Je n'osais imaginer la réaction de mon père quand j'allais lui raconter ce que je venais de faire... Peut-être était-ce mieux si je gardais le téléphone éloigné de mon oreille, par précaution. Sa fille, sa petite fifille à lui, jouant aux côtés de son groupe préféré ! Je craignais de l'en faire mourir de bonheur.
J'allais en avoir, des choses à lui raconter ; je crois que nous avons passé une bonne partie de l'après-midi à jouer ensemble. Les gars me donnaient des conseils, et je n'en revenais pas d'être traitée avec autant de respect et d'égard alors que j'étais beaucoup plus jeune et beaucoup moins experimentée qu'eux. C'était merveilleux ! Je commençais peu à peu à me détendre, aussi, et je crois qu'ils en étaient ravis.Lorsque ce premier test toucha à sa fin, Flake vint de nouveau à ma rencontre et me complimenta chaleureusement sur ma prestation. Il me confia même espérer que ce soit moi qui soit prise pour le remplacer en 2019... J'en rougis de plaisir. Je ne m'attendais pas à de tels compliments, j'étais venue dans ce studio en étant persuadée de me ridiculiser !
Pour ce qui est du deuxième test... J'y allais en tremblotant (comme toujours... vous commencez à me connaître). Je ne savais pas à quoi m'attendre ; le gars qui était SUPPOSE me dire ce que j'allais faire ne m'avait justement PAS dit ce que j'allais faire ! Il se contenta de me demander d'enfiler ma tenue de sport alors que j'entrais dans ce qui ressemblait à un petit gymnase, équipé de trapèzes, barres de gym et autres installations que je ne connaissais que trop bien.
Les vestiaires étaient plus que confortables, contrairement à ceux de ma fac qui étaient très grands et très mal chauffés... Je me préparais donc dans le confort, sans cesser de trembler pour autant. Mon dieu, il y avait TELLEMENT de scénarios catastrophes qui défilaient dans mon esprit ! Avec la chance absurde que j'avais ces derniers temps, il était plus que probable pour que l'un d'entre eux se déroule... Et que ça plaise.
Je leur avais quand même sorti „j'ai les yeux gris" quand ils avaient voulu savoir ce qu'il y avait de spécial à mon sujet, et ils avaient trouvé le moyen de me retenir quand même !Avant de sortir des vestiaires, je prenais un instant seule pour faire quelques exercices de respiration. C'était étrange... Tout ça me rappelait mon adolescence, lorsque j'étais au collège... J'avais toujours peur de sortir des vestiaires, de faire une gaffe pendant le cours de sport, et qu'on se moque de moi comme c'était si souvent le cas. Je restais parfois si longtemps seule dans les vestiaires que j'en récoltais des heures de colle ; le professeur croyait que je faisais exprès de le faire attendre.
Un petit rire nerveux m'échappait. Haha, comme si les gars de rammstein allaient me coller une heure de colle...TOC TOC TOC
Je redressais la tête si vite en entendant frapper à la porte que ma nuque en craqua. Ouais euh, ils ne pouvaient pas me mettre d'heures de colles, mais mieux vallait ne pas les faire attendre quinze ans non plus.
En sortant, je tombais face à face avec un homme que je n'avais encore jamais vu. Je le saluais poliment, et il se présenta brièvement ; il était un coach assez renommé et avait été appelé pour encadrer le test que je m'apprêtais à passer. Certainement pour une question de sécurité... Et peut-être aussi pour me guider dans ce que j'étais censée présenter face aux membres du groupe.
En m'avançant dans le gymnase, je les voyais justement assis face aux équipements de gym dont j'allais me servir. Une sueur froide me parcourut et je m'empressais de détourner le regard. Si je ne les regardais pas, alors ils n'existaient pas... Oui bon je sais, c'est enfantin, mais c'est le seul moyen qui fonctionne réellement pour me calmer dans ce genre de situations !Je m'échauffais, m'étirait et exécutait quelques exercices d'assouplissement avec le coach, puis lorsque je me sentais tout à fait prête, je me dirigeais vers la poutre, histoire de commencer en douceur. Je faisais quelques figures dans le calme, quelques roues, des exercices d'équilibre et de souplesse... Le tout avec une certaine grace, que j'avais aquise au fil des années d'entraînement.
Le coach semblait satisfait. Mais, très vite, il me poussa à passer aux choses sérieuses, et je dû abandonner la poutre. Je passais un peu de temps sur les barres, virevoltait et m'amusait à reproduire des enchaînements appris au fil de mon parcours.
Mais je sentais bien qu'ils attendaient quelque chose d'autre. Je crois que, finalement, je prenais un certain plaisir à les faire languir. Ou alors je faisais ça simplement parce que j'étais littéralement morte de trouille... Oui, après réflexion, c'était plus ça.
J'en venais finalement aux trapèzes. Je m'appuyais sur les épaules du coach pour grimper, et m'accrochais pour commencer mes figures. Etrangement, dès que je fus en l'air, toute mon angoisse s'évapora... Chez beaucoup de gens, la hauteur est angoissante. Pourtant, chez moi, elle est presque rassurante. J'aime avoir l'impression de voler, d'être complètement libre de mes mouvements, de virevolter dans tout les sens et même la tête en bas !
D'ailleurs, je ne me faisais pas prier pour démontrer de mes talents sur mon trapèze. J'exécutais mes figures favorites, certaines étant sans vouloir me vanter parfois assez compliquées. Je me sentais complètement libérée de toutes mes peurs, toutes mes appréhensions et angoisses parfois ridicules... Je dansais sur mon trapèze, me contorsionnait, tournait autour, sans limite imposée. Puis, prise dans mon euphorie, je remarquais un cerceau aérien à quelques mètres de moi, et me mettait à me balancer dans sa direction. Je ne sais pas si le coach devinait ce que je comptais faire, mais il me lançait un avertissement que je n'écoutais évidemment pas, trop prise que j'étais dans mes figures. Lorsque je sentis que j'avais assez d'élan, je lâchais le trapèze et prenais mon envol.
Je me rattrapais sans aucune difficulté au cerceau, et me mettais immédiatement à tourner autour, et à reprendre mes figures de contorsion. Le coach voulut m'adresser la parole, et me sortit par la même occasion de ma torpeur. Je coincais mes jambes dans le cerceau avec un magnifique grand écart, me laissait tomber et me retrouvais juste au-dessus de lui, tête en bas.„Okay, I think that's enough for now..." me stoppa-t'il, tout en me montrant sa montre.
Déjà ? Mais, je n'étais même pas encore allée sur les anneaux ! Un peu déçue, je le laissais m'aider à descendre... et me souvint brusquement que j'étais censée passer un test devant les gars de Rammstein. Mais, à ma grande surprise, ils ne me demandèrent rien du tout et me firent quelques compliments sur mes performances. Je les remerciais, toute sourire, jusqu'à ce que...
„Pa-oleuh, tu crois pouvoir faire tout ça à l'intérieur d'une boule enflammée ?" me demandait le chanteur en anglais, m'arrachant un rire nerveux. ...Hein ?
Je réalisais en voyant son air très sérieux qu'il ne s'agissait pas du tout d'une blague, et sentait que je devenais subitement pâle comme un linge. J'osais espérer que l'idée n'aboutirait pas, mais je ne les connaissais que trop bien ; leurs spectacles étaient souvent très pyrotechniques. Certes, je n'avais pas peur du vide... Mais le feu, c'était une autre affaire.
Il me montra une espèce de petit croquis où l'on pouvait voir une jeune femme (moi, sûrement...) exécutant des figures autour d'un cerceau, lequel était entouré d'autres cerceaux plus grand dont les parties supérieures étaient enflammées.En voilà, une idée charmante ! Décidément, je n'étais pas au bout de mes peines...
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Comment j'ai fais ? [RAMMSTEIN]
Fiksi PenggemarTout allait bien, avant. J'allais en cours à la fac, je jouais sur mon synthétiseur, je mangeais mes patates smileys après la gym... Puis, un beau jour, mon père a eu la brillante idée de me faire participer à un casting. CONTRE MA VOLONTE. Oh, puis...