„I'M SO SORRY !!!"
Installés autour de la table de réunion dans notre petite pièce de travail, mes collègues me contemplaient tous bouche bées, figés dans la position même dans laquelle ils se trouvaient au moment où j'avais balourdé la porte contre le mur d'un coup de pied épique... Bon, okay, j'avais juste foncé dedans comme une idiote, en me bousillant l'épaule au passage.
Installé à ma droite sur la grande table, Richard avait la gueule du gars qui décuve à peine d'une soirée très arrosée : même ses efforts pour soigner son teint et ses cheveux n'y pouvaient rien ; à voir les vibrations incessantes de son téléphone portable sur la table, j'étais prête à parier que la belle-mère de Maxime n'appréciait que très peu. Connaissant le bonhomme, cela ne m'étonnerait même pas qu'il ait d'ailleurs fait autre chose que boire hier soir... Avec une autre que la belle brune que j'avais rencontrée à la soirée, en bonus.
A côté de lui, Till ruminait sa profonde déception en serrant entre ses mains le prototype de la „poupée Paule auto-inflammable" qui, comme son nom l'indique, était une... Poupée Paule... Qui s'auto-enflammait. Toute seule. Sans prévenir. Ne me demandez pas comment ça marche, moi-même je n'en ai aucune idée.
Juste en face de moi, à gauche de Till, se tenait Emu ; notre très cher manager qui devait certainement être en train de répéter pour la énième fois au chanteur pourquoi on ne pouvait se permettre de commercialiser une poupée capable de s'enflammer elle-même (et tout ce qui l'entoure, y comprit des personnes au passage), parce que, de toute évidence, ces raisons-là n'entraient pas dans la logique implacable de Till.
Au bout de la table, Doom s'était levé d'un bond en me voyant entrer complètement paniquée et en sueur, probablement prêt à user de sa voix pour (pas) régler mon problème ; à sa gauche, Ollie avait levé les yeux sur lui pour lui envoyer un regard bien sombre : en se levant aussi vite, il avait fait tomber son skate et faillit l'abîmer. Christoph l'avait remarqué et commençait déjà à prendre sa tête de „agrougrou suis en colère" ; ils n'eurent cependant pas le temps de se beugler dessus : dans l'encadrement de la porte, je me décalai juste à temps pour laisser entrer la véritable furie qui m'accompagnait... Ou ma belle-mamounette, qui s'était transformée en monstre depuis qu'elle avait apprit que je devais me rendre au studio pour une réunion avec mes collègues.
„JE PEUX VENIR JE PEUX VENIR JE PEUX VENIR JE PEUX VENIR ??!!" n'avait-elle cessé de me hurler avec joie dans les oreilles tout au long de la matinée, sous le regard attendri de mon père qui se revoyait il y avait de cela quelques mois, lors de sa première rencontre avec le groupe au complet. Sauf que mon père, lui, n'avait jamais tenté de me faire perdre 30% de mon audition.Derrière moi, Paul jeta un oeil inquiet dans la pièce ; à voir le comportement de Lucille, il semblait avoir comprit ma peur panique à l'idée de l'emmener avec nous. D'ailleurs, c'était son idée.
J'avais eu beau lui répéter que c'était une mauvaise idée, c'était son idée et il avait tenu à la mettre en oeuvre. Paul était beaucoup trop gentil (et beaucoup trop naif), et le fait qu'il ne m'écoute absolument pas m'avait agacé à un point que j'étais à présent prête à laisser les gars en chiens de faïence dans les griffes de Lucille JUSTE pour lui prouver qu'il avait tort (foutue fierté), mais en voyant Till se protéger des assauts de ma belle-mère en dégainant la chaise sur laquelle il était précédemment assis, comme s'il était en train de chasser une quelconque bête sauvage qui se serait introduite dans les bureaux, je commençai moi-même à sérieusement m'inquiéter.
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Comment j'ai fais ? [RAMMSTEIN]
FanfictionTout allait bien, avant. J'allais en cours à la fac, je jouais sur mon synthétiseur, je mangeais mes patates smileys après la gym... Puis, un beau jour, mon père a eu la brillante idée de me faire participer à un casting. CONTRE MA VOLONTE. Oh, puis...