Le destin d'une reine

Chapitre 20

17 avril, 6h49, château de South-Heaven.

   Tyako a très mal dormi, la nuit a été longue pour lui. Un mauvais pressentiment l'a envahi au moment où il s'est mis au lit et ne l'a pas quitté depuis mais il n'arrive pas à mettre un nom dessus.
   Il se lève, de mauvaise humeur à cause de cette nuit agitée. Il se prépare avant d'aller prendre son petit-déjeuner en compagnie de ses parents et de la reine d'Azgheda.
   Il arrive dans la grande salle dans laquelle est servi le repas mais à sa grande surprise, Meadow n'est pas là.

" Meadow n'est pas ici? S'étonne Tyako.
- Ce n'est pas étonnant, vous êtes rentrés tard fils. Elle doit sûrement se reposer. Répond la reine de South-Heaven.
- Je ne suis pas sûre mère. Ce n'est pas dans ses habitudes, je préfère aller vérifier si cela ne vous dérange pas. S'inquiète le prince.
- Fais comme bon te semble fils, après tout elle est ta fiancée, va la voir si cela te rassure. Répond le roi Conor avec un grand sourire."

   Le prince quitte la pièce aussi vite que possible et se dirige vers les appartements de la reine d'Azgheda. Le garde est toujours devant la porte mais cela ne rassure pas Tyako pour autant.

" Mon prince! Le salue le garde.
- La reine n'est pas sortie de ses appartements? Questionne le prince.
- Non, il n'y a pas un bruit depuis ce matin. Elle doit dormir profondément. Répond le garde.
- Je vais aller vérifier. S'exclame le prince.
- Elle m'a dit ne pas vouloir être dérangée jusqu'à ce qu'elle sorte. Rétorque le garde en lui barrant le chemin.
- Je suis votre futur roi alors écartez vous si vous ne voulez pas finir au cachot. Ordonne Tyako d'un ton supérieur."

   Le garde s'écarte de la porte et Tyako entre. Toutes ses craintes se confirment lorsqu'il voit la lettre et la couronne de la reine sur le lit de cette dernière qui n'est même pas défait. Il attrape la lettre d'une main tremblante.

" Je ne pense pas me tromper si j'affirme que c'est toi Tyako qui a trouvé cette lettre, de toute façon peu de personnes pourrait passer le garde devant la porte si ce n'est le prince du château.
   Je sais que tu n'es pas naïf et que tu as compris que j'ai quitté le royaume. Ça revient à rompre nos fiançailles, j'en ai pleinement conscience et même si cela me désole, je n'ai pas d'autres choix. Je ne suis pas faite pour la vie de château, cela représente trop de dangers, trop de complications et trop d'attentes.
   Il me semble te l'avoir dit un jour, je ne veux vivre aux attentes de personnes. Je ne suis tout simplement pas une vraie reine.

   Tu dois certainement me haïr pour t'avoir abandonné aussi lâchement mais tu ne m'aurais pas laissé partir, tu es un homme bon alors que je ne suis qu'une gamine écervelée qui grâce à ce voleur s'est rendue compte que le fond de l'homme n'est que ténèbres et les actes n'importent peu car il y aura toujours moyen de les justifier.
   L'homme n'est qu'un prédateur avec un fond aussi noir que Hellfire qui a besoin de conflit pour vivre. Il a besoin de se savoir supérieur pour survivre et je ne veux plus vivre comme cela alors je quitte ce monde et je te lègue Azgheda, à toi. Tous mes vœux de bonheur Tyako, Roi d'Azgheda.

   J'espère que tu comprendras mes actes et que tu me pardonneras pour ma lâcheté. Je ne le saurais jamais puisque nous ne nous reverrons point.

Avec tout mon affection et mon attachement, ton amie Meadow, juste Meadow."

   La lettre finie, le prince attrape la couronne et la met dans un sac sans plus attendre. Il ne prend même pas le temps de changer de vêtements qu'il ressort de la chambre.

" Où allez vous d'un si bon train? Questionne Marie avec un grand sourire.
- Meadow s'est enfuie du château. Si je pars maintenant j'ai peut-être une chance de la rattraper avec qu'elle n'atteigne Azgheda. Répond le prince rapidement.
- Laissez tomber mon prince. Je ne pense pas qu'elle soit partie à Azgheda du moins elle ne sera point au château et de plus vous n'avez aucune chance de la rattraper, elle a une avance considérable et son cheval est beaucoup plus rapide que le vôtre. L'arrête Marie.
- Alors que puis je faire? Je ne veux point d'une autre épouse. Je crois que je commence à ressentir de l'amour pour elle. Désespère le prince avant de lui tendre la lettre.
- Après ce qui lui est arrivée, je suis sûre qu'elle n'est pas retournée au château. Elle ne veut plus être reine alors je pense qu'elle est partie se réfugier dans notre ancienne ferme pour reprendre sa vie de paysanne. Déclare Marie après avoir lu la lettre de Meadow.
- Allons y je vous en prie. Aidez moi à la retrouver. L'implore Tyako.
- Allons y. Soupire Marie."

   Le prince et l'amie de la reine se rendent aux écuries et préparent leurs chevaux. Ils partent à peine leurs chevaux prêts. Le prince ne veut pas perdre une seconde.

" Combien de temps de route avons nous? Questionne Tyako.
- Je dirais un peu plus d'une dizaine d'heures. Répond Marie.
- Tant que cela? Cela veut dire que la reine ne doit pas encore être arrivée. Clame le prince.
- Avec un cheval comme Hellfire? Rigole Marie. Elle est très certainement déjà installée dans notre ancienne demeure. Ajoute-t-elle en secouant la tête.
- Ce n'est point possible. Elle ne peut-être partie avant 23h hier. Cela ne fait que 8h30. Affirme le prince complètement perdu.
- Hellfire est incontestablement le cheval le plus rapide de tous les royaumes confondus. Même le magnifique Heda sur lequel vous êtes perché resterai loin derrière si on les confrontait. Rétorque Marie avec un haussement d'épaules désinvolte.
- Que dites vous là? Heda n'a encore jamais été battu en course. S'indigne Tyako.
- Il y a une première fois à tout votre altesse. Nous avons calculé avec Meadow, bien que je ne pense pas que cette dernière donnerait son accord pour que je vous le dise, Hellfire a déjà réussi à faire une pointe de vitesse sur deux cents mètres environ à une vitesse environnant les quatre-vingt huit kilomètres par heure. Avoue finalement Marie alors que le prince la regarde, incrédule.
- Je ne peux vous croire sur parole pour une chose aussi improbable. Déclare Tyako alors qu'elle hausse les épaules.
- Peu m'importe que vous me croyez ou non. Vous n'aurez qu'à demander une démonstration à sa majesté Meadow quand nous la rejoindrons. Sourit Marie.

   Le chemin se poursuit en silence, ni l'un, ni l'autre ne se sent de parler pendant une demi-journée sans interruption, d'autant plus qu'ils n'ont pas grand chose à se dire.