Justin et compagnie

L'accident (1/3)

-Qu'est-ce qu'on a ? Demanda le chirurgien qui était en train de se préparer à l'infirmière qui l'assistait.

-Une dame touchée gravement à la poitrine. Elle était avec sa famille dans un minibus quand un camion les a fauché sur l'autoroute.
-Dans quel état est-elle ?
-Vraiment très mal en point. Elle a été écrasée par le siège situé devant elle. Il a fallu la désincarcérer.
Ca serait un miracle de la sauver.
-Et les autres occupants du véhicule ?
-Le père, les deux filles et deux des garçons ont été tués sur le coup, un autre garçon est dans un état critique, il est au bloc deux et le dernier garçon s'en est beaucoup mieux tiré, il est aux urgences !
-Ok, allons-y. On va essayer que ces deux garçons ne soient pas orphelins. Suivez-moi !

*****

-Voilà, on a fait ce qu'on a pu. Mais je doute que ce garçon puisse un jour avoir une vie normale.
-Vous voulez dire que...
-Il restera handicapé et probablement à l'hôpital ou dans un centre. Son cerveau n'a pas été irrigué un trop long moment. Désormais, il sera comme un légume. Je n'ai rien pu faire contre ça, dit le chirurgien.
-Vous lui avez sauvé la vie, lui dit son assistant.
-Oui mais je ne sais pas si j'ai bien fait. Que sera sa vie, maintenant ? Allez, reconduisez-le dans sa chambre. Moi, j'ai besoin de prendre l'air !

Le chirurgien n'en était pas à son coup d'essai mais on ne réussissait pas à tous les coups, c'est comme ça. Il alla se chercher un café bien fort dans la cafétéria des internes. Sa journée était finie. Il n'avait qu'une seule hâte, rentrer chez lui, embrasser sa femme et ses enfants.

Quand il arriva dans la cafétaria, il trouva un de ses collègues à une table, la tête dans les mains.

-Que se passe-t-il, Eugène ?
-Comment s'est passée l'opération du gamin, répondit Eugène, sans donner de réponse.
-Il est vivant... Mais il n'aura plus jamais de vie... Son cerveau a subi un traumatisme irrémédiable !
-C'est pas vrai... Quel malheur...
-Et l'opération de la mère ?
-Elle est décédée. L'aorte était trop gravement touchée. Je n'ai rien pu faire.

Les deux médecins restèrent un grand moment silencieux.

-C'est à ce moment, reprit Eugène, que je voudrais faire un autre métier.
-Oui mais la médecine a besoin de bons chirurgiens comme toi.
-En attendant, de cette famille, il ne reste que deux gamins dont l'un n'est plus qu'un corps quasiment sans vie !

Un nouveau silence ponctua ses paroles.

-Comment il va l'autre gamin ?
-Il dort, le choc a été rude mais, par chance, il se trouvait à l'arrière du véhicule et le choc est venu par devant. Il va être pris en charge par le docteur Dupuis, le nouveau psychiatre.

-Je ne le connais pas mais on dit beaucoup de bien de lui !

*****

Pendant ce temps, une jeune infirmière fait sa tournée de nuit. Elle entre dans la chambre d'un garçon nouveau venu.

-Oh, il dort. Je vais juste prendre ta température sans te réveiller, mon bonhomme.

En s'approchant, elle vit que le garçon avait inondé son lit.

-Oh, petit changement de programme...

Elle alla chercher une aide-soignante et elles entreprirent de retirer la blouse d'hôpital du garçon, de changer les draps et de rhabiller le jeune homme. Celui-ci, visiblement très fatigué, ne se réveilla même pas.

-On ne lui mets pas une couche ?

-Non, ce n'est pas nécessaire. C'est surement du au choc de l'accident.

-C'est toi le chef ! Dit la jeune aide soignante avec un sourire.

*****

-Vous n'avez absolument personne à contacter à leur sujet ?