Chapitre 29

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— Bip bip bip

Voici le son qui résonnait en boucle dans mes oreilles. Tandis que ce bruit émanait du moniteur branché à son corps, les respirations lentes de Maya se montraient à peine à travers la grande vitre face à laquelle je me tenais.

L'ambiance chaotique de l'hôpital où elle était admise rendait encore ce moment plus attristant. Chaque signe vitaux correspondait à un brin d'espoir dans mon cœur. Je voulais tant qu'elle ouvre ses yeux, elle ne devait pas mourir, je n'allais pas le supporter, je n'allais pas pouvoir vivre avec sa mort sur ma conscience. J'avais assez causé de mal dans ma vie comme ça.

— Aller

Soufflais-je inconsciemment. Cette doléance avait franchi la barrière de mes lèvres, mon cœur atrophié en avait assez de contenir ce chagrin, cette culpabilité effroyable. Je m'approchais encore un peu plus de la vitre, et de la naissance de mes doigts, je la frôlais. J'avais si peur pour sa vie, une vie qui par ma faute était peut-être bousillée à jamais.

Elle paraissait si fragile là allongée dans sa blouse d'hôpital, le corps frêle emplit de tuyau, sa peau était beaucoup égratignée, son visage contusionné était encombré par un masque à gaz sans lequel elle serait peut-être déjà morte. Tout ça c'est ta faute. Me dit encore cette voix que je ne supportais plus, j'allais devenir fou à force de l'écouter, la conscience était réellement la plus grande des prisons, une prison sans barreaux qui était insupportable. Elle nous persécutait à chaque seconde sans pouvoir lui échapper si ce n'était par la mort.

Que Maya ouvre les yeux, c'est tout ce que je demandais, non je le suppliais à genoux. Là, une larme franchit la barrière de mes yeux sans que je ne puisse l'arrêter. Elle représentait la douleur, l'angoisse, la culpabilité qui alimentaient mes jours depuis l'accident, je regrettais tellement ce jour. Avant qu'une deuxième ne menace de rouler, j'apportais ma main à mon visage et je l'essuyais. Je ne voulais pas pleurer, non. Ça ne ressoudait rien de toute façon.

— Monsieur?

Je me retournais au son de la voix de cette inconnue

— Vous êtes de la famille?

Me demanda l'infirmière un sourire aux lèvres. Je pris un temps pour la détailler avant de répondre, elle avait les cheveux noirs attachés en une queue-de-cheval basse, son nez retroussé lui donnait un visage doux, son ensemble allait avec ses godasses blanches d'infirmières. Petite de taille, je lui dominais de ma hauteur. En vérité je ne savais pas trop quoi répondre, me contentant de juste la regarder. Alors des secondes s'écoulèrent sans que personne ne parle.

— Je... non je...

Dis-je peiné, je tentas de dire quelque chose pendant que je me battais intérieurement pour ne pas pleurer devant cette inconnue.

— Oh, vous devez être le meilleur ami? Ou alors le copain?

Conclut elle. Après un sourire, elle me prit par le bras

— Aller ne restez pas là. Prenez votre courage et entrez la voir. Vous pouvez même la parler, elle vous écoute.

Me dit elle, mon Dieu qu'elle était sympa et accueillante, mais elle faisait fausse route. Je n'étais rien de tout ça, j'étais même l'opposé, sûrement son ennemi, bizarrement je n'eus pas la force de refuser son invitation et donc avant que je le réalise, j'étais déjà là, debout près de Maya. La jeune infirmière parti, nous n'étions plus qu'à deux, seul le bruit des appareils médicaux nous accompagnait.

J'étais là perchée tel un idiot, les épaules affaissées ne sachant pas quoi dire. Je ne sais même pas ce que je fabriquais dans cette pièce, ça n'avait pas de sens. Je devais partir, mais je voulais rester également. Dans le fond je me disais que peut-être ma présence lui ferait ouvrir les yeux comme dans les films. Balivernes, ça ne marchait que pour les gens qui s'aimaient. Et Maya me haïssait sûrement après ce que je lui avais fait et bon moi, je ne savais plus.

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