en deuil ce matin. Le directeur de la firme comptable Parker et associés ainsi que sa femme ont perdu la vie hier soir sur la route d'Oleander. Les autorités s'entendent pour dire que la chaussée glissante serait la cause de ce drame. Ils laissent dans le deuil...
Un bruit soutenu de klaxon de voiture vint interrompre le commentateur. Steven échappe sa cuillère dans son bol et le bruit intense l'empêche d'entendre la suite du bulletin. Tristan son meilleur ami depuis le primaire vient de se pointer devant la demeure des Sullivan. Si Steven tarde trop à paraître, Tristan réveillera tout le voisinage avec son tapage. Donc, il ramasse son sac à dos et part d'un pas précipité vers la porte. Tristan l'attend, stationné en sens inverse, bloquant la circulation. Sortant sa tête par la fenêtre du chauffeur, il se met à hurler par-dessus le vacarme musical qui sort par les fenêtres de sa Ford Mustang Coupé 67 rouge. Lui et Steven avaient passé des mois à restaurer cette beauté trouvée dans un encan.
— Allez, Steven, on va être en retard. La belle Alexandra ne t'attendra pas éternellement.
L'expression de Steven lorsqu'il prend place sur le banc passager laisse Tristan sans voix. Le regard dans le vide, il tend la main vers la chaîne stéréo et tourne le bouton du volume pour baisser le son infernal. Quelques instants passent. Tristan se tourne vers Steven et le regarde avec hostilité et suspicion.
— Ils sont morts ; souffle-t-il dans un murmure.
D'une mimique écœurée, Tristan réplique, sans compassion ;
— Ressaisis-toi, Steven. On a fait un pacte. On a juré de garder le secret. Ne fais pas de bêtise. Jure-le-moi ; cria-t-il.
Steven se tait, se tournant vers son ami, il opine d'un signe de tête. Tristan démarre, le pied dans le tapis, mettant ainsi fin à la conversation. C'est la dernière fois que ce sujet est abordé.
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Le secret de la rose
RomantizmAprès la mort accidentelle de ses parents, Jenny se retrouve piégée à vivre chez sa grand-mère. Celle-ci, lui fait vivre l'enfer. Plus les années passent et plus l'espoir d'un meilleur avenir s'effrite, jusqu'à la veille de ses dix-huit ans. Prenan...