« Je tombais amoureuse de lui, et j'espérais qu'il puisse me rattraper en bas. »
Il fait nuit noire. Elle court. Elle court pour sa vie, pour son bien, pour ne pas succomber aux coups de celui qui était censée l'aimer. Elle est blessée, bouleversée...
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Son regard se plonge dans le mien. J'ai la tête qui tourne. J'ai envie de vomir rien qu'en le voyant. La peur m'envahit. Mon bras se tétanise sous son emprise. Je n'arrive plus à bouger. J'en ai le souffle coupé. Les battements de mon coeur atteignent une vitesse folle. Mes mains deviennent toutes moites.
Des souvenirs enfouis que j'ai tant essayé d'oublier me reviennent en tête. Ses coups, ses insultes, ses affreuses mains sur ma peau... J'ai l'impression que mon esprit a quitté mon cerveau. Il a un corps incapable de bouger devant lui alors que dans mon crâne, des cris se répercutent dans tous les sens et m'ordonnent de bouger. Mais je n'y arrive pas. Je ne peux pas.
— Comme on se retrouve, murmure-t-il alors que sa main se resserre sur mon poignet.
Il affiche un léger sourire, pour lequel je suis tombé bien trop de fois, pour lequel j'ai pardonné bien trop de fois.
J'ai la bouche sèche. Ses mots résonnent dans ma tête. J'ai les jambes qui tremblent.
— Qu'est-ce que tu fais là ? demandé-je, la voix presque éteinte alors que mes yeux se remplissent de larmes qui menacent de dégringoler contre mes joues.
Il éclate d'un rire forcé, narquois, mauvais. Il me tire d'un coup sec vers lui et je suis incapable de résister. Il va m'avoir, encore une fois.
Son souffle aromatisé par l'alcool qu'il a sûrement bu emplit mes narines. Ses yeux sont encore plus foncés que d'habitude. La rue est déserte. Il commence à pleuvoir.
— Tu pensais vraiment que je ne savais pas où tu étais ? Je suis un peu plus malin que toi, ma belle. Je sais parfaitement où tes idiots d'amis vivent et je savais pertinemment que tu allais te réfugier chez eux.
Je ferme les yeux quelques secondes pour échapper à la réalité. J'ai de plus en plus de mal à respirer. Je ne sais plus quoi faire.
— Laisse-moi tranquille, supplié-je.
Une larme dévale ma joue et place un goût salé au bout de mes lèvres. Ses yeux me foudroient sur place. Je ne sens plus mes jambes, elles sont collées au sol, je n'arrive pas à bouger.
Son autre main vient délicatement replacer une mèche de mes cheveux derrière mon oreille avant de s'attarder sur ma joue. J'ai envie d'hurler et d'appeler à l'aide mis rien ne sort, tout reste coincé au fond de ma gorge.
— Reviens à la maison, souffle-t-il.
Son sourire s'estompe peu à peu pour laisser place à un visage triste, mélancolique. Il a presque l'air sincère. Il sait parfaitement comment me manipuler, comment me faire flancher.
Il ne faut pas que je cède. Il ne faut pas que je cède. Il ne faut pas que je cède.
Cette phrase tourne en boucle dans ma tête comme elle l'a fait bien trop de fois. Cette fois-ci, il faut que je réussisse à l'écouter.
