Justin et compagnie

Tu seras mon frère

-... et j'ai fait un programme qui aide ma mère à calculer le stock de la maison et à rédiger sa liste de courses en fonction de ce qui reste ! Expliqua Justin à Maxime.

Maxime semblait revivre. Tous les deux jours, Justin venait passer l'après-midi avec lui et sa mère venait le rechercher en fin de journée.

-Ca va ?

Maxime hocha la tête. Ensuite, il appuya sur le bouton d'appel de l'infirmière.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

Maxime rougit un peu et désigna son entrejambe.

-Tu dois faire ?

Maxime hocha à nouveau la tête.

-Tu veux que je te donne l'urinal ?

Joignant la parole au geste, il alla le chercher dans la salle de bain et le donna à son ami.

-Tiens. Tu veux que je quitte la chambre ?

Maxime fit "non" de la tête. Il bougea la couverture découvrant son pyjama bleu ciel sur lequel trônait déjà une petite tache d'urine, probablement un petit jet qui n'avait pas pu attendre. Il sortit son zizi et commença à faire pipi.

-Je suis content, lui dit Justin, que tu n'aies plus besoin de couche la journée car ce n'est pas toujours chouette.

Maxime sourit tout en continuant à uriner. L'infirmière arriva pendant ce moment-là.

-Ah, je vois que tu te débrouilles.

Maxime termina et lui tendit l'urinal fort plein.

-Eh ben, c'était pas pour rien. La prochaine fois, n'attends pas aussi longtemps avant de demander.

C'est mauvais de se retenir. D'ailleurs ton pyjama en a fait les frais. Mais ce n'est pas très grave, c'est juste un peu. Si tu veux, on attend ta toilette du soir pour te changer. Ca te va ?
Maxime approuva.

-Et vous, jeune homme, vous n'avez pas besoin d'être changé ?
-Non, ça va et puis maman arrive dans peu de temps.
-Ok, alors je vous laisse !

*****

-Son état s'améliore de jour en jour, disait le docteur Dupuis à ses collègues. Si la solution de sortie proposée s'avère correcte, je la signe.
-Et si non ?
-On le garde une dernière semaine et on en profite pour contacter des foyers.
-Et son frère ?
-Il est admis à la maison de repos "Le Lot". Le dossier a été transmis. Tous les frais seront pris en charge par l'état.

*****

-Et il ne parle toujours pas, demanda Frédérique.
-Non mais à part ça, il va mieux. Il fait des gestes, dessine ou écrit quand il veut communiquer.
-Et comment vas-tu faire quand il quittera l'hôpital ?
-Il ira dans une maison de repos pas trop loin. Maman m'a promis que je pourrais aller le voir tous les samedis. Par contre, je sais que je te consacre beaucoup moins de temps, ces moments-ci et… je m’en veux, dit Justin.
-Ne t'inquiète pas Justin. J'ai été stupide de réagir ainsi pendant le camp. Moi, la seule chose qui compte, c'est que tu sois bien ! Et aussi ... Et aussi que tu m'aimes, lui dit la jeune fille.
-Ca, s'est déjà gagné. Répondit Justin en prenant Frédérique dans ses bras. Et depuis très longtemps, ajouta-t-il.

Justin ne pouvait pas le voir mais des larmes coulèrent des yeux de Frédérique. Et ce n'était ni de la tristesse, ni de la jalousie. Simplement du bonheur !

*****

-Voilà, c'est ici qu'on se quitte, bonhomme. C'est le dernier matin que je m'occupe de toi ! Demain, je ne suis pas en service et après-demain, tu vas dans ta nouvelle "résidence". Allez, fais-moi voir une dernière fois ton corps de beau gosse, dit Marguerite.