Célian & Lowen

XII

PDV de Célian

Mais qu'est-ce que je suis con ! Mon impulsivité m'aura encore joué des tours.

Je fais demi-tour une fois sorti de l'immeuble de Lowen. Je rappuie sur le bouton de l'ascenseur comme un fou et bien évidemment celui-ci qui prend une éternité à venir.

Comment j'ai pu quitter mon homme dans cet état pour une stupide crise de jalousie ? Ce mec, il a fréquenté depuis une éternité. Alors que lui et moi ça fait des années qu'on est ensemble malgré nos problèmes de communication.

On n'arrive pas à se séparer.

Peut-être par habitude ?

Peut-être par confort ?

Peut-être par peur de la solitude ?

Non ! C'est parce qu'on s'aime !

Alors oui je reconnais qu'on s'aime mal mais on s'aime malgré tout.

Enfin l'ascenseur est là.

Vite au 7ème étage !

Je sonne comme un dingue et Lowen ouvre dans la seconde comme s'il savait que c'était moi.

-Excuse-moi chéri ! J'ai été un vrai couillon de te laisser dans cet état... Accablé par la culpabilité de ma bêtise.

-Cécé ! Les larmes aux yeux mais avec un sourire sincère il me saute au cou.

-Désolé, désolé, désolé mon Wénie ! Un baiser entre chaque mot dit.

-Tu es revenu, c'est tout ce qui compte.

On se rend au salon et s'assoit en se prenant dans les bras. On ne peut jamais rester dans la même pièce sans avoir ce besoin irrépressible de garder un contact physique entre nous. A cause de son isolement, il m'a manqué aujourd'hui. C'est pour ça que je n'ai pas pu tenir ma promesse de le laisser tranquille.

Je caresse le dos de mon chéri tristounet et humect son parfum la tête nichée dans son cou.

-Si j'avais su, j'aurais dû insister pour que tu m'en parles bien avant de ce type. Je n'aurais pas réagi au quart de tour comme un idiot et on n'en serait pas là. J'ai l'impression d'avoir fait machine arrière avec nous.

-Mais non ! C'est de ma faute tout ça. Nous qui partageons tout d'habitude, j'aurais dû te le dire depuis très longtemps déjà.

-Pourquoi m'avoir répondu "je ne sais pas" alors ? Ça m'a fait si mal Lowen...

Mon Wénie s'allonge sur moi dans le canapé, la tête posée sur mes cuisses le regard lointain rempli d'une nostalgie douloureuse.

-Quand je l'ai reconnu dans cette salle d'attente, tout m'est remonté d'un seul coup. Les souvenirs des bons moments du début, puis sa trahison et enfin sa lâcheté. Ludovic m'a fait croire à l'époque qu'il m'aimait autant que moi je l'aimais. Mais il m'a dupé. J'en étais éperdument amoureux et puis il a fini par me tromper et quand je l'ai découvert, il n'a pas assumé. Il a juste fui comme le lâche qu'il est. Pendant des semaines j'ai espéré des explications qui ne sont jamais venues alors j'ai essayé de l'oublier mais je n'y suis pas arrivée. Je commençais sérieusement à faire peur à mes proches. J'ai frôlé la dépression tu sais. Mais heureusement pour moi, j'avais une très bonne amie à cette époque que j'ai perdu de vue depuis : Stéphanie qui ne m'avait pas laissé tomber et qui m'avait convaincu de l'accompagner à cette fameuse soirée où je t'ai rencontré. Et au final, tu as été mon meilleur remède contre mon chagrin d'amour. Avant toi, je flottais dans le néant depuis des mois. Et puis ce soir-là où tu as tout fait pour te faire remarquer, je t'ai trouvé mignon. Mais c'est ta vieille blague qui m'a vraiment séduite. Tu t'en souviens ?

Je lui caresse les cheveux de haut en bas.

-Mais bien sûr que je m'en souviens ! J'en étais si fière...  Qu'est-ce qui est dur et rose en rentrant et chaud et mou en ressortant ? ...

-Un malabar ! On répond en même temps et on enchaîne dans un fou rire.

-Enfin voilà maintenant tu sais, ce type m'a meurtri, m'a blessé et je croyais en avoir fini avec mais...

-Mais ce n'est pas le cas visiblement. Peut-être devrais-tu accepter de le revoir pour écouter ce qu'il a à te dire. J'ai l'impression qu'il voulait s'excuser auprès de toi en te courant après ce matin. Il avait l'air profondément attristé de te voir quand tu l'as repoussé avec tant de...fureur.

-Je ne crois pas que ce soit une bonne idée chéri...

-Si tu veux enfin tourner la page et te sentir en paix avec cette période sombre de ta vie, tu devrais l'envisager mon Wénie. Je ne défends en rien mais connaitre ses raisons t'aiderait peut-être à être moins en colère contre lui qui sait.

-Hummm tu n'as peut-être pas tort au fond.

-Penses-y sérieusement alors.

-D'accord. Mais en attendant, pourrais-je avoir de tes crêpes ?

-Mais bien sûr ! J'avais peur que tu ne les manges pas...

-Je les aime trop pour ça voyons chéri.

-OK bouge pas ! J'arrive avec pendant que tu lances le film.

-Mais au fait ! Pourquoi avoir choisi ce film en particulier ?!

-Bah parce qu'il se déroule pendant les fêtes de Noël et que tu adores ça voyons.

-Oh t'es un amour ! Je t'adore !

-Oui je sais.

Wenie se redresse pour s'asseoir dans le sofa et moi j'en profite pour m'éclipser. Je lui fais un petit clin d'œil sarcastique puis je file en cuisine lui chercher ses crêpes.