Chapitre 1

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Elle marchait dans les longs rayons de ce grand magasin de luxe, où les prix exorbitants auraient fait cracher du sang à n'importe quelle carte bancaire, mais pas celle d'Erine Kibo. La jeune femme marchait d'un pas assuré, s'arrêtant de temps en temps devant une robe hors de prix, une jupe courte valant très cher pour ce que c'était, ou encore une paire de chaussures aux talons démesurés. Mais Erine ne regardait tout simplement pas les étiquettes, ou alors uniquement pour s'assurer que le prix n'était pas trop bas. Après tout, un prix trop bas signifiait forcément de la pitoyable qualité. Et jamais, au grand jamais, Erine Kibo ne porterait pas de la basse qualité. Si le prix était inférieur à 100 euros, cela cachait forcément quelque chose.

- Mademoiselle, désirez vous que nous prenions aussi cette robe ?

- Bien entendu, Nelson.

Nelson était son majordome passe-partout, qui l'accompagnait dans chacune de ses excursions shopping. Sinon, qui porterait ses affaires ? Elle n'allait pas se rabaisser à porter elle-même les nombreux sacs de vêtements et autres cosmétiques qu'elle achetait.

- Oh ! Le dernier parfum Dior ! Parfait il n'était pas encore dans ma collection !

Elle sourit et passa outre le 400 euros écrit sur la petite étiquette. Elle ne prit pas la peine de le sentir pour voir si l'odeur lui plaisait et déposa la boite dans l'un des sacs que portait Nelson.

- Bien, je pense que nous pouvons nous rendre à la caisse, j'ai tout ce qu'il me faut.

Elle fit claquer ses talons aiguilles au sol, et sans perdre un instant se dirigea vers le comptoir pour payer. Bien entendu, elle laissa Nelson déposer les articles devant la caissière, attendant que la suite se fasse. Son rôle à elle était uniquement de taper le code de sa carte bancaire, et porter les vêtements une fois chez elle, bien sur.

- Cela ferait 3500 euros mademoiselle, énonça la caissière après avoir scanné chaque article.

Un petit sourire satisfait orna le visage innocent d'Erine, qui inséra sa carte et tapa les quatre chiffres nécessaires au virement bancaire. Une fois qu'elle vit s'afficher le texte « code validé » elle passa une main dans ses longs cheveux blancs impeccablement coiffés et lisses comme la perfection elle-même.

- Parfait, Nelson, les affaires, nous rentrons au manoir.

- Bien madame.

L'homme, dans la quarantaine, et vêtu d'un smoking noir –que n'importe quel pingouin pourrait envier- prit une nouvelle fois les sacs et suivit la jeune femme hors du magasin.

Ils atterrirent dans les rues bondés de Paris, capitale Française très prisée par de nombreux touristes.

- Où est la limousine ? quémanda Erine, j'ose espérer que nous n'allons pas devoir marcher trop longtemps sur ces pavés.

- Ne vous en faites pas, dame Kibo, il nous suffit de sortir de la rue et nous y serons.

Erine redressa la tête avec un petit « hum » insatisfait et supérieur. Puis, elle avança et se dirigea donc vers sa voiture pour retourner chez elle. En chemin, elle pu voir des touristes chinois, avec leur appareil photo, en train de s'extasier devant une devanture de maison.

- Tsss, ces touristes étrangers là ! Ils n'ont jamais vu de maison de leur vie ou quoi ? Bande de ploucs va.

Alors qu'elle disait cela, une voiture noire se gara devant elle, et un homme s'empressa de venir lui ouvrir la porte en s'inclinant légèrement.

- Ah, enfin. J'ai cru que j'allais devoir marcher encore longtemps parmi toutes ces personnes pauvres et miteuses.

Elle grimpa dans la voiture, attendit que la porte se referme et sourit quand le moteur démarra et l'emmena loin du centre ville, pour rejoindre son grand manoir qui se situait dans l'une des banlieues chic de la ville. Le manoir Kibo était immense, mais peut être que les 100 000 mètres carrés de superficie n'étaient pas suffisant aux yeux d'Erine, elle méritait de vivre dans un palais un peu plus grand que ça.

- Je suppose qu'il faut faire avec pour le moment, soupira-t-elle.

L'allée entre le portail et le manoir était longue d'un bon kilomètre, et laissait paraitre des fleurs et des arbres en tout genre, donnant un côté très joyeux et colorés. Erine, elle, trouvait cela immonde car elle ne cessait d'éternuer à chaque fois, fichu pollen. Ses parents voulaient donc sa mort pour continuer à entretenir ces plantes démoniaques ? Un jour, elle ferait tout brûler, foi d'Erine Kibo.

La voiture s'arrêta devant l'entrée, de grandes marches de marbres larges et lisses. On lui ouvrit une nouvelle fois la porte, et avec un geste autoritaire de la main elle s'adressa à Nelson.

- Faites porter cela dans ma chambre, et attention à ne rien oublier, casser ou froisser, sinon je devrais retourner en acheter un neuf rapidement. Et la nouvelle collection n'est disponible d'un temps limité.

- Bien madame, comme d'habitude.

Certains auraient pu trouver Nelson fort de patience pour supporter cette jeune fille pourri gâtée depuis la naissance, mais il était grassement payé pour cela, et ne se plaignait donc pas.

Erine monta les escaliers, maugréant devant le nombre de marches qui ne faisaient que la fatiguer. Ca allait la faire transpirer et elle sentirait affreusement mauvais ensuite, il n'y avait rien de plus horrible que cela !

Pénétrant dans la grande demeure, si grande qu'un village entier aurait pu y loger, elle retira son manteau de cuir et le balança au majordome qui venait de lui ouvrir la porte.

- Emmenez cela au pressing, je ne supporte pas l'odeur des pauvres.

- Bien madame.

Il s'inclina et s'éloigna avec le vêtement, croisant un homme ayant une toute autre allure. Grand, musclé, des cheveux blancs coiffés avec minutie et des yeux sombres, il se tenait droit et le menton levé.

- Bonjour ma fille, tu rentres de ton shopping hebdomadaire ?

- Bonjour père, et en effet. Maintenant, je vais devoir procéder à ces essais interminables pour vérifier que tout me va à la perfection. Je le sais déjà bien sur, mais mieux vaut vérifier au cas où.

- Certes, mais tu feras cela plus tard, j'ai à te parler d'une affaire urgente.

- Rien n'est urgent en ce monde, mis à part mon maquillage qui est en train de couler. Ca, c'est une urgence par contre.

Le père de la famille Kibo soupira devant le comportement puéril de sa fille.

- Erine, tu vas partir au Japon, dit-il sans tact ni prendre le temps de tourner correctement autour du pot.

La jeune femme se figea, lui lança un regard digne d'un poisson sortant de l'eau, avant de laisser échapper un sublime :

- Tu te fous de ma gueule le vieux ? 

Un parfum envoûtant [Fanfiction IE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant