Heartbreaking dance -TOME 2 -

Chapitre 2

PDV de Maisie

La vidéo passe en boucle devant mes yeux et, même si je devrais, je suis incapable de l'arrêter. J'ai tout gâché. Les larmes dévalent mes joues sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. Il est là, debout sur le comptoir d'un bar et chacun de ses mots est un coup de couteau qui s'enfonce un peu plus profondément dans mon cœur. Et ça fait mal.

« - Vous n'avez jamais vu un mec tellement amoureux qu'il se met minable parce que sa petite amie vient de se barrer ? Et bien voilà, regardez-moi ! Je suis ce mec ! »

Je suis tellement, tellement désolée. Ça ne devait pas se passer comme ça. Ça ne devait pas se terminer ainsi, si brutalement, si douloureusement.

« - Vous allez appeler les flics ? Allez-y ! Peut-être qu'elle aura pitié de moi et qu'elle reviendra. Parce qu'elle est partie. »

Sa voix se brise, encore et encore, comme chaque fois qu'il répète cette phrase, comme chaque fois que la vidéo reprend à zéro. Il n'avait pas prévu ça, c'est certain. Il n'avait pas prévu qu'on le reconnaisse, qu'on le filme à son insu et qu'on l'affiche sur internet.
Et moi, je n'avais pas prévu ça. Je n'avais pas prévu qu'il se mette dans cet état dans un bar, qu'il boive alors qu'il ne touche jamais à l'alcool.

Deux jours après avoir appelé les organisateurs du concours sans lui demander son avis, la nouvelle a déjà fait le tour des réseaux sociaux et les gens veulent des explications que personne n'a pour le moment données. Cette vidéo, celle de mon ex petit ami dépité dans un bar, quelques minutes après lui avoir annoncé que j'abandonnais, s'est retrouvée associée à tous les articles évoquant le concours. Et les journalistes s'en sont donnés à cœur joie, inventant des hypothèses plus sordides que les autres.

Je m'en veux terriblement. Je m'en veux de le blesser ainsi. Je savais qu'il tenait à moi, mais pas à ce point. Je ne pensais pas qu'il réagirait comme ça. Je croyais qu'on trouverait une solution mais rien ne s'est déroulé comme prévu. La situation m'a littéralement échappée des mains et, comme un vase, elle a explosée en une multitude de morceaux de verre.

- Chérie, coupe cette vidéo, s'il te plaît.

Je relève la tête et croise le regard peiné de ma mère. Je soupire, sèche mes joues et éteins mon téléphone.
Ce matin, elle a insisté pour me conduire à la fac. Elle a peur. Peur que les journalistes viennent m'emmerder. Et moi aussi. Moi aussi, j'ai peur. Peur de le croiser. Peur d'affronter le regard des autres. Peur qu'on vienne me demander des explications. J'ai peur de faire face au monde et de l'affronter alors qu'il semble s'écrouler sous mes pieds.

- Ça va aller ? Tu es sûre que tu ne veux pas rester à la maison ? Tu sais bien que ce serait plus prudent.
- Non, ça va aller. À ce soir.

Je l'embrasse sur la joue et quitte l'habitacle sans attendre sa réponse. Je lui adresse un petit sourire qu'elle me rend, resserre mon sac contre ma poitrine et je fonce, tête baissée, jusqu'à la salle où se tient mon premier cours. Je m'installe dans un coin et évite les regards que l'on me lance. Je sens tout le monde me dévisager et c'est absolument horrible. Je hais cette sensation. Celle d'être observée comme une bête de foire et d'être jugée.

Qu'est-ce que j'ai fait ?
Je l'aime et je lui ai dit. Mais je suis partie.

Qu'est-ce que j'ai fait ?
Je lui ai brisé le cœur et j'ai réduit tous nos efforts à néant.

Qu'est-ce que j'ai fait ?
J'ai pensé à moi avant de penser à nous. Est-ce mal ?

Qu'est-ce que j'ai fait ?
J'ai pris une décision à sa place alors que je lui avais reproché de le faire quelques mois plus tôt.