Chapitre 1

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― Qui vient faire du canoë avec moi ? interroge Frédéric, fièrement coiffé de son bob Mickey rapporté d'un séjour à Eurodisney pour l'anniversaire de leur fille Chloé.

― Moi, moi ! s'écrie Chloé, qui bondit sur ses pieds avec enthousiasme.

― Moi aussi, déclare Thomas en dépliant sa grande silhouette svelte. Tu viens, Alice ?

La jeune femme assise à l'ombre du chalet secoue la tête avec un sourire.

― Non merci, dit-elle gracieusement. A tout à l'heure !

Thomas a l'air un peu déçu mais hoche la tête et lui sourit avant d'attraper sa petite sœur à bras le corps pour la jeter par-dessus son épaule comme un sac de patates.

― Accroche-toi crevette, s'écrie-t-il, c'est parti !

La fillette pousse un cri perçant et rit à gorge déployée, la tête à l'envers dans le dos de son frère et les pieds gigotant en l'air.

Thomas avait huit ans quand sa sœur est née, elle a toujours été sa petite chérie. Il en a dix-neuf à présent et Chloé onze, mais ils s'entendent toujours comme larrons en foire.

― N'oubliez pas les gilets de sauvetage, leur rappelle Carla en les regardant s'éloigner. Amusez-vous bien !

Allongé à ses pieds sur la terrasse, le chien Max agite doucement la queue sans même relever la tête. Il reste avec son chef de meute. Et le chef de meute ici, c'est Carla.

Un peu tard, l'idée effleure Carla qu'elle aurait peut-être pu commencer par embaucher ses hommes pour débarrasser la table avant de les laisser partir. Sa tendance à aimer que les choses soient bien faites lui joue souvent des tours, comme celui d'avoir maintenant à faire tout le rangement et la vaisselle du midi pendant que les autres font du canoë sur la rivière.

En vérité, elle n'a même pas pensé à les accompagner. Pourtant elle est en vacances elle aussi, et ce sont là ses seuls congés annuels dignes de ce nom, les quatre semaines à la suite qu'elle est obligée de prendre en juillet-août pendant la fermeture de son service. Elle a donc tout intérêt à en profiter.

― Laissez-moi faire ! propose Alice, qui s'est levée et a rassemblé tous les couverts en un clin d'oeil.

D'un geste preste, la jeune femme ramasse plus d'assiettes qu'elle ne devrait pouvoir en porter avec seulement deux mains et les rapporte à l'intérieur du chalet.

― Ca alors, dit Carla ébahie, mais tu es magicienne ma parole !

Alice rit.

― Non, j'ai travaillé comme serveuse dans une brasserie. On apprend vite à faire le minimum d'allers-retours pour débarrasser les tables !

A deux, les reliefs du repas sont vite débarrassés et Carla s'attelle à la vaisselle tandis qu'Alice munie d'un torchon essuie vite fait bien fait tout ce qu'elle lui tend. Il le faut bien car malgré la chaleur de l'été, le minuscule coin-cuisine du chalet n'est pas assez grand pour qu'on puisse se contenter de tout laisser égoutter et sécher.

Carla rince l'évier et range la vaisselle qu'Alice a essuyée, puis ôte son tablier avec un soupir de satisfaction.

― Merci ma chérie, dit-elle avec un sourire affectueux en lui posant une main sur le bras. Grâce à toi, on a eu vite fini. Puisque c'est fait, tu veux qu'on aille se promener ?

Max entend le mot « se promener » et bondit aussitôt sur ses pattes, la queue frétillante d'enthousiasme. C'est un chien de chasse, il ne demande qu'à passer ses journées à courir dehors.

Trop jeune pour toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant