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Je me réveille à cause des rayons du soleil qui s'invitent dans la chambre. Je suis affalée sur le lit, seule, la main posée sur le matelas, là où devrait être installé le buste de Noah. Je regarde autour de moi mais je ne le vois pas.

J'entends du bruit dans la salle de bains puis la porte s'ouvre et Noah avance dans la pièce. Il m'adresse un de ces petits sourires arrogants dont il a le secret.

— Salut, Princesse, dit-il en attrapant des vêtements propres dans sa valise.

Je fronce les sourcils. J'ai la tête lourde. Je ne comprends pas bien ce qu'il se passe. Comment peut-il oublier si rapidement ce qu'il s'est passé dans la nuit ?

— Tu veux manger quelque chose ? Je crois qu'ils servent du petit-déjeuner au rez-de-chaussée.
Je secoue la tête.

— Non, je... Je préfère qu'on parte le plus vite possible.

Il hoche la tête en souriant, l'air totalement apaisé, imperturbable.

Son attitude me perturbe complètement. Je sais qu'il était mal, cette nuit. Je ne l'ai pas rêvé. Son cauchemar avait l'air si intense, si traumatisant... Pourquoi fait-il comme si rien ne s'était passé ?

Je me lève et m'habille à mon tour et nous partons rapidement dans la voiture où un silence de plomb règne.

Des centaines de questions trottent dans ma tête. De quoi rêvait-il ? Pourquoi agit-il comme si ce n'était pas arrivé ? Pourquoi ne veut-il pas en parler après tout ce qu'on a pu partager ? Je suis persuadée que ce n'était pas rien, que c'était beaucoup plus que ce qu'il veut me faire croire.

— Ça va ? T'es très silencieuse, pour une fois, remarque-t-il en me lançant un regard malicieux.

Je tourne la tête vers lui et fronce les sourcils.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé, cette nuit ?

— Rien, réplique-t-il rapidement.

Mais je vois bien sa mâchoire se contracter et ses poings se resserrer sur le volant de la voiture.

— Noah, on sait tous les deux que c'était pas rien, murmuré-je en le regardant.

Ses yeux restent fixés sur la route devant nous.  Il respire de plus en plus fort, de plus en plus rapidement. Ses mains se serrent tellement que ses doigts en deviennent tout blancs. Il fronce les sourcils. Sa mâchoire se contracte tellement qu'un muscle tressaute sur sa joue.

— Pourquoi il faut toujours que tu te mêles de ce qui te regarde pas ? T'es pas ma mère, ni ma copine, ni mon amie. T'es rien pour moi, d'accord ? J'ai pas à t'expliquer ce qu'il m'arrive, dit-t-il, la voix tranchante.

J'hausse un sourcil et ma bouche s'entrouvre toute seule. Je reste immobile quelques secondes. Je prends du temps à réaliser ce qu'il vient de me dire.

Je déglutis. Ses mots font comme l'effet d'un poignard qui s'enfonce dans mon ventre. Ils me font bien plus mal que je ne l'aurais soupçonné. Il faut dire que ça fera bientôt cinq mois qu'on passe nos journées ensemble et je pensais qu'on était au moins devenu amis. Mon coeur se serre et ma gorge se noue.

J'ai l'impression que, dès qu'on s'attache à quelqu'un, on lui donne une opportunité grandissante de nous faire souffrir. 

Alors je hoche la tête et me met à rire nerveusement. Un rire complètement creux qui me fait souffler du nez. Je me tourne vers la vitre et l'ouvre.

Je m'avance un peu pour que le vent frais de ce doux mois de janvier passe sur mon visage et me fasse penser à autre chose. Je sens le poids de son regard sur moi mais je résiste à la tentation de l'affronter et je garde les yeux fermés alors que les légers rayons du soleil me chauffent la peau.

loving can hurt | tome unOù les histoires vivent. Découvrez maintenant