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PDV de Stéphane

Le pur hasard de la vie m'a ramené à mon Lowen

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Le pur hasard de la vie m'a ramené à mon Lowen.

J'ai encore beaucoup de mal à y croire. Mais je suis le plus heureux. Enfin...

Après tant d'années de souffrance et de galère à tenter de me trouver moi-même.

Je n'ai pas su mettre le mot sur ce que j'étais réellement car je l'ignorais simplement.

A mon époque, ce genre de choses n'existaient pas et ne se concevaient pas et encore moins dans le milieu où j'ai grandi. Les homosexuels étaient déjà considérés comme pire que des parias.

Alors un transexuel... Je vous laisse imaginer...

Avoir rencontré ma Marion m'a aussi énormément aidé. Car j'ai vécu très longtemps seul. Sûrement parce que j'avais du mal à m'assumer. Enfin, plutôt peur serait le plus juste. Alors imaginer que quelqu'un m'accepterait comme je suis était impensable.

Bientôt sept ans qu'on est ensemble et c'est le premier Noël qu'elle m'invite à passer chez sa famille. Ils savent tous que j'existe pourtant mais Marion est secrète et ne ressent pas le besoin de tout partager avec eux. Ce que je respecte tout à fait.

Mes rapports avec ma famille ont toujours été désagréables. Ils sont bourrés de préjugés sur à peu près tout.

Je vous laisse donc imaginer mon enfance auprès d'eux. A 18 ans j'ai pris mes distances autant physiquement que psychologiquement avec elle. Il en relevait de ma propre survie. Je me suis toujours senti différent mais je ne pouvais en parler à personne.

Au début, j'ai juste cru que j'étais lesbienne à l'époque. Mais quand j'ai commencé à fréquenter ma première petite-amie, j'ai bien senti que quelque chose clochait en moi.

Mon désir pour le corps féminin a toujours été mais mes pensées, mes envies et surtout ma manière de réfléchir ne reflétait en rien la femme que j'étais.

Tous les matins en me levant, la même déception m'attendait face au miroir de ma salle de bain : pourquoi ce n'est pas le vrai moi que je vois se reflèter dans la glace  ?

Pour moi, c'est bien simple : j'avais cette impression constante d'être dans le corps d'un autre.

Comme dans cette série des années 90 "Code quantum" où le héros se réveille perpétuellement dans le corps d'un autre et où il doit s'efforcer d'emprunter les mimiques et autres habitudes de son hôte. Sauf que pour lui, cette obligation ne dépassait pas les quelques jours. Alors que moi je devais endurer ça depuis mon plus jeune âge sans avoir personne autour de moi pour en parler. Et plus les années passaient et plus mon mal-être grandissait.

Je crois que ma puberté a été la période la plus infecte pour moi. Voir mon corps se féminiser un peu plus chaque jour avec l'arrivée de mes règles à mes 11 ans a sonné le glas de mon désarroi.

Ma voix, ma poitrine, mes hanches, mon pubis se métamorphosaient et me faisaient m'éloigner de mon idéal masculin.

Je ne supportais pas que les garçons m'abordent pour me draguer ou juste me faire un simple compliment. Mais à l'époque, j'ai dû apprendre à le cacher pour m'éviter bien des soucis.

Je me suis mis en mode automate pendant tant d'années que je me suis auto-mutilé l'esprit. Le déni a été si fort qu'il m'en a rendu malade.

Longtemps j'ai souffert du syndrome dépressif. Ce qui m'a poussé à suivre une thérapie. Je luttais contre ma vraie nature avec la fameuse méthode Coué. Je me rabâchais intérieurement et continuellement que j'étais juste une femme attirée par d'autres femmes et que je devais l'accepter simplement.

Mais accepter l'inacceptable est impossible.

***

Nous habitons à Caen aujourd'hui et les parents de Marion à Paris. Le jour où j'ai croisé mon Lowen, je faisais quelques courses avant de rentrer à l'hôtel où nous hébergeons. L'appartement de ses parents étant trop petit pour nous accueillir.

Je ne vous cache pas que je stresse un peu tout de même. Ils ignorent que je suis transexuel. Bien que j'ai subi ma transformation complète il y a déjà deux ans et que mon changement d'identité officiel s'est clôturé il y a six mois déjà.

Marion et moi l'avons d'ailleurs fêté dignement ce jour-là. C'était un jour mémorable. J'en ai pleuré tellement l'émotion était forte. C'était l'aboutissement de celui que j'ai toujours été et dont je luttais tant contre à cause du poids trop lourd du jugement de notre société.

Même si on veut l'ignorer. Meme si on n'en prend pas compte, il est constamment là pour nous rappeler que l'on est rien. Que l'on ne vaut rien. Qu'on est tout juste bon à disparaître car des ignares estiment qu'on n'a pas notre place ici bas.

C'est écœurant. Révoltant. Affligeant. Désespérant même.

Car ces gens-là comme ils aiment tellement à nous appeler sont des frères, des sœurs, des parents,des enfants, des amis à défaut de n'être que de parfaits inconnus également. Mais ça ils l'annihilent volontairement par le plus grand biais de leur hypocrisie.

Cette même hypocrisie qui finira par les tuer un jour où l'autre sans qu'ils ne s'en aperçoivent.

Ils oublient qu'un jour ou l'autre on est tous concerner par une discrimination dont  chacun d'entre nous en subit les ravages.

Et tout ça, pourquoi ?!

Parce qu'ils ne s'assument pas et refusent de devenir qui ils sont déjà.

Ma page à moi de souffrance est belle et bien tournée et jen suis autant heureux que reconnaissant car j'aurais pu mal finir mais je suis encore là et je compte bien en profiter.

Dans quelques heures, je m'apprête à revoir mon Lowen et son fameux Célian qu'il aime tant. Je leur présenterai l'amour de ma vie aussi.

J'ai hâte.

J'ai l'impression qu'un nouveau chapitre s'ouvre pour moi et qu'il s'annonce des plus sympas.

Célian & LowenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant