32. Nuit noire

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Demet

Je me sens comme une idiote.

Seule dans sa chambre, je passe la main dans mes cheveux, la laissant un instant sur mon front, comme pour prendre la température de mes émotions. Je suis irrationnelle. Je suis venue pour être honnête avec lui, m'expliquer, espérer qu'il accepte mes excuses et prier qu'il me pardonne un jour. Au lieu de çà je n'ai fait que le rendre plus en colère encore contre moi.

Il était au courant.

Il ne m'a rien dit.

Il attendait que je lui dise enfin pourquoi...il cherchait des réponses mais ma trop grande fierté, mon manque de confiance ont tout gâché.

Je ne sais plus distinguer combien de temps s'est écoulé depuis qu'il a franchi la porte de sa chambre. Je laisse mon sac sur son bureau et je passe la tête dans l'encadrement de la porte. Le bruit venant de gauche m'indique que la fête bat toujours son plein.

Laissant tout en plan, je franchis la porte d'entrée. Une fois à l'extérieur je scrute les environs mais pas de Can à l'horizon...il ne doit pas être parti bien loin.

A l'instinct, je me dirige dans une ruelle qui mène à la promenade près du rivage, la vue y est magnifique près de la jetée. Je vois au loin les lumières d'un bar, je choisis de suite cette direction, laissant mes yeux se perdre sur les reflets de l'eau.

L'air me fait frissonner, je suis peu couverte pour la saison et au bord de l'eau il faut toujours plus froid.

Dans la pénombre, j'essaie de trouver Can, une silhouette qui pourrait lui ressembler, ce n'est pas tous les hommes qui ont sa carrure, je devrais donc le reconnaître facilement.

Mais les minutes passent et mes espoirs s'amenuisent, je finis par m'asseoir sur un banc, face à l'eau.

Mes pensées s'éparpillent...si j'avais pu me raisonner ce jour où j'ai pris cette mauvaise décision...si j'avais pu faire autrement...je pensais avoir fait du chemin...

Je suis interrompue dans mes pensées par des voix derrière moi, toujours plus proches. Je ne me sens pas spécialement en danger mais les silhouettes de deux hommes titubants se rapprochent de plus en plus. Ils m'ont vue.

- ehhh beauté, tu nous accompagnes ?

Voilà. J'ai encore trouvé un moyen de me mettre en danger. Où es-tu Can ? S'il te plaît...

Je ferme les yeux, priant aveuglément pour que quand je les ouvre tout çà ne soit qu'une vue de mon esprit. Mais non, les deux comparses sont plus proches que jamais et l'un d'eux ose même poser sa main sur mon épaule.

- laissez moi tranquille !

Je me lève brusquement et leur fait face.

Ils paraissent pris au dépourvu mais leur sourire revient vite. L'un d'eux parle à l'autre avec un regard qui n'inspire pas la bienveillance.

- regarde ce joli morceau Aziz !

Il tente de s'approcher et je me recule mais l'eau derrière moi limite mes possibilités de fuite.

- s'il vous plaît...laissez moi tranquille...je vous en prie.

Voilà comment une journée qui n'avait pas si mal commencée va se finir en fait divers glauque dans la presse. Je ferme à nouveau les yeux, essayant juste un instant de me concentrer sur ma prochaine action.

Quand je les ouvre, le plus entreprenant est juste à quelques centimètres de moi. Prenant mon courage à deux mains, je le repousse, lâchant un grand coup contre son torse. Il bascule mais ne chute pas et je tente de prendre la fuite mais c'est moi qui trébuche et finis par terre.

Et plus si affinités...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant