Partie 3 Chapitre 13

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                                                            Steven

À l'âge de seize ans, j'ai laissé tomber mes études et j'ai pris un boulot au garage du coin. Tout l'argent que je pouvais amasser, je le donnais à ma mère afin de payer les factures. Je travaillais sans relâche et ne prenais jamais une journée de congé. Jeune homme sortant tout juste de l'adolescence, je portais sur mes épaules le lourd fardeau de l'homme de la maison.

Lors du divorce de mes parents, ma mère a tout perdu aux dépens de son mari qui a refait sa vie avec une femme de 20 ans plus jeune. Afin de subvenir à nos besoins, elle a dû se trouver un travail à temps plein. Dénichant un boulot au bistro de l'Université de North Carolina State, elle revenait épuisée et courbaturée tous les soirs. J'étais aux petits soins avec elle, l'aidant le mieux possible dans les tâches ménagères. Maintenant que mon père a failli à sa tâche, la responsabilité me revient.

Je sais que ma mère trouve réconfortant d'avoir un fils aussi attentionné et responsable auprès d'elle, mais je soupçonne qu'elle se sent coupable de mon malheur. Perdant espoir de m'aider au fil du temps, elle a lâché prise, ne sachant plus quoi faire pour que je sorte de mon silence. Elle n'aime pas me voir agir ainsi. Elle me répète sans cesse que je devrais vivre ma vie comme les autres de mon âge. Mais c'est plus fort que moi. De jour en jour, je me terre dans ma chambre et me morfonds sur moi-même. Elle croit que c'est ma crise d'adolescence, mais si elle savait la vraie histoire, elle serait surement désappointée.

Avant que le divorce de mes parents chamboule ma vie, j'étais un adolescent ordinaire apprécié de mes copains et surtout très convoité par les jeunes femmes. J'en ai fréquenté quelques-unes, mais sans avoir le coup de foudre. À l'époque, mes conquêtes n'étaient qu'un amusement pour moi, une distraction futile. J'allais aux fêtes, traînait avec mes amis et m'amusais à être un vrai adolescent. Mon meilleur ami Tristan et moi remplissions nos temps libres à retaper de vieilles voitures. C'est à cette époque que j'ai découvert ma passion pour ces beautés classiques.

À la suite du départ de mon père, mes amis ont commencé à me laisser tomber. Je ne les voyais plus prétextant que j'étais trop fatigué pour sortir. Je partais travailler dès la fin des classes pour aider ma mère. Un à un, ils ont disparu pour vivre leur vie de jeune adulte. J'étais rendu ennuyant pour eux. Je travaillais tout le temps et m'endormais pendant mes cours. Même mon meilleur ami me donnait rarement signe de vie. Je m'en suis fait à l'idée, de toute façon, je n'avais plus le goût de faire les quatre-cents coups et j'avais peu de temps libre. Tout ce qui m'importait était d'offrir un peu de répit à ma mère. J'ai donc quitté le collège pour être l'homme que je devais être.

Revenant à l'aube de mon travail, j'aperçois la jolie fille de l'appartement voisin agenouillée dans la terre d'une plate-bande en train de creuser. Elle est concentrée sur sa tâche. Je stationne ma moto et me mets à la contempler quelques instants. Les rayons du soleil couchant font ressortir la couleur luisante de ses cheveux châtains. Sa beauté rayonne aussi intensément que le soleil lui-même. Je suis certain qu'elle n'a même pas conscience qu'elle peut être tellement sexy, assise tout simplement sur la terre. Elle a des traces de boue sur le visage ce qui la rend encore plus adorable.

Adossé au siège de ma moto, je remarque qu'elle regarde discrètement dans ma direction sans toutefois tourner complètement sa tête. Je trouve ça charmant et attirant. Sans demander si elle a besoin d'aide, je me dirige vers elle. Je m'agenouille sur la terre et m'active à creuser moi aussi. Chaque fois que nos mains s'effleurent, je ressens des frissons partout dans mon corps. C'est étourdissant. Elle n'a aucune idée de l'effet qu'elle me fait. À l'occasion, on échange quelques sourires gênants. Sans prononcer un mot, nous terminons le travail avant que le soleil soit complètement couché. Les accessoires ramassés, je retourne vers mon appartement. Ne pouvant la laisser partir ainsi, je prends une grande respiration et je m'éclaircis la gorge afin d'attirer son attention. Mais avant que je prononce un mot, elle se tourne vers moi, enlève son gant de jardinage et me tend la main.

Le secret de la roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant