De King Cross à Poudlard

701 50 33
                                    

Chapitre 8

King Cross était immense. De toute sa vie, jamais Féline n'avait vu une gare aussi grande. Toute en briques rouges de style victorien et où une immense horloge presque aussi grande que celle de Big Ben trônait au fond du bâtiment. Alors que les trains attendaient patiemment l'heure de leur départ, les voyageurs se pressaient en direction de leur quai, grouillants et s'agitants comme des insectes au sein d'une grande fourmilière.

À l'abri des regards, Féline et Remus venaient de transplaner dans une minuscule ruelle adjacente à l'entrée de la gare et s'étaient dirigés vers elle. La sorcière laissa échapper un soupir de soulagement en sentant la terre ferme sous ses pieds et en retrouvant une vision plus nette de son environnement. Elle avait une peur bleue du transplanage et maudissait son oncle de l'y avoir forcé.

-Viens, dit Remus, on va aller prendre un chariot pour tes affaires. Ton quai est à l'autre bout de la gare et je ne compte pas traîner ta valise sur tout le long.

Elle leva les yeux au ciel en souriant. Remus chargea l'immense valise sur le chariot puis Féline y déposa par-dessus le panier de Cornélius. Remus poussa le chariot, traversant la gare au pas de course, Féline trottinant afin de rester à sa hauteur. Ils dépassèrent un kiosque à journaux, le poste des contrôleurs, le guichet et finirent par se retrouver entre les voies 9 et 10. Perplexe, Féline lança un regard sceptique à son oncle qui lui sourit.

-Tu vois cette grande barrière là-bas ? Nous allons foncer dessus.

Un rire nerveux échappa à la fillette. Qu'est-ce que c'était que cette histoire ? Un portail magique était certes parfaitement probable mais l'idée de risquer de s'écraser contre un mur pour avoir la même tête que Pattenrond ne l'enchantait pas plus que ça.

Lorsqu'elle se rendait à Beauxbâtons, c'était une tout autre organisation. L'école se situant dans les Pyrénées, le pays avait été divisé en plusieurs zones, toutes contenants un point de ralliement où devaient se rendre les élèves de la région. Là-bas, ils montaient dans d'immenses carrosses tirés par des Palominos, des chevaux ailés de la taille d'un éléphant. Les carrosses étaient incroyablement raffinés et luxueux, les multiples bagages tenaient sans aucun mal sur le toit et le voyage ne durait pas plus de quelques heures, même pour ceux qui habitaient le plus loin comme Féline. À l'époque, son oncle la déposait en transplanant depuis l'Angleterre au point de ralliement le plus proche, non loin du Havre.

À présent Féline allait devoir foncer dans un mur. Ça la changeait plutôt radicalement. Déglutissant, elle lança un regard peu convaincu à son oncle. Rieur, celui-ci lui dit de venir devant lui et de tenir fermement le chariot. Puis après vérifiés à gauche et à droite que personne ne les regardait, ils s'élancèrent d'un pas vif vers la barrière avant de se mettre à courir.

Le mur se rapprochait de plus en plus, et par Merlin, il avait l'air sacrément solide. Féline ferma les yeux, plaçant ses mains devant son visage pour se protéger du choc de la collision. Remus s'arrêta alors de courir.

-Tu peux regarder, trouillarde.

Féline ouvrit les yeux et se trouva nez à nez avec le visage goguenard de Fred à quelques centimètres de sa propre tête. Elle regarda autour d'elle, découvrant une immense locomotive à charbon rouge vif qui crachait des volutes de fumés par dessus la foule de parents d'élèves venus dire au revoir à leur enfants, et d'élèves qui s'élançaient dans de joyeuses retrouvailles. Ils étaient arrivés sur le quai 9 3/4.

-T'es toute pâle banane, reprit Fred en riant, t'as eu si peur que ça ?

-Ne me dit pas que tu ne t'es pas méfié la première fois ? répliqua Féline, boudeuse.

Féline Lupin et le temps des secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant