Les préparatifs

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Maxime me tournait le dos, on aurait dit qu’il n’osait pas me regarder. Je m’approchais de lui et lui mis la main sur l’épaule.

Je le forçais à me regarder. Il avait des larmes dans les yeux.

-Tu… tu dois être déçu. Tu ne pensais pas ça de moi…

A ce moment, je le pris dans mes bras et lui murmurai à l’oreille :

-Tu as tout faux !

Nous restions encore un peu comme ça et il me demanda, en se décollant un peu de moi :

-Comment ça ?
-Je ne suis pas déçu et je te tiens encore en aussi haute estime et peut-être même plus.
-Mais… pourtant, tu as vu…
-Oui mais ce que j’ai vu n’a fait que confirmer ce que je savais déjà.
-Tu le savais déjà, me dit-il étonné.
-Absolument. Quel frère serais-je si je ne savais pas ce genre de choses ? Tu pensais vraiment que je m’intéressais si peu à toi ?
-Mais… tu ne m’en as jamais parlé !
-Non. J’attendais que tu sois prêt !

Il s’assit sur le banc et je fis de même. Nous restions un peu silencieux puis il se mit à parler.

-Je ne sais pas très bien ce qui ne va pas avec moi.
-Il n’y a rien qui ne va pas avec toi ! A part les pipis au lit et le fait que tu aimes ça, je pense.
-Ah ? Tu sais ça aussi.
-Je te l’ai dit, tu es mon frère, je te connais bien. En plus, ces derniers jours, on ne peut pas dire que tu as été très discret. Tu as eu plus d’accident de pipi culotte que en un an. Tu as même fait caca dans ton short ce midi.
-Ca ce n’était pas exprès, se défendit-il. On sortait du jeu et je ne pouvais plus attendre.
-Oui mais il y avait les toilettes du camping mais tu as essayer dans ton short, non ?
-Alors tu vois… je suis spécial.
-Non, ça ne veut rien dire « spécial » ! Il y a des gens qui aiment boire des biberons en étant adultes. D’autres aiment écouter de la musique très fort. Il y en a qui aiment se donner des coups de fouet. Sont-ils spéciaux. Je pense que ce n’est pas la bonne question. La question, c’est d’être heureux, de respecter les autres, d’aimer sa famille, ses amis sans les blesser, sans leur faire de mal.

Il pencha sa tête sur mes genoux et me dit :

-Toi, en tous cas, je t’aime. Depuis que je t’ai rencontré, je t’aime ! Et rien ne pourra jamais changer ça !
-C’est pareil pour moi ! Et tu sais ? je suis obligé de porter des couches mais parfois, comme Fred et toi, ça me plait bien et je trouve ça bien pratique !
-Tu crois que Fred aussi le fait exprès, par moments ?
-Il n’y a aucun doute la dessus et elle adore ça !
-Et pour l’autre chose me concernant, ça ne te dérange pas non plus ?
-Penses-tu que je puisse être dérangé parce que tu as décidé d’être heureux ?
-Non mais c’est un peu…
-Si tu dis encore « spécial », l’interrompis-je, je te le fais copier 100 fois !
-D’accord, je ne le dis plus.
-Je serais dérangé si, dans ce bonheur, il n’y avait plus de place pour moi, plus de place de frère…
-Ca ne risque pas d’arriver ! Jamais !

Quelques heures plus tôt, le matin, Frédérique tardait à sa lever…

-J’ai une idée, proposa Maxime : on saute à deux en même temps sur la paresseuse !
-Si vous faites ça, ronchonna-t-elle d’une voix encore endormie, vous allez goûter du poing !
-On la chatouille, proposais-je ?
-Pas une bonne idée, ronchonna-t-elle encore, ma vessie est au bord de l’explosion !
-Tu as une couche, lui dit Maxime.
-Mmmmh !
-Alors lève-toi, lui dis-je.
-Pas envie ! En plus, c’est le jour du bal. Grmmmmhh… idée stupide…. Grmmm choisir un garçon…. Rester dans mon lit !
-De toute façon, il faudra bien que tu te lèves pour aller faire pipi, lui dit Maxime !
-Non, dit-elle, je suis en train de faire dans ma couche !
-Ben voyons, ne te gène pas jeune fille, dit ma mère qui entrait voir si nous étions réveillés !
-Il faut quand même la jeter ! Alors autant que ce ne soit pas pour rien !
-Allez, votre chocolat chaud est servi, dit maman, passez au petit-déjeuner.

Justin et compagnieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant