Célian & Lowen

XXVII

PDV de Lowen

Non mais c'est une blague ou quoi ?!

Encore cet Adrian dans mon petit Franprix préféré et dans mon quartier.

Vraiment super !

Effectivement, il a vieilli mais il n'a quasiment pas changé. Il est resté beau garçon.

Heureusement qu'il ignore à quoi je ressemble.

Je ne comprends plus rien moi. En vieillissant et encore plus à la retraite, les gens ont plutôt tendance à quitter la capitale pour aller s'installer dans le sud. Mais lui, au lieu d'y rester, il débarque à Paris.

Non mais attends... C'est qui ce beau brun avec lui ?! Purée, il tape dans les plus jeunes sans complexe dit donc vu comment il s'affiche avec...

Je feins de continuer mes courses en remplissant mon caddie d'un paquet de sucre en poudre pour l'espionner tranquillement.

Mais mon cœur manque s'arrêter d'un coup quand je pense avoir reconnu les traits de profil de cet enculé de Serges de mes deux.

Je commence à me sentir mal. Tout mon corps se tend d'un coup et je halète la mâchoire serrée.

Bah vas-y, retourne toi connard !

Rien qu'en repensant à lui et son sourire narquois, mon nez me fait mal subitement.

Sans m'en rendre compte, je presse le paquet de sucre si fort dans ma main qu'il finit par s'éventrer et son contenu se repend sur mes autres articles.

Et merde... Je soupire dégoûté.

Une petite tape dans le dos m'extirpe de ma mission d'espionnage.

-Lowen ?!

Je me retourne croyant reconnaître cette voix mais il n'en est rien.

Une revenante... Et une de plus...

Je vais devoir finir par boycotter mon petit Franprix préféré pour le bien-être de tous et surtout pour celui de mon état mental.

-Stéphanie ?! C'est toi ?

-Non, c'est Stéphane maintenant...

En effet, sa voix d'une octave plus grave m'a mis le doute de dos mais c'est bien mon ancienne copine Stéphanie avec laquelle je faisais les quatre cents coups plus jeune.

Elle a changé physiquement bien évidemment.Plus garçonne. Plus mâle. Elle a même une petite barbe de trois jours qui lui mange tout le bas du visage mais ses yeux sont restés les mêmes. La même expression. La même douceur et exactement la même couleur noisette. Et quand je le regarde j'y vois ma Stephanie.

On se sourit quelques secondes avant de se prendre dans les bras.

Elle m'avait tellement manqué. Le destin a fait qu'on s'est perdu de vue depuis des années. Et aujourd'hui par le plus grand des hasards, je la retrouve dans mon quartier. C'est juste fou...

J'en reste sans voix à la regarder avec beaucoup d'attention. Je peine à réaliser que je l'ai devant moi. On se tient les deux mains sans pouvoir se lâcher.

Pas une seule seconde j'aurais imaginé la revoir un jour.

-Oh mon Lowen chéri...Mais tu n'as pas changé d'un yota toi. Elle me caresse la joue et la pince légèrement avec son index et son pouce.

-Eh bien toi, c'est tout le contraire !

-Tu as vu ça ! C'est une très longue histoire combinée d'une très longue traversée éprouvante pour moi. Elle me sourit les yeux humides et les sourcils froncés.

-Oh ma chérie....Quand je te vois aujourd'hui, j'imagine bien.

-Écoute, je vais devoir y aller car ma chérie qui déteste faire les courses m'attend dans la voiture mais j'aimerais qu'on se revoit pour parler de toutes ces années passées.

-Mais bien sûr ma belle ! Enfin bien sûr Stéphane...désolé... Prends mon numéro et je vais prendre le tien. Il faudrait qu'on se revoit rapidement avant les fêtes.

-Bien sûr. J'ai un créneau la semaine prochaine si tu veux ?

-Parfait. Je te confirme ça très vite alors.

On échange nos numéros en prenant soin de ne pas se tromper d'un chiffre.

Je la sens aussi excitée que moi. Ça fait plaisir.

-Byebye mon Lowen. Elle me fait un petit clin d'œil comme elle le faisait déjà à l'époque.

-Bye Stéphane ! Et moi je lui fais un petit coucou de la main.

Je la regarde se diriger avec son petit panier plein vers les caisses du magasin. Même sa démarche est presque identique.

J'en reste encore estomaqué.

A en oublier mon paquet de sucre à moitié renversé partout sur mes articles et le fameux Adrian avec son sosie de cet saleté de Serges.

Zut ! Je ne les vois plus...

Bon ! Tant pis. De toute façon moi aussi j'ai terminé mes courses alors je vais me rentrer.

Quand je vais raconter ça à Cécé...