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Les rayons du soleil me réveillent. Je ne sais même pas où je suis. J'ai les mêmes vêtements qu'hier soir et quand mon regard croise l'image que me renvoie le miroir en face de moi, tout ce qu'il s'est passé hier me revient brusquement en tête. Un mal incroyable s'anime dans mon crâne. Qu'est-ce que j'ai fait, hier soir ? J'étais dans un état second.

Je me souviens de courir sous la pluie, de ces yeux gris, de Yassine, de Marco, de Samia, d'Olivia... J'ai la tête qui tourne et la nausée. Je me lève en massant machinalement mes tempes. Lorsque je sors de la pièce, je ne reconnais rien autour de moi. Il y a des affiches de sport partout sur les murs, des restes de pizza sur une table et des vêtements traînent dans chaque recoin du salon.

— Je peux t'aider ?

Une voix grave et légèrement cassée s'élève dans la pièce. Un homme se tient dans l'embrasure de la porte. Son visage me dit quelque chose et, pourtant, je sais que je ne l'ai jamais rencontré auparavant. Ses cheveux bruns retombent sur son front et, au dessus de ses yeux tout aussi foncés, ses sourcils sont froncés et me lancent un regard noir. Qu'est-ce que je fais, ici ? J'ai la tête qui tourne.

— Je t'ai posé une question, lâche-t-il sèchement.

Mes lèvres s'entrouvrent mais rien n'en sort, son agressivité me laisse sans voix. Je suis à fleur de peau, à deux doigts de craquer, je n'ai vraiment pas la tête à m'énerver contre quelqu'un que je ne connais pas.

— Où est Yassine ?

Il roule les yeux au ciel.

— T'es sa copine ?

J'écarquille les yeux et manque de m'étouffer avec ma propre salive. Moi et Yassine ? Impossible. Je le connais depuis qu'on a quatre ans, jamais je ne pourrais ne serait-ce que l'embrasser.

— Ça te regarde ?

Cet air prétentieux et ce regard méprisant m'énervent. Mon esprit est à deux doigts de tomber dans le vide, un grain de sable suffit à m'irriter.

— Qu'est-ce que tu foutais dans ma chambre ? Tu m'attendais ? réplique-t-il, un sourire arrogant sur les lèvres.

Je fronce les sourcils et une violente douleur prend possession de mon ventre. Ma tête se remet à tourner. Je n'arrive plus à supporter une provocation comme celle-ci. Je n'arrive plus à supporter la prétention qui voile son visage. Il y a quelque chose qui ne tourne plus rond chez moi.

— Peux-tu juste me dire où sont Yassine et Olivia ?

— Olivia habite en face. Ils sont chez elle.

J'hoche la tête et avance vers la porte d'entrée devant laquelle il se tient, les bras croisés, le regard fermé. Il ne bouge pas d'un poil quand je m'approche de lui pour pouvoir sortir.

Il est si grand que ma tête n'atteint que son épaule.

— Tu peux me laisser passer, s'il te plaît ?

Son regard descend pour rencontrer le mien et son visage se raidit. Après quelques secondes, il se déplace et, en sortant, je sens son regard lourd sur mon dos.

***

J'entre dans l'appartement d'Olivia avec la tête qui chauffe. Ce garçon a au moins le mérite de m'avoir bien réveillé.

— Ça va ? demande Samia en tournant la tête vers moi.

Est-ce que je vais bien ? Je n'en ai aucune idée. Je pense que ça va mieux qu'hier, c'est déjà ça. Il faut que je pense à autre chose, que je passe à autre chose. Il faut que je me retrouve. À partir de maintenant, je renoue avec mon caractère, ma personnalité, mon âme d'autrefois. Je pleurerais plus tard. Personne n'a besoin de savoir que je vais mal.

loving can hurt | tome unOù les histoires vivent. Découvrez maintenant