24. Marcher ensemble

399 30 2
                                    

LEE KNOW :

Je lui propose de faire quelques pas ensemble. Je la soutiens. Ma douce Ahyda ! Son malheur me tue. Je regarde son profil, elle est totalement absorbée par sa tristesse et le poids de sa culpabilité. En fait, ce n'est pas de sa faute, ce n'est pas elle qui conduisait cette voiture. Ji Joon a mal géré leur désaccord. Mais, pour elle c'est la fin de tout. Mon impuissance face à sa douleur m'est insupportable. J'attrape sa main. Elle ne cherche même pas à la repousser. Je me présente en fervent serviteur pour la satisfaire. Inopinément, nos routes se croisent à nouveau. Et moi, je prends cette opportunité comme si le destin choisissait pour nous.

J'admire sa moue, et ses yeux larmoyants. Elle est tellement vulnérable, cela me déchire le coeur. J'ai mal parce que je la désire et la convoite plus que jamais. Je n'ai plus aucun doute, elle est celle qui m'est destinée. Elle ne le sait pas encore. Qu'elle ne compte pas sur moi pour abandonner le combat ! Evidemment, tout cela reste possible si elle ne repart pas chez elle à La Havane. S'il le fallait, j'irai la chercher à l'autre bout du monde. Mais, je ne souhaite pas revivre la grande détresse que j'ai vécue l'année dernière.

"- Tu es à Séoul pour combien de temps ?" J'ose briser le silence.

"- Aucune idée ! Tout va dépendre de ce que je ressens. Pour l'instant, je n'ai qu'une envie c'est de rentrer chez moi et de fuir cet endroit qui me remémorent de douloureux souvenirs. Tant que je ne suis pas en mesure de dompter ma culpabilité et d'affronter ma souffrance, je pense que je n'ai rien à faire à Séoul. " Elle me répond.

Je suis abattu. Tous mes beaux espoirs viennent de s'effondrer comme un château de carte en quelques secondes. Pourquoi est-elle si dure avec elle-même ? C'est tout à fait normal qu'elle souffre ici. Et selon moi, c'est également la meilleure façon d'évacuer son chagrin. La main que je tiens dans la mienne est comme sa propriétaire, dégagée de vitalité. Je lève sa main jusque ma bouche et je dépose un baiser sur le dessus. Elle tourne son visage larmoyant vers moi, je lui souris. Elle entrouvre ses lèvres, il y a eu une réaction à l'instant. Tout n'est pas perdu, elle n'est pas tout à fait éteinte dans son coeur. C'est parfait tous les espoirs sont donc permis.

Nous longeons la route qui surplombe la ville. Je m'arrête, elle stagne à mes côtés. J'admire les toits des maisons, la place du marché. Vu d'ici, nous avons un fidèle aperçu de la splendeur et grandeur de notre ville. Je me laisse distraire par ce spectacle quelques secondes. Quand je me tourne vers elle, la tristesse a momentanément disparu de son visage. J'en suis satisfait. J'ai marqué un point. Elle pose sa tête sur mon épaule, je suis ému. Cela, je ne l'avais pas prévu. Je caresse ses cheveux et embrasse sa joue. Elle ne me repousse pas, ni ne bouge. Il me semble comprendre qu'elle a besoin d'affection. Je  passe mes bras autour de sa taille et je la rapproche davantage de moi, épaules collées. Nous admirons le paysage animé de Séoul, en nous laissant charmer par la magie de l'atmosphère.

Elle soupire, mais reste collée à moi. Elle ne se résigne pas à s'éloigner de moi. J'en suis ravi. Cependant, je ne profiterais pas de sa détresse pour me rapprocher d'elle. C'est elle qui décide.

"- Lee Know, je sais que tu m'aimes encore et que tu espères que l'on se remette ensemble ! Mais, cela ne se fera jamais, avec personne d'ailleurs. Je porte malheur aux personnes qui m'aiment !" Elle s'exprime la voix tremblante.

"- Tu ne portes pas malheur aux autres ! L'accident de Ji Joon n'est pas de ta responsabilité. Tu te tortures parce que vous vous êtes disputés juste avant. Mais, tu es comme tout le monde, tu as le droit d'aimer et d'être aimée. Tu es belle, jeune. Comment peux-tu te priver du bonheur de la sorte ? Tu es la seule à te torturer ! Personne ne te reproche quoi que ce soit ! Et j'ajoute que oui, je t'aime encore et peut-être même plus qu'avant. Parce qu'aujourd'hui, je ressens que tu es accessible !" Je lui réponds.

Elle me fixe. Son regard est profond comme s'il me transperçait. J'ai l'impression qu'elle entre dans mon corps et qu'elle caresse mon coeur avec ses petites mains délicates. Elle me sourit. "Qu'est-ce que j'en marque des points aujourd'hui ! En plus, je trouve que je n'ai jamais été aussi proche d'elle !" Je songe.

Mon coeur s'emballe, je sais que c'est prématuré, mais je ne le contrôle pas. Tous les jours que j'ai passé loin d'elle, mon coeur s'est asséché au fur et à mesure. A cet instant, il reprend vit. Et cette sensation de plénitude, de coeur bombé par l'amour me réjouit. Son innocente attitude blessée et brisée m'atteint au plus profond de mon âme. J'ai envie de l'effleurer pour lui rappeler que je suis près d'elle, que je l'aime à en mourir et qu'elle peut compter sur mon soutien.

J'ai tellement de choses à lui avouer ! Je ne sais pas par où commencer. Je suis convaincu qu'aujourd'hui, les mots ne seront pas entendus par elle. Elle ne retiendra que les actes, autrement dit que mes gestes de réconfort. Je m'abaisse pour embrasser son front. Elle tapote mon épaule parce qu'elle est reconnaissante. Je vais m'en contenter. Ce début est très prometteur. Je réfrène mes envies de la serrer contre moi, elle a besoin d'espace pour respirer et se libérer de l'ombre constante qui l'entourait. Cette ombre de tristesse doit disparaître et je m'en porte garant. Mon affection peut l'aider à sortir de cette période d'ombre.

"- Voyons nous régulièrement !" Je lui propose.

"- Ce n'est pas une bonne idée !" Elle me repousse.

"- Je te fais du bien, je t'aide à te sentir mieux. J'ai beaucoup d'affection à te donner !" Je me vante.

"- Non ! Quand je suis en ta compagnie, je me rappelle que je me suis disputée avec Ji Joon à cause de l'amour que je te portais ! Te voir me détruit davantage !" Elle m'achève.

"- C'est très dur ce que tu viens de dire ! Je suis persuadé que tu n'en penses pas un mot. Puisque tu évoques les lieux, les personnes qui te rappellent ton ami d'enfance, dans ce cas, cela concerne tes proches, La Havane où tu as vécu ton enfance avec lui. C'est un mauvais prétexte, et je t'informe tout de suite, tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement. Tes arguments n'en sont pas. Sois franche, tu n'as pas envie de me chasser de ta vie. Même si je te rappelle cette terrible soirée, tu es bien en ma compagnie !" Je lui tiens tête.

Ce qui la surprend d'ailleurs. C'est clair que le Lee Know d'un an auparavant, aurait déjà laissé tomber. Maintenant, je suis conscient de ce que cela m'a coûté, je ne fuirais plus. Je serais tellement à la presser et à la coller qu'elle finira par admettre que je suis utile dans sa misérable existence.

*************************************

Une danse extravagante / Lee Know StraykidsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant