Amour Vaillant

Chapitre 53

Ce fut à mon tour, j'étais un tout petit peu anxieux mais je décidais de foncer quand même. Autant en terminer étant donné que j'étais déjà là, pensais-je. Après une dernière inspiration, je tournais la poignée de la porte.

Au son du léger couinement, l'homme âgé de la cinquantaine ou un peu plus leva la tête et ajusta ses lunettes. J'étais vraiment au bout du rouleau pour venir voir cet homme mais bon, vu ses traits asiatiques, je me dis qu'il devait être un sage maîtrisant tous les aspects du cerveau humain. Ces gens avaient la réputation d'être des surdoués.

— Bonjour Michael. Je suis content que vous vous soyez et enfin décidé à rentrer aujourd'hui.

Il me sourit de ses petites dents. Oh mon Dieu j'avais déjà envie de prendre mes jambes à mon cou.

— Prenez place. Me dit-il en me désignant un siège.

Je le fis donc et m'assis face à l'homme toujours aussi crispé qu'à mon entrée.

— Je m'attendais à recevoir un lapin de votre part encore une fois.
— Aujourd'hui je me suis finalement décidé à faire le grand saut sans trop réfléchir. Dis-je impassible.
— Nous sommes à quatre rendez-vous annulé. Quoi la peur de l'inconnu ? Ou alors la nouveauté ?

Je pris du temps avant de répondre au thérapeute et après l'avoir dévisagé, je détournais le regard. Je détestais ces idioties. Bon sang mais qu'est-ce que je faisais là ? Tout ça s'était à cause de Sonia, elle avait toujours des idées folles à me proposer.

— Je suis ici parce que je veux parler sans être jugé. Je n'attends pas d'être compris. Je cherche juste à me vider tranquillement, je veux simplement...

Je marquais une pause. Tandis que l'homme m'écoutait patiemment, moi j'étais carrément parti sur la défensive. Je devais impérativement me calmer. Ce médecin pour comportement humain n'était en rien mon ennemi.

— Je recherche une orientation. Conclus-je à faible voix le regard bas.

Le thérapeute ne répondit pas tout de suite et après avoir analysé prudemment mes paroles, il se leva et quand je relevais la tête afin de le regarder une minute, je constatai qu'il était déjà à mes côtés les mains tendues vers la gauche. Il m'indiqua le divan derrière moi.

— Vous voulez bien qu'on aille par là ?

Me proposa-t-il gentiment le sourire aux lèvres. Comme un peu rassuré, j'opinais, et je me levais afin de suivre le médecin. Le docteur Dan Wang s'assit avec son calepin en main ainsi que son stylo prêt à noter puis il croisa les jambes. Je le regardais un moment puis installé en face, je croisais me bras sur ma poitrine.

— Vous ne comptez pas beaucoup me dire avec cette posture.

Fit-il le nez plongé dans son carnet indiquant rapidement et d'une façon anodine ma position. Je fronçais les sourcils pas sûr de bien comprendre. Wang comprit mon soudain égarement et il me sourit simplement.

— Bien Michael. Qu'est-ce qui vous amène ? Quel est ce poids qui vous tracasse tant ?

Je soupirais et après avoir froncé les sourcils, je décidais de porter mon regard vers un point fixe afin d'être plus à l'aise et lorsque je fis tout remonter à la surface en moi, je me mis à lui raconter ma vie. Enfin mes petits soucis, ces moments d'indécision, de troubles par lequel je passais ces derniers mois.

Le psy m'écouta attentivement et c'est ainsi que je passais la fin de mon après-midi enfermé dans ce bureau avec cet homme qui était censé éclairer ma lanterne et lorsque 17h30 sonna, je sortis de ma première consultation et je clôturais mon samedi en beauté en restant enfermé chez moi à réfléchir à ma vie et travailler un peu.