Lorsque j'étais petite, j'étais une vraie petite casse-cou. Mon père devait se battre perpétuellement avec moi pour tenter de me garder en vie, c'est pour vous dire ! J'étais intenable. Je grimpais sans cesse aux arbres, jusqu'à ne plus savoir en descendre seule ; et lorsque mon père avait enfin réussi à me ramener au sol, je courais vers un autre arbre pour recommencer mes bêtises. Il m'a beaucoup taquinée à ce sujet, en me disant qu'il avait été souvent tenté de me laisser perchée sur mon arbre et de s'enfuir en courant !
...Pourquoi je vous raconte ça, hm ?
Pour être tout à fait honnête, j'en sais rien.
Tout comme je ne sais ABSOLUMENT pas pourquoi je racontais exactement la même chose à Paul, au Eis Kaffee, lors de l'un de nos raids quotidiens sur les Spaghetti Eis de l'établissement, toujours le même depuis notre premier renc... Notre première sortie.Je trouvais assez impressionnante cette capacité qu'avait Paul à toujours m'écouter, même lorsque je lui racontais des anecdotes complètement inutiles comme celle-ci.
Il me souriait, de ce même sourire enjoué qu'il m'offrait toujours, et dévorait sa glace avec enthousiasme pendant que je lui déballais Ma Vie en version intégrale.
C'était étrange. Je n'étais jamais très bavarde au sujet de ma vie privée, pas même avec mes quelques amis proches... Qui n'étaient d'ailleurs même pas au courant pour mon entrée dans le groupe, vous voyez le genre !
Pourtant, avec Paul, j'étais une vraie pipelette. Le pauvre...Alors que je finissais justement de lui raconter comment mon père s'était servi d'un balais pour me faire descendre du toit d'un garage, j'eus un éclair de lucidité et lui demandais subitement :
„Und du?"
Depuis le début, je ne cessais de parler, parler et encore parler de moi et mes aventures périlleuses... Mais je n'avais pas encore pensé à l'interroger, lui !
J'aurais BIEN SUR voulu préciser un peu ce que j'attendais de lui, mais je m'efforçais de parler sa langue et mon -très- faible niveau ne me permettait de formuler seulement des phrases très simples...
Il eut donc l'air un peu surpris, et me répondit avec un naturel déconcertant que son père à lui n'avait jamais essayé de le chasser à l'aide d'un balais. J'éclatais d'un rire cristallin (et beaucoup plus bruyant que je ne l'aurais voulu), et reformulait ma question, en anglais cette fois-ci afin d'être plus claire :
„Non... Je veux dire... Je voudrais t'écouter, en apprendre plus sur toi."
Et c'est ainsi que je découvrais que Paul Landers était une vraie pipelette... Pour mon plus grand plaisir ! Il me raconta un tas de choses ; son enfance en Allemagne de l'Est, son départ à l'âge de 16 ans, son boulot de chauffeur sans même avoir le permis... Puis sa carrière, les concerts, les festivals, les tournages des clips...
J'étais suspendue à ses lèvres pendant toute la durée de son récit, qui dû s'étaler sur une bonne heure au MINIMUM, sans que je ne la sente passer.
A la fin, ma glace avait complètement fondue et je me sentais un peu... Etrange.
Comme je regrettais de ne pas lui avoir posé la question plus tôt ! Quelle idiote. Mon estime pour lui venait de grimper en flèche ; je l'admirais encore plus... Si c'était possible.
„On devrait parler que de toi maintenant, c'est teeellement plus intéressant !" Riais-je en anglais, et il me répondit sur le ton le plus sérieux du monde :
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Comment j'ai fais ? [RAMMSTEIN]
Hayran KurguTout allait bien, avant. J'allais en cours à la fac, je jouais sur mon synthétiseur, je mangeais mes patates smileys après la gym... Puis, un beau jour, mon père a eu la brillante idée de me faire participer à un casting. CONTRE MA VOLONTE. Oh, puis...