Chapitre 19

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Pourquoi est-ce qu'il avait fallu que Philippe m'oblige à venir à ce salon professionnel stupide? À deux ça aurait encore suffi, mais avec pocahantas du barreau en plus, les conditions étaient différentes. Je ne voulais pas la sentir, je détestais me tenir à ses côtés. Pas seulement parce qu'elle était noire, non, ma haine pour elle était différente. Le peu de temps qu'on avait passé ensemble à se côtoyer, était un vrai cauchemar, jamais on ne m'avait autant énervé.

Elle se plaçait en deuxième position dans mon classement après Léon Chike, ce Nigérian corrompu qui avait vidé les caisses de l'entreprise de papa et c'était envolé avec le tout, détruisant ainsi la compagnie aérienne. Ce psychopathe nous avait plongé dans une situation des plus catastrophiques et merdiques. En faillite, j'avais dû plonger dans mes revenus personnels pour payer les dettes de la société qui s'étaient pointés du jour au lendemain.

Clients, actionnaires, salariés, il avait fallu rembourser tout le petit monde, pour ce qui était des procès, ma famille n'était pas en reste, j'avais jamais autant fréquenté les tribunaux en moins de temps dans ma vie à cette époque là. En plus de cette pression, il avait aussi fallu que je m'occupe de la folie des journalistes. Ils nous étaient tombés dessus, ils voulaient tous des explications et j'avais bien été obligé de les donner. Expliquer au monde ce qui arrivait. La pire humiliation de ma vie. Cette histoire m'avait limite ruiné, obligé de me refaire après ces successions de tragédie, j'avais été contraint d'aller me réfugier un peu dans l'Oregon.

La petite ville d'Astoria était parfaite pour disparaître. C'était si ironique qu'en décidant de revenir, une pâle copie de Léon Chike soit dans le cabinet où j'avais choisi de redorer ma plaque. Cette fois, je ne comptais pas me laisser avoir, j'allais frapper le premier. Ma stratégie était simple. Faire passer cette idiote de Maï pour la pire des incompétentes, et jusqu'à aujourd'hui, ça marchait bien. Cette Mia allait de gaffe en gaffe. Mais aujourd'hui, les choses semblaient échapper à mes prévisions.

En me portant volontaire pour aller chercher son cocktail à Mia tout juste avant qu'elle n'entame sa discussion de travail avec l'homme d'affaires Louis Simpson, mon plan était simple: en effet, lors de notre dernière dispute au restaurant, j'avais entendu par pur hasard que la pauvre femme était allergique aux épices et donc quoi de mieux que de lui provoquer une indigestion devant son potentiel client, afin de la foutre dans l'embarras total et l'incapacité intellectuelle, c'était parfait.

Tandis que je croyais que ce cocktail Daiquiri au goût relevé allait conduire notre cher maître aux toilettes pendant le reste de la journée, non au lieu de son intestin, c'était sa bouche qui avait été atteinte.

Comment je pouvais deviner qu'elle était autant hyper allergique aux épices enfin plus précisément à la cardamome comme elle le disait? Pendant une seconde, j'eus un soupçon de remords mais cela s'effaça vite de mon esprit. Ce n'était pas la fin du monde une glossite. Sa langue allait bien finir par désenfler, ce n'était pas une calamité. Aux urgences où Philippe l'avait emmené, j'espérais même de tout coeur qu'ils allaient la garder pour plusieurs jours. Ça allait me faire des vacances.

Tandis que j'étais tranquillement entrain de travailler dans mon bureau en cette nouvelle journée, ma porte s'ouvrît à la volée et laissa apparaître un Philippe mécontent. Je savais pourquoi il était là. L'histoire de cocktail d'hier, il en avait encore en travers de la gorge et franchement ce matin j'étais tout sauf d'humeur pour recevoir des blâmes inutiles tel un gamin. Je voulais la paix, paix que visiblement Philippe était incapable de m'accorder. À peine était-il là qu'il me faisait déjà des remontrances.

— Elle t'avait pourtant dit qu'elle ne supportait pas les épices! pourquoi est-ce qu'il a fallu diable que tu ailles lui chercher ce daiquiri à la cardamome?
— Je ne vais pas le répéter Phil, j'en savais rien ok? La prochaine fois elle n'aura qu'à se balader avec son carnet de soins!

Amour Vaillant Où les histoires vivent. Découvrez maintenant