1.Prologue

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Combien de temps me suis je assoupie ? J'ai encore sur les lèvres le goût du cocktail que nous avons partagé. Je sens son souffle chaud qui chasse le sable collé sur ma peau. Il parcoure mes bras, des épaules aux poignets et je frissonne . J'imagine le sourire sur ses lèvres. Ses fossettes dessinées qui me font chavirer. Pourrais-je un jour me lasser de ce sentiment de plénitude ?  Après tous ces mois de travail, du soir au matin, quelquefois presque 20 h par jour, nous prenons un peu de repos. Mais j'ai tendance à m'effondrer sans prévenir ! 

La douceur d'une fin d'après midi d'été, le clapotis des vagues à quelques mètres de mes pieds, l'air iodé qui me chatouille les narines, la chaleur du sable sous mes doigts, les bruits des parasols en paille qui s'agitent au gré des embruns. Je me sens si apaisée, sereine.

 
Je sens mes paupières gonflées. Je cligne des yeux plusieurs fois. Je cherche son visage.
Pourtant, quand mon champ de vision s'adapte enfin à la luminosité, je ne suis pas où je pensais. Ce n'est pas la même plage, la même eau turquoise et rapidement je sens ma poitrine se déchirer. 


Il n'est pas là.

Je voudrais effacer cette souffrance qui m'étouffe. 
Les sanglots restent coincés dans ma gorge et je me redresse bruyamment dans mon bain de soleil à bout de souffle. La panique s'empare de moi, une fois de plus.

- Demet ! Demet, je suis là ma chérie...du calme, du calme...

La voix de ma mère me sort de ma torpeur. Je reprend mon souffle, doucement, et les larmes finissent par ruisseler abondamment le long de mes joues, presque comme un soulagement. Je n'arrive pas à parler, tout reste coincé au fond de ma gorge. Les images de mon rêve chassées par la réalité. Je suis seule avec ma mère sur une plage d'Izmir.

J'ai laissé m'échapper cet avenir que je n'avais espéré. Je n'attendais rien, plus rien, pas comme çà, pas à ce moment là et çà m'es tombée dessus si vite...ni l'un ni l'autre n'avons mesuré ce qui nous arrivait. C'était trop fort, trop puissant.

Le vent de la liberté  a soufflé. Chacun a repris sa vie d'avant, persuadé que tout allait rentrer dans l'ordre. "On se verra de temps en temps". "Tu sais que nous allons être chacun très occupés...". "On ne va pas s'emprisonner, ce n'est pas nous deux çà". 

Je me rappelle précisément chacun des mots que j'ai employé.  Je ne savais pas l'impact qu'ils auraient sur lui. On ne se rend compte de la place et de l'importance des choses que lorsqu'on les a perdues.


***

Ce n'est qu'un petit début...triste oui mais c'est l'introduction avant de rentrer dans le vif du sujet. Je me suis enfin lancée. Merci pour vos encouragements les filles qui se reconnaîtront. 




Et plus si affinités...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant