Chapitre 96 - Le temps de la reconstruction

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Henri : Nous revoyons tous le psychiatre et nous sommes autorisés à rentrer à la maison. J'ai demandé à ma mère qu'elle contacte Carmen pour qu'elle enlève les dernières affaires de Rose. D'ailleurs, elle s'est éclipsée pour vérifier elle - même avant de revenir pour nous raccompagner.

Nous avons tous des rendez - vous programmés avec le spécialiste pour avancer. Les enfants reverront aussi le pédo - psychiatre. Hugo accuse le coup car il était très proche de Rose et il aimait sa manière d'enseigner. Il avait une confiance totale en elle. Et là, il découvre qu'elle n'était pas celle qu'il pensait. Il perçoit aussi le désarroi de son grand - père . . . Ce roc que nous connaissons tous ! Anaé semble plus détachée mais cela ne veut rien dire. J'ai complètement adhéré à la démarche entreprise par Lyla. Ils sont vulnérables car l'attaque est venue de l'intérieur.

Mon père a des traitements pour l'aider à surmonter cet événement. Il vit mal la situation mais surtout à cause de sa relation avec Rose car il se tient pour responsable de tout. C'est un homme amoureux trahi de la pire des manières. Elle était mariée et a joué avec les sentiments d'un homme épris. De plus, il faut qu'il fasse le deuil de la personne qu'il pensait connaitre . . . On passe d'une femme douce et gentille à une diabolique et machiavélique. C'est un choc énorme ! Nous devons être présents pour lui et ne jamais le laisser seul. Il n'y a pas d'élément pour évoquer un passage à l'acte mais il y a un risque que mon père puisse tenter de se suicider du fait de la violence de la situation qu'il est en train de vivre. Sa souffrance est palpable. L'éclat de ses yeux bleu est éteint pour le moment mais je ne désespère pas de le revoir briller prochainement.

L'ORL a voulu faire, sans attente, différents examens du fait de mon métier, de l'importance de l'ouïe pour chanter et faire de la musique. Le scanner et ces derniers montrent que mon oreille interne va bien même si aujourd'hui, je n'entends toujours rien car la surdité est proportionnelle à la taille de la perforation . . . Le mien est tellement atteint qu'il n'y a plus de vibration possible. Il va falloir que je sois patient. Lui et moi attendons avec impatience la possibilité de faire un audiogramme pour être sûr que cet incident isolé n'a pas diminué mon audition. J'en ai toujours pris soin depuis mes débuts. L'ORL est, donc, plutôt confiant. La douleur va diminuer car elle est due au bruit de la déflagration de la grenade incapacitante. Il me dit que c'est donc une surdité de transmission qu'il espère le plus temporaire possible. C'est transitoire le temps que mon tympan guérisse. C'est une bonne nouvelle. Il me rappelle les règles à suivre pour éviter toutes complications. Je dois le revoir toutes les semaines tout comme Lyla doit revoir son obstétricien. J'ai son numéro en cas d'urgence tout comme nous avons celui du Docteur Brooks.

Le chauffeur et nos gardes du corps sont présents à la sortie de l'hôpital même si nous sortons par une porte arrière pour plus de discrétion. Rien n'a fuité. Personne n'est au courant. Il va me falloir appeler Davis pour lui annoncer la nouvelle par contre, je ne sais pas ce que l'on pourra trouver comme motif . . . Pour les assurances ce sera facile car médicalement tout peut être abordé et tout reste confidentiel mais par contre avec le public, il faudra qu'on en parle avec Lyla avant. Je suis sûr que ma puce va trouver une solution.

Le trajet se fait dans le silence. Après vingt - quatre heures d'hospitalisation et de vie dans un espace aseptisé, nous allons nous jeter dans le grand bain. Non sans appréhension, nous arrivons à la maison. Nous y entrons avec un sentiment mêlé de crainte et de soulagement. Mon père se raidit mais je suis là pour lui pour l'aider à franchir la porte. Je lui ai proposé de trouver une autre maison mais il a refusé. Il m'a expliqué qu'il doit affronter cette épreuve pour en ressortir grandi. Je l'admire . . . Je l'ai toujours admiré mais là, je suis encore plus fier d'avoir été élevé par un homme aussi exceptionnel. Il m'a élevé seul au départ de maman et il a tout assumé. C'est donc le minimum que je sois là pour lui aujourd'hui au moment où il en a le plus besoin.

Le secret d'HenriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant