Promesse...

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La mission que m'avait confiée Doom n'était tout de même pas une mince affaire, en y repensant. Dans la théorie, c'était simple : dire à Paul de ne pas s'inquiéter. Dans la pratique, ça posait tout un tas d'autres problèmes... Comment amener le sujet, comment formuler, comment m'assurer qu'il ne s'inquiète plus...etc.

J'eus plusieurs occasions de lui en parler, pourtant, je me rétractais au dernier moment à chaque fois que j'ouvrais la bouche ; j'avais peur que de lui dire simplement de ne pas s'inquiéter pour moi allait plomber radicalement l'ambiance, ou provoquer une discussion autour d'un sujet que je préférais éviter.

Mais bon... Qu'il parle tout le temps de moi me plaisait -énormément beaucoup à la folie-, cependant j'aurais préféré que ce ne soit pas par inquiétude.

...

Ne me demandez pas pour quel autre motif j'aurais aimé qu'il parle de moi ! Je ne répondrai pas ! Pfeuh !

Enfin, cette histoire m'angoissa bien pendant une bonne semaine, si ce n'est deux... Jusqu'au jour où je me décidai enfin à lui en parler.
Nous venions de passer un après-midi ensemble au Eis Kaffee, durant lequel il m'avait raconté plusieurs anecdotes sur le groupe qui m'avaient bien fait rire ; en sortant, je proposai à Paul de nous promener un peu avant de rentrer, histoire de profiter encore un peu de notre jour de repos.
En ce début de mois de février, la neige était encore assez épaisse... Et que font deux enfants lorsqu'il y a de la neige, hm ?
Exactement ; nous passâmes deux bonnes heures dans un petit parc à nous courir après, nous pousser l'un l'autre dans des monticules, faire des batailles de boules de neige... Je ne veux même pas imaginer de quoi on devait bien avoir l'air du point de vue des passants, ni ce qu'ils devaient bien penser en voyant deux fous trempés jusqu'aux os hurler de rire en se courant après. A vrai dire, quand j'étais avec lui, je me fichais totalement de ce que le monde entier pouvait penser. Je ne voyais que lui, n'entendais que lui, et je commencais même à me moquer complètement de ce qui pourrait m'arriver si je ne me maîtrisais pas... Je n'avais plus envie de me maîtriser. J'aimais ce que je ressentais pour lui, et... Tant pis si ce n'était pas réciproque. Tant pis pour mon âge, pour ce que les gens penseraient, pour les conséquences ! Tant pis. J'avais trop lutté, j'avais échoué, alors... Autant en profiter tant que je pouvais.

Après ces deux heures à jouer comme des gosses, nous nous laissâmes tomber misérablement sur un petit monticule de neige, épuisés et trempés. Il faisait nuit à présent, et le froid nocturne avait peu à peu vidé les rues ; le petit parc était donc désert, et profondément silencieux.

Encore amusée par nos bêtises, je riai doucement et tournai la tête pour échanger un petit rire avec Paul... Mais son regard pétillant affola mon coeur et je détournai vite les yeux sur le ciel étoilé, les joues rosies tant par le froid que par mon émotion.

„On s'est bien amusés..." lui chuchotai-je en Allemand, comme si je craignais de déranger quelqu'un dans ce silence presque imperturbé ; au-dessus de nous, les branches des arbres dénuées de feuilles ne masquaient en rien les étoiles et je poussai un petit soupir devant l'immensité du ciel.

Comme il restait silencieux, je repensai à ma promesse à Doom et prit une petite inspiration. C'était le moment ou jamais ! Bon, here goes nothing...

„Paul..." Commencai-je timidement, sans oser croiser son regard, „... Doom m'a dit que tu étais inquiet, à cause de la vidéo."

Il me répondit immédiatement, toujours en Allemand :

„Ce type te fait toujours du mal ?"

Comment j'ai fais ? [RAMMSTEIN] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant