Amour Vaillant

Chapitre 8

Tandis que ma soirée tendait vers sa fin tout en beauté, ce cher nouveau collègue Michael me gratifia encore de sa mauvaise éducation. En effet, il venait à l'instant de débouler dans mon bureau le visage assombri par la colère. Non mais s'il croyait me faire peur avec ces intimidations, il pouvait toujours courir. Armé de courage, je me retournais lui servant à mon tour, mon regard le plus glacial

— On frappe avant d'entrer!

Énonçais  je la mine endurci l'indiquant la porte qu'il avait laissée à moitié ouverte. Afin d'essayer de m'apaiser, et ne pas commettre le péché de colère à cause de cet homme, je me retournais et continuais de ranger mes affaires comme si je n'avais jamais été interrompue. Apparemment ce comportement pacifique énerva le pénaliste encore plus. Sans scrupules, Michael me saisit le bras et me força à lui faire face à nouveau.

— Où crois-tu être toi?

Je l'affrontais du regard et décidais de pas lui répondre, ça ne servait à rien. Je ne voulais pas qu'il y'est un incident de plus

— Ce petit jeu t'amuse?
— De quoi tu parles?
— Pas de ça avec moi!
— Mais enfin de quoi parles-tu là?
— Écoute-moi bien

On enchaînait nos répliques sans souffler

— Que ce soit bien clair dans ta petite tête, je ne suis pas et je ne serai jamais au même bas niveau que toi! Les petits noirs et les blancs n'ont rien avoir à faire ensemble! Moi j'appartiens à la classe supérieure, toi non! Et donc...
— Classe supérieure en quoi?
— En tout! Dans tous les domaines nous excellons! Vous, vous n'existez que pour servir les autres, vous êtes petits et faibles! La classe des dominés vous est tienne, alors reste bien à ta place et ne vient pas m'enquiquiner!

Mon Dieu j'y croyais pas. Cet homme était sans esprit, cela faisait de lui un idiot avec des propos d'attardé, mais je refusais de laisser la colère et la douleur se peindre sur mon visage et lui donner ainsi matière à jubilation, un sourire arrogant étira mes lèvres

— Ta soi-disant classe supérieure, ne s'est construite que sur les cadavres des autres races qu'elle a semé sur son chemin périlleux vers le progrès. Vous vous enrichissez aux dépens des noirs, des arabes, voilà ce qu'est les hommes blancs. Vous tuez pour ensuite vous servir dans les réserves des autres qui pourtant vous ouvrent les portes de leurs demeures à coeur joie
— C'est de notre faute si vous êtes tous nés idiots?
— Serviable

Je le corrigeais

— Serviable et généreux voilà ce qu'est ma communauté

Il eut un rire amer

— Albert Camus disait: la bêtise insiste toujours alors je vais te laisser insister. Je ne vais pas perdre mon temps à discuter avec une personne de ton genre qui ne comprend rien
— Alors sort de mon bureau

Il fit un pas de plus l'air très menaçant

— Tu crois vraiment qu'être dans la même pièce que toi me plaît? Rien que ta présence et ton apparence me révulsent et c'est pareil pour tes semblables aussi noir les uns que les autres!

J'en avais marre, je ne pouvais plus l'écouter, qu'il se taise. J'implorais Dieu qu'il me donne la maîtrise car s'il m'envoyait la force, j'allais casser cette chaise dans sa figure. Mes yeux devinrent humides sans que je puisse les contrôler. Là, Michael rapprocha à nouveau son visage, nous n'étions plus qu'à quelques centimètres, il mit ses deux mains derrière son dos pour éviter ne serait-ce que de me frôler

— Je suis venue te dire pour la troisième fois d'arrêter de me casser les pieds. J'appartiens à cette patrie plus que toi, et Philippe est un intime à moi alors tu comprends par là qu'il me serait très facile de te faire dégager d'ici et même de ce pays.
— Si tu crois vraiment que Philippe Evans échangerait une personne telle que moi pour un malade mental dans ton genre, alors là, tu te goures complètement