Double Tap [TERMINÉE]

Chapitre 7

Ce soir, c'est le grand soir.

Je récupère mon téléphone.

Après cinq jours d'absence.

Alors je sais, vous avez le droit de vous dire "non mais là c'est un petit peu exagéré, quand même". Mais je suis dans le regret de vous annoncer que j'ai réellement souffert de cette punition.

La sensation de manque était présente : agacement, maux de tête, réflexes de mes mains pour attraper quelque chose dans ma poche, hallucinations auditives de vibrations.

- Chérie, à table !

Je retourne au lycée demain, je n'ai pas vu Caroline et Matthieu depuis la soirée du nouvel an et je n'ai aucune nouvelle. Il aurait pu se passer n'importe quoi que je ne le saurais même pas.

Quoique, ma mère m'a gentiment dit qu'ils sont passés au magasin samedi et qu'ils me passent le bonjour. Je suis certaine qu'elle leurs a dit de ne pas venir me voir. Pour compléter la punition.

Très efficace.

- J'arrive, je dis en enfilant un gros pull.

Je n'ai pas pu parler à mes amis de ma vidéo scandale. Je sais que Caroline l'a vu, elle l'a liké, et je sais aussi qu'elle l'a montré à Matthieu car elle devait être préoccupée. J'ai promis de ne plus leur parler de mes problèmes liés à Instagram, car j'ai vu que ça ne les intéressait pas. Peut-être auraient-ils aimé être au courant cette fois-ci. Je verrai demain ce qu'ils me diront. Ou bien peut-être que je pourrais les appeler après le repas.

Normalement, mes parents me rendent mon téléphone après le dessert.

- Qu'est-ce qu'on mange, ce soir ? demande mon père avec un grand sourire.

Il passe à côté de moi et m'embrasse sur le front.

- Purée de carotte et steak de soja.

Je fais un peu la grimace, car je n'aime pas vraiment le soja. Mes parents n'étaient pas végan à l'origine. Ils ont commencé à s'intéresser à ce mouvement après une semaine de vacances dans un camping. Leurs voisins l'étaient et toute la semaine, ils ont pu découvrir une quantité et une qualité de produits vegan impressionnante. En rentrant, ils ont commencé à travailler sur le projet de Vegigood et leur alimentation a commencé à changer aussi. J'ai été obligée de suivre le pas, sinon je devais faire mes propres courses et mes propres plats. Je ne regrette pas, mais certaine fois, je fais une entorse à mon programme en mangeant des oeufs ou de la viande à la cantine. C'est mon secret.

- On mange léger, dis donc, fait mon père en continuant de sourire.

- Tu as faim toi ? répond ma mère avec un clin d'oeil.

Après les grosses fêtes de fin d'année, on a mangé comme la plupart des familles européennes et mes parents ont essayé de respecter leurs menus mais globalement, la nourriture a été engloutie en abondance.

Mon père secoue la tête et me regarde.

- Alors, ma chérie, comment ça va ?

Je sais ce qu'il veut dire, mais je ne rentre pas dans son jeu.

- Aujourd'hui j'ai pas mal révisé mon Histoire et je me dis que je ne suis pas si à la ramasse que ça. Mon prof essaie de me décourager, mais je vais le battre à son propre jeu.

Je lève un bras et fait gonfler mes muscles, en éclatant de rire. Mon père m'imite et continue de me regarder intensément. Je ne sais pas ce qu'il cherche à voir, mais il ne fait pas semblant. Ma mère lui sert une bonne assiette de purée, le steak arrive juste après. Elle l'embrasse ensuite sur la joue et me sert à mon tour. J'ai le droit au même petit rituel lors du service et je souris un peu bêtement.