Chapitre 10 :

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Le mardi suivant, Caroline sautille de partout dans les couloirs, avec un grand sourire sur son visage. Sa tresse est bien serrée sur sa tête mais le bout se balance de gauche à droite au rythme de ses pas.

- Elle est de bonne humeur, me dit Matthieu.

- Oui, je vois ça.

J'aime voir mon amie comme ça, et je pense connaître la raison.

- Marjorie ! Tu sais quel jour on est ?

Elle s'est rapprochée rapidement vers nous et maintenant elle parle fort, ce qui n'est pas son genre. Naëlle ne nous a pas encore rejoint, elle doit sortir de maths. Elle est toujours en retard en sortant de maths.

- Non, quel jour on est ? Je demande en gloussant presque. Je sais qu'on est mardi... mais alors que se passe-t-il aujourd'hui ?

- Les photoooooos !

Matthieu manque de s'étouffer avec sa salive, du coin de l'œil je vois qu'il a complètement oublié le shooting photo de Caroline avec Marc. Mais qu'il a surtout oublié le contrat.

- Tu as été rémunérée déjà ?

Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé à ça en premier, et pas à "montre !". Caroline me le fait savoir en haussant un sourcil.

- Non, pas encore, elle répond un peu plus sèchement, tu veux les voir oui ou non ?

Je dois faire attention à ce que je dis, des fois je ne me rend pas compte que je blesse mes amis.

- Bien sûr !

- Je peux regarder ? Demande Matthieu.

Nous lui lançons un regard en coin et il hausse les épaules à sa manière désinvolte et mignonne.

- Tant que ce n'est pas encore sur Instagram je peux trouver ça beau, se défend-t-il.

Nous gloussons tous les trois dans le couloir, à l'abri des regards et de la froideur de l'extérieur.

- Tu ne veux pas attendre Naëlle plutôt ? Je propose gentiment.

Caroline sourit et je vois qu'elle rougit aussi.

- Je suis allée dormir chez elle hier soir, elle les a déjà vu.

Tant d'amour entre elles, je craque.

- Très bien, c'est parti !

J'étais contente de ne pas avoir à attendre Naëlle, déjà parce que sinon la récré aurait été finie mais surtout parce que mes réactions auraient dû être contrôlées. Je ne veux surtout pas la froisser, elle me fait un peu peur.

Alors que là, je suis sincère.

Caroline sort donc son portable de son sac et le déverrouille, son fond d'écran est un paysage Irlandais lors de son dernier voyage cet été avec ses parents.

- Alors, explique-t-elle, apparemment en grand format ça va rendre beaucoup mieux que sur mon pauvre petit écran, mais au moins vous verrez le résultat final.

- Tu seras belle dans tous les cas, affirme Matthieu.

Je regarde mon meilleur ami en coin et je trouve sa phrase tellement touchante que je n'ai pas de mot pour renchérir. Je me rend compte par la même occasion que j'ai rarement eu droit à des mots aussi doux de sa part. Ou alors je n'y ai pas assez prêté attention.

Caroline nous montre donc les quinze clichés que Marc a retouché, en commençant par ceux qui semblent le moins naturels (selon Caroline).

- Vous voyez, là je trouve que je suis surexposée, comme si tous mes défauts avaient été attrapés et collés en double sur mon visage.

Double Tap [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant