Chapitre 17

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15 avril, 21h00, chez les Parkos

   La reine et le prince mangent dans le silence alors que la famille Parkos est mal à l'aise. Le repas se termine et la femme débarrasse la table.

" Je vous ai préparé une chambre, vous devez être fatigués après cette longue journée. Dit elle gentiment.
- C'est très aimable de votre part. Répond la reine."

   Les futurs souverains suivent la vieille femme jusqu'à la chambre puis cette dernière se retire.

" Pourquoi tenais tu tant à ce qu'on reste ici pour la nuit? Demande le prince.
- Il n'y a pas si longtemps, je vivais dans une ferme comme celle-ci, et c'est à ma famille qu'on venait réclamer de l'argent. Répond la reine.
- Ce n'était pas ta vraie famille. Constate le prince alors qu'elle le fusille du regard.
- Ça ne change rien pour moi. Ils m'ont élevé comme ils l'ont fait avec Marie. Répond cette dernière sèchement.
- Je ne voulais pas t'offusquer. Je veux juste apprendre à te connaître. Affirme Tyako en s'asseyant.
- Pourquoi voudrais tu me connaître? Tu ne veux pas de moi dans ton château et tu ne veux pas m'épouser. Tu as déjà ta maîtresse. Déclare la reine en se dirigeant vers la porte.
- Je ne veux pas que cela se passe comme cela entre nous. J'aimerai que nous soyons amis pour le moment et peut-être que ça évoluera avec le temps. Enchaîne le prince alors qu'elle soupire.
- Même si ça n'évolue pas, nos royaumes ont besoin de cette alliance pour survivre et le roi Conor veut que notre union ait lieu, nous n'avons pas le choix. Elle lui avoue en se tournant vers lui.
- Ne crois tu pas qu'avec le temps nous puissions devenir plus que des amis? Demande Tyako.
- Nous deviendrons les souverains de deux royaumes très puissants. Répond Meadow.
- Ne crois tu pas que nous puissions éprouver autre chose et que notre union ne soit pas que politique? Ne crois tu donc pas en l'amour Meadow? S'étonne le prince en se levant.
- Comment pourrais je y croire Tyako? Je ne l'ai jamais vécu même en pensant n'être qu'une pauvre paysanne. Répond la reine. Maintenant je suis devenue une reine qui doit se marier pour avoir des héritiers et pour faire des alliances solides pour sa nation. Elle ajoute sérieusement. Les gens de notre rang peuvent faire énormément de choses Tyako, nous avons beaucoup de privilèges mais nous n'avons pas tout. Enchaîne la souveraine. Il nous manque deux choses à notre niveau, deux choses auxquelles nous n'avons pas d'accès. L'amour et la liberté sont les seuls privilèges qui nous seront toujours refusés en tant que souverains et j'essaye de me faire à cette vie depuis que j'ai appris pour mon rang.. Termine enfin la jeune femme."

   Le jeune prince reste sans voix, la reine quitte la pièce pour aller voir son jeune cheval. Elle caresse ce dernier ainsi que Heda pour qu'il n'y ait pas de jaloux. Le prince finit par sortir de la maison pour la rejoindre. Il s'appuie sur la barrière du pré et se racle la gorge pour que la reine remarque sa présence.

" On ne m'avait jamais exposé ce point de vue et je le trouve extrêmement pessimiste. Déclare le prince.
- Et pourtant ce n'est que la stricte vérité ne crois tu pas? Rétorque la reine.
- Non, je pense qu'avec le temps, on pourrait devenir un vrai couple, quand on se connaîtra un peu plus j'espère qu'on sera plus qu'un couple politique. Affirme Tyako.
- J'aimerai que ça se passe ainsi mais il n'y a que très peu de chance et je ne veux pas attendre quelque chose qui pourrait ne jamais arriver. Répond Meadow.
- Comment peux tu voir la vie de cette façon alors que tu n'as pas encore vécu le pire? S'interroge le jeune homme en passant par dessus la barrière.
- Ma mère a été assassinée, mon père m'a abandonné, mes parents adoptifs ont été tués parce qu'ils ont eu le malheur de m'avoir élevé, mon royaume ne croit pas en moi et le tien non plus. Commence la femme. Celle que je considère comme ma sœur a perdu ses parents par ma faute et encore aujourd'hui je peux voir qu'elle en souffre et à quel point ils lui manquent. L'amour n'est qu'un luxe inaccessible que tout le monde rêve de connaître sans savoir qu'il est éphémère et surfait. Répond la reine en caressant son étalon.
- Tu vois vraiment notre monde comme une prison. Comprend Tyako.
- Mais ce monde en est une. Nous sommes des prisonniers mais nous ne vivons pas dans un donjon mais dans une cage dorée. Je suis persuadée que tu n'en penses pas moins sinon pourquoi fuir notre monde en partant au galop avec Heda? Questionne la reine avec un sourire en coin, elle s'allonge alors dans le champ, regardant les étoiles. Vivre dans la haute société, être devenue reine d'Azgheda, devoir faire ce qu'il faut pour une nation et bientôt deux, ce n'est pas la vraie vie. Déclare Meadow avec un soupir.
- Pourquoi dis tu cela? Nous avons une belle vie, de nombreux privilèges. Beaucoup de personnes tueraient pour avoir ne serait ce qu'un tiers de ce que l'on possède. Répond le futur roi en s'allongeant à côté d'elle.
- Je leur laisserai avec grand plaisir si c'était possible. Je n'aime pas la vie que j'ai maintenant, j'aimais mieux vivre dans une ferme. Lui avoue la reine. Nous avions souvent des problèmes d'argent mais c'est ce que j'appelle la vraie vie. Je vivais avec des gens en qui je pouvais avoir confiance et je pouvais faire ce qu'il me plaisait, me balader et aller importuner les commerçants du village. Rigole Meadow. J'étais Lexa, une jeune fille qui ne cherchait qu'un divertissement. Elle regarde les étoiles avec un air nostalgique. Maintenant je suis Meadow d'Azgheda, la reine du royaume d'Azgheda, je vis à la cour du roi Conor de South-Heaven, entourée par des gens en qui je ne peux avoir confiance parce qu'ils ne veulent que mon titre, mon argent, mon royaume ou pire, ma vertu. Je ne suis plus qu'un pion sur un échiquier, celui que tout le monde veut voir tomber, celui qu'on surveille à chaque seconde pour trouver une faille. Ce n'est pas une vie, c'est juste une question de survie maintenant, il faut juste savoir quand est-ce que la partie prendra fin. Termine la reine en se redressant, elle regarde le prince qui la juge du regard.
- Moi je suis ton allié, je te protégerai contre tous les gens fourbes de la cour de mon père et qui sait, peut-être arriverons nous à importuner les domestiques et à arrêter de vivre aux dépends des autres. Répond finalement le prince alors que la reine rigole.
- Peut-être serons nous amis avec le temps finalement. Admet la reine alors que le prince sourit.
- Nous ferions mieux de rentrer nous coucher. Déclare finalement le prince en se relevant.
- Vous avez raison. Il se fait tard et une longue route nous attend demain pour rentrer. Ajoute la reine en faisant de même."

   Les deux souverains retournent dans la vieille maison des Parkos et se retirent dans leur chambre pour pouvoir dormir.

Le destin d'une reineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant