Et plus si affinités...

15. Clair de lune

Demet

J'ai l'impression de flotter.  Je me sens incroyablement vivante. Une douce chaleur, je me sens bien. Lovée entre ses bras puissants, mes mains dans son cou pour qu'il ne m'échappe pas, nos lèvres scellées, je savoure ces instants de plénitude. J'en ai envie depuis le premier jour où mon regard a croisé le sien, dans ce bar, au bord du trottoir, bien avant même de partager l'affiche...

Pourquoi, comment, à vrai dire à cet instant je m'en fiche.

Peut-être est-ce l'alcool qui a réduit à néant toutes mes appréhensions ?

Je finis par libérer sa bouche, presque à bout de souffle. Son regard intense me fait rougir. Je regarde encore ses lèvres...si douces...humides, rougies par nos baisers. 

Aucun de nous ne parle et je me sens beaucoup moins sûre de moi tout à coup. Un soupçon d'angoisse même commence à s'emparer de moi alors que mon cerveau recommence à fonctionner.

Que va t'il penser ? Que je suis une actrice qui succombe facilement à ses partenaires ?  Que je saute dans ses bras à la première occasion alors que je viens sans doute de rompre avec mon petit ami ? Il va certainement penser que je ne sais pas me tenir...

Et j'ai la nausée. Je me retourne et avance face à la mer et je commence à vomir, mon malaise est incontrôlable. Entre chaque convulsion j'ai du mal à reprendre mon souffle. Can est déjà à coté de moi impuissant.

Au bout d'une trentaine de secondes les secousses se calment. Can me soutient de son bras gauche et caresse ma main droite avec son autre main libre.

Sans que nous échangions une parole il m'aide à m'asseoir sur le petit muret et me regarde avec douceur, caressant mes cheveux. 

Moi, j'ai honte et je voudrais trouver un trou pour m'y cacher. 

S'assurant que je vais un peu mieux, il se lève et téléphone. Je l'entend parler avec Anil puis Beste et quelques minutes plus tard je suis avec lui dans un taxi, une couverture autour de moi. Il me prend dans ses bras, laisse ma tête tomber contre son épaule et caresse ma peau avec la pulpe de ses doigts. J'ai la tête qui tourne, je suis à moitié consciente, je frissonne, je n'ai qu'une envie, dormir. 

Dormir et oublier cette soirée...enfin...seulement une partie.

Je somnole quand le taxi s'immobilise. Can m'aide à sortir, me soutient et règle la course avant que nous pénétrions dans son immeuble. Je suis autant mal à l'aise de me montrer ainsi que je suis heureuse d'être avec lui. Chaque moment où il me prend dans ses bras pour me soutenir, s'approche, je perçois son parfum mêlé à sa propre odeur corporelle et je sens  ces milliers de papillons au creux de mon ventre...

J'ôte mes talons et il me prend dans ses bras pour monter les escaliers. Je me laisse aller dans le creux de son cou, savourant encore l'odeur et la chaleur de sa peau. Finalement, dans un sens, je suis si bien...

Je me sens si vulnérable et pourtant si forte...

Il me dépose devant sa porte et attrape ses clefs. Il me sourit et caresse ma joue tendrement. Il est tellement craquant, tellement attentionné...

Une fois à l'intérieur, il attrape ma main et m'entraîne dans sa chambre, nous n'avons toujours prononcé aucune parole. Il ouvre sa salle de bain et fait plusieurs allers retours, me déposant de quoi me changer et prendre une douche.

- çà va aller ? 

- oui Can, je te remercie...

- prends tout ce dont tu as besoin. Je vais faire du thé, ok ?