Chapitre 28 :

62 14 6
                                    

Quand je rentre chez moi, tout le monde dort.

Il est tard après tout, minuit vient de sonner.

J'ai les yeux rouges d'avoir pleuré sur le trajet. Mon téléphone est un poid mort dans ma poche, j'ai envie de le fracasser contre mon mur de chambre, comme l'a fait Matthieu avec celui de Caroline.

Quand j'allume ma lampe de chevet, Matthieu est assis au bord de mon lit.

Je plaque mes deux mains pour ne pas hurler de peur.

- Désolé, fait-il en haussant les épaules, je ne voulais pas t'effrayer.

C'était raté !

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Mon cœur venait de subir le pire pic de tension de sa vie. Plus jamais ça !

- Il ne s'est rien passé, avec Cassandra, si tu veux savoir.

J'ai le nez qui coule à force d'avoir pleuré et je décide donc de me moucher sans me retenir de faire du bruit. Ce n'est pas ce que je venais de lui demander.

- Pourquoi tu me dis ça ?

- Parce que j'ai vu ta tête, avant que tu partes.

- En même temps tu étais en train d'embrasser une Influenceuse, permets moi d'être légèrement surprise.

Je me demande encore comment il a fait pour rentrer dans mon appartement. Connaît-il l'endroit où nous planquons la clef dans le couloir ? Ou bien est-ce mes parents qui lui ont ouvert en pensant que j'étais déjà rentrée ?

- C'est elle qui m'a embrassé. Elle faisait un gage avec ses copines.

À 25 ans on fait encore des gages entre copines ? Je suis sceptique. Ou alors trop blasée.

- Elle a gagné visiblement.

- C'était un gage, Jolie. Un gage.

Matthieu se lève pour me rejoindre, je ne tiens pas en place. J'ai envie de vomir. Ce n'est pas à cause de lui, c'est à cause de ce que j'ai fait.

Quelle horreur.

Au lieu de m'enlacer, il place délicatement ses mains sur mes épaules.

- Respire, Marjorie, je ne pensais pas te foutre une trouille pareille.

S'il savait...

- Tu es venu juste pour me dire qu'il n'y a rien entre Cassandra et toi ? Tu aurais pu m'envoyer un simple SMS tu sais.

Il pressa un peu plus mes épaules, son regard se fit plus hésitant, plus triste aussi.

- Il faut que je te parle de quelque chose. Tu veux bien t'asseoir ?

De toute façon, je n'ai plus assez de force pour rester debout. Je suis exténuée. Une fois Matthieu et moi assis en tailleur sur mon lit, face à face, il me prend délicatement les deux mains pour les serrer entre les siennes.

- Écoute Marjorie, ça ne va pas être simple à entendre mais il faut que tu me crois du premier coup, d'accord ? Je ne cherche pas à te faire du mal. Je veux simplement que tu connaisse la vérité. Je veux que tu comprennes pourquoi j'ai été aussi distant avec toi ces derniers temps, d'accord ? Je ne l'ai pas fait par plaisir. J'étais occupé. 

Il marque une courte pause.

- Bon, j'avoue aussi que les premiers jours, j'étais vraiment cloué au lit à cause de mon genoux et non d'une grippe. Je ne voulais pas trop t'inquiéter.

Ma culpabilité reprit de plus belle, je commence à manquer d'air. Pourquoi n'y ai-je pas pensé ? Il devait tellement souffrir... 

- Tu es prête, Marjorie ?

Double Tap [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant