33. Dans la peau

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Can

J'écoute avec attention Demet s'ouvrir à moi. Quand je lui ai demandé droit dans les yeux de me parler d'elle, de cette blessure qui l'empêche d'avancer, je voulais savoir ce qui avait pu la rendre si méfiante, un traumatisme ancien ? J'étais loin d'imaginer son aveu...

D'abord complètement surprise, elle a finalement pris ma main et m'a conduit dans sa chambre.

Assis tous les deux sur son lit elle ne s'est plus arrêtée de me parler.

Du mariage un peu forcé de ses parents au moment où sa mère est tombée enceinte, la naissance de son frère,  de sa soeur, la vie de famille qui n'était pas du goût de son père et le basculement quand sa mère s'est retrouvée enceinte d'elle...l'accident.

Je vois ses larmes chaudes rouler le long de ses joues quand elle me raconte son enfance heureuse mais bordée de la crainte de ce père menaçant.

Je serre sa main plus fort et caresse sa paume. Elle continue, m'explique ce que son frère et sa soeur lui ont raconté...qu'il ne voulait pas de troisième enfant, qu'il commençait à ne plus rentrer pendant des nuits entières, qu'il dilapidait tout l'argent du ménage quand il s'est mis à boire...

Un jour, à l'aube de ses six ans il s'est mis à lui hurler dessus que c'était de sa faute si tout allait mal et il a levé la main sur elle. Sa mère a pris peur et à la première occasion elle s'est enfuie avec ses trois enfants, a demandé le divorce et s'est installée à Istanbul.

S'en sont suivies des années de galères, des petits boulots, des appartements sordides mais une volonté de fer. Elle me raconte comme ils étaient soudés comme ils sont toujours et comme leur mère, combattante, leur a donné le goût du travail et de la persévérance.

Demet me raconte enfin qu'elle avait complètement refoulé toute une partie de cette histoire, traumatisée par son père et que c'est grâce à une thérapie et à l'hypnose qu'elle a pu se libérer de ses cauchemars et faire face à son passé pour l'accepter.

Quand elle termine enfin, je la sens à bout de forces, vidée.

- tu sais je n'ai jamais parlé de çà à personne extérieur à ma famille...

Je lis dans ses yeux les craintes derrière son aveu.

- Je suis heureux que tu m'ai parlé Demet...

- je pensais en avoir fini avec çà mais visiblement ce n'est pas le cas...

- je pensais en avoir fini avec çà mais visiblement ce n'est pas le cas

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Je caresse sa joue, ses cheveux. Je lui propose de dormir et l'abandonne un instant pour lui ramener un verre d'eau. Quand je reviens, elle s'est débarbouillée le visage et porte un long tee-shirt de nuit. Elle boit son verre et me regarde, inquiète.

-reste près de moi Can s'il te plaît...

- ne t'inquiète pas, je ne bougerai pas.

Et plus si affinités...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant