M A L E K
— Qu'est-ce qu'il y a ? m'enquis-je.
— J'ai besoin de te parler.
— Je fais des efforts pour me rapprocher de toi en public, pourtant, ça s'voit, non ?
— Je parle pas de ça.
— C'est à propos des archanges que t'as vu avec Celes ?
Les paupières d'Eneko recouvrirent la porte de son âme, ses yeux si jolis, et il poussa un long soupir.
— Autre chose.
Je l'emmenai dans un coin et m'assis dos à des roches bourrées de tags. Il m'imita et se cogna contre l'une d'elles.
— Je te parlerai de ça plus tard, mais en attendant... tu me promets de pas t'énerver ?
— Ça dépend, mais tu m'fais peur, là.
Nos genoux s'effleurèrent, puis nos mollets. Il ne ressentait pas ce contact à cause de sa prothèse, mais ne le brisait pas pour autant. Son regard fatigué m'accabla et enferma le feu de camp. Ses mèches retombaient sur son maigre front comme de l'herbe cramée et il arbora une moue tristounette, les lèvres pincées. Il se les humecta. J'avais terriblement envie de glisser mes doigts sur ses joues duveteuses et sa moustache frémissante, l'embrasser comme si je pouvais lui faire l'amour une dernière fois. Sa peau contre la mienne me manquait, les heures où il s'abandonnait à mon ardeur aussi. Toutefois, son air défaitiste m'empêchait d'y penser plus longtemps.
— Je suis sérieux. J'ai trouvé quelque chose dans le bureau du patron. D'ailleurs, je pense que Nayla devrait venir aussi.
Malgré mon appréhension, j'intimai à l'infirmière de nous rejoindre.
— Merci de me sauver de mon ennui et de mon désarroi. Vous voulez pas qu'on prenne l'air ? J'étouffe, ici.
Eneko accepta, alors moi aussi. Nayla avait beau prétendre le contraire, je refusais de croire qu'elle avait dormi une seule seconde cette nuit. Non pas que les sacs de couchage n'étaient pas confortables, mais la façon dont j'avais débarqué chez elle et le mutisme de la famille devait la démanger. Je la surprenais parfois s'arrachant des boules de cheveux entre deux sanglots. Sa magnifique tignasse bouclée en prenait un coup. Heureusement, son faciès oriental peinait à s'enlaidir.
Dehors, les scintillements des étoiles couvraient la désolation de Mannah. On y respirait mieux qu'à l'intérieur malgré un souffle frisquet.
— Ce qui me chiffonne le plus, bougonna Nayla, c'est de ne pas pouvoir aller travailler. J'ai peur que mon absence provoque des morts prématurées à l'hôpital... j'ai horreur de perdre des gens ainsi.
La façon dont elle m'épiait m'attristait. Dire qu'elle s'était blâmée pour m'avoir perdu lors de ma première E.M.I....
— Tu voulais nous dire quoi, du coup ? repris-je vers Eneko.
— Oh, euh...
Il ravala sa salive et inspira goulûment. Houla... Il ne me cachait rien, mêmes les vérités les plus crues, et vu son attitude, ça allait être l'une elles.
— J'ai trouvé ça dans le bureau du patron. Ça concerne votre famille.
À l'écoute de ce dernier mot, mon cœur loupa un battement. Sa réticence me paralysa. Mes yeux se bloquèrent sur le papier qu'il dépliait. Il nous le tendit.
La lecture était douloureuse.
On y traitait ma famille comme des rats à exterminer.
Et le post-it...
VOUS LISEZ
TRANSES 2: Conjuration
ParanormalLe résumé ci-dessous contient des spoils du tome 1 ! Lisez à vos risques et périls ! _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ L'équilibre de l'univers menace de se briser lorsque Hel, la déesse des morts, est relâchée dans la nature. Conscients de leurs erre...