Partie 4 Chapitre 21

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                                                                  1 semaine

Je passe la nuit dévastée à pleurer toutes les larmes de mon corps. Les paroles que Steven m'a dites me reviennent sans cesse en boucle dans ma tête. Maintenant que je connais tous les détails, des images de l'accident tragique de mes parents défilent devant mes yeux. Je suis inconsolable. Le seul qui peut me réconforter dans des moments comme celui-ci a tout détruit. Je finis par m'endormir, épuisée et à bout de force d'avoir autant pleuré.

Je dors recroquevillée sur mon oreiller humide toute la matinée. Par habitude, je me tourne dans le lit à la recherche des bras réconfortants de Steven. Réalisant que son côté est vide, je me mets en position fœtale et me rendors. Vers midi, un bruit sourd me réveille en sursaut. Je crois entendre quelqu'un se plaindre à l'extérieur. Je reconnais à peine la voix de Christine, me suppliant de venir répondre à la porte. Elle est insistante, mais je n'ai plus la force de me lever. Après quelques minutes, les supplications cessent et je sombre à nouveau dans le sommeil. Vivant et revivant l'accident de mes parents. Mes cauchemars sont horribles et je ne suis pas capable de m'en sortir.

J'ouvre un œil vers la fin de l'après-midi. Une envie pressante d'aller aux toilettes m'insiste enfin à sortir de mon lit. Après m'avoir soulagée, je grignote par automatisme ce qui me tombe sous la main. Je mange un morceau de pizza qui est resté au réfrigérateur depuis quelques jours. L'appétit n'est pas au rendez-vous, mais mon ventre vide réclame que je le nourrisse. Je ne me donne même pas la peine de le faire réchauffer, le mangeant froid sans satisfaction. Je fais descendre le tout avec un grand verre de lait et retourne me coucher.

Cette fois-ci, le sommeil est très long à arriver. Les événements de la veille me persécutent sans relâche. La tristesse, la colère, la frustration, la rage, toutes ses émotions se multiplient en moi au fur et à mesure que je revis les scènes de la nuit dernière. J'en veux tellement à Steven de m'avoir dit la vérité. J'aurais préféré ne rien savoir. Je le déteste, mais l'amour que j'ai pour lui me torture.

Comment puis-je aimer celui qui a provoqué l'accident de mes parents ? Comment puis-je pardonner à celui qui m'a enlevé les deux personnes que j'aimais le plus au monde ? Comment puis-je le laisser être dans ma vie après ce qu'il a fait ? Mon cœur et ma raison se battent en duel. C'est plus fort que moi. Pourquoi le destin a-t-il mis cet homme sur ma route ? Qu'elle ait le but derrière cette rencontre ? Est-ce que mes parents veulent me transmettre un message de l'au-delà ? Pourquoi tout ceci m'arrive-t-il ? N'ai-je pas assez souffert jusqu'à ce jour ? Pourquoi ? Pourquoi ? Je ne comprends plus rien.

Christine refait une autre tentative en début de soirée. Je ne veux pas lui parler. Cette femme m'a accueilli sans préjugé et m'a offert l'affection d'une mère. Je suis incapable de la confronter. Steven lui a surement tout raconté. C'est trop pénible pour moi. Je n'ai pas la force d'entendre ce qu'elle a envie de me dire. Je serais impuissante devant les questions de la mère de l'homme qui m'a trahi. Elle prendrait surement la part de son fils malgré l'affection qu'elle a pour moi.

Les coups insistants sur la porte cessent au bout d'un moment. Je n'ai pas bougé de mon lit. Tout ce que je veux est qu'on me laisse tranquille. Fatigué de vivre intensément ma peine, je tombe de sommeil. Ma nuit est encore mouvementée. Cette fois-ci, je ne rêve pas de mes parents, mais de Steven qui m'appelle au loin, me suppliant de lui pardonner.

Mon réveil-matin, programmé pour les jours de la semaine où j'ai mes cours à l'Université, me réveille. C'est en me retournant pour regarder d'où vient ce bruit que je prends conscience qu'il est lundi. Malgré les événements pénibles que je viens de passer, la vie continue. Je me lève sans énergie de mon lit et entame ma routine habituelle du matin. Tout se fait par automatisme. Sans m'en rendre compte, je prends ma douche, m'habille et mange une rôtie pour déjeuner. C'est en me dirigeant vers la porte pour me rendre à l'Université que je réalise que quelque chose me manque. Le baiser tendre et affectueux de Steven n'est pas au rendez-vous. Les larmes me picotent les yeux et je dois constamment me recentrer sur ma tâche. C'est pénible puisque les souvenirs de cette affreuse nuit me reviennent en mémoire sans interruption. J'ai conscience qu'il me manque terriblement, mais je dois oublier ce sentiment pour poursuivre ma journée.

Le secret de la roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant