Partie 3 Chapitre 17

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                                                                  Steven

Au beau milieu de la nuit, je suis réveillé par un hurlement terrible. J'entends crier à travers les murs de l'appartement d'à côté, celui de Jenny. Je me colle l'oreille au mur et essaie de savoir ce qui se passe. Je l'entends sangloter. Un bruit qui me brise le cœur. Je ne peux l'a laissé ainsi. Je dois me précipiter à son chevet sans attendre. Je me lève et mets mon pantalon de pyjama qui traîne par terre. Je ne prends même pas la peine de mettre des souliers. Je débarre la porte avec la clef que Jenny a dissimulée sous un pot de fleurs et j'entre avec empressement dans son appartement.

Je monte les marches menant à sa chambre en courant. Je trouve Jenny en crise de larmes se berçant, assise sur son lit. Elle est couverte de sueur, le regard dans le vide. Mon cœur se crispe à cette vision horrible. C'est seulement lorsque je la prends dans mes bras qu'elle prend conscience de ma présence. Au début, elle me repousse, mais avec des paroles réconfortantes et des caresses rassurantes, elle finit par se calmer. Je lui laisse le temps nécessaire de reprendre ses esprits avant de lui poser la question qui me tenaille depuis que je l'ai vu aussi désemparer.

– Jenny, mon amour. Qu'est-ce qui s'est passé ?

– J'ai fait un cauchemar horrible. J'ai vu mes parents morts. C'était affreux.

Elle ne m'en dit pas davantage, le souvenir de revivre ce rêve la fait trembler. Je n'insiste pas, je ne veux pas faire empirer sa peine. Elle ne m'a jamais parlé de ses parents, mais je sais qu'ils sont morts dans un accident de voiture. Je continue à la bercer délicatement en lui caressant les cheveux. Je la sens peu à peu s'apaiser. Lorsqu'elle est complètement rétablie, je me lève pour la laisser se rendormir. En me voyant m'éloigner, elle m'agrippe la main et m'insiste à rester.

– S'il te plaît, ne pars pas, reste avec moi me dit-elle à travers quelques soubresauts.

Sur le moment, j'hésite. Puis me retournant vers elle, je remarque que ses yeux qui sont gonflés par sa peine m'implorent. Je désire ardemment qu'elle se sente en sécurité et me retrouver dans son lit est un fantasme qui me dévore depuis quelque temps. Je sais qu'elle n'est pas prête à aller plus loin avec moi, par respect, je n'ai jamais insisté. Mais cette fois-ci, je ne me fais pas supplier une minute de plus. J'éteins la lumière de sa lampe de chevet et m'étends près d'elle. Ne sachant pas trop comment me comporter si près d'elle, je garde mes distances et lui caresse le bras. Jenny se tasse pour se blottir contre moi, son dos soudé à mon torse. Nos corps, côte à côte, sont en parfaite symbiose. Sa respiration se calme tranquillement, la chaleur de mon corps l'apaise. Croyant qu'elle s'est endormie et me sentant prêt à m'abandonner à elle, je lui chuchote à l'oreille trois petits mots qui veulent tout dire pour moi et que je n'ai jamais dits à aucune fille.

– Je t'aime.

– Je t'aime aussi, me répond Jenny dans un murmure.

Mon cœur bondit dans ma poitrine, je suis chaviré. Je n'ai jamais pensé que ces mots si révélateurs pouvaient autant me perturber. Depuis que mon cœur bat pour elle, j'ai toujours espéré entendre ces mots sortir de ses lèvres. Je ne peux croire qu'elle m'aime. Je ne le mérite pas. Pas après ce que j'ai fait. Le secret que je garde caché au fond de ma mémoire ne me permet pas de connaître l'amour un jour. Si j'accepte d'être aimé, c'est que j'accepte de me pardonner. C'est une chose que je ne peux concevoir. Des émotions conflictuelles se bousculent dans ma tête. Je chasse ses mauvaises pensées pour me concentrer sur ce que je viens d'entendre. Elle m'aime. Que c'est bon d'entendre ces mots si importants ! J'ai trop souffert inconsciemment depuis ces quatre dernières années, j'ai besoin d'elle, j'ai besoin de son amour. Peut-être pourrait-elle m'aider à me pardonner ?

Le secret de la roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant