- Bien, prête pour la première leçon ?
Absolument pas, mais maintenant qu'Erine avait dit qu'elle acceptait, elle était pieds et poings liés. Mais quelle idée saugrenue de laisser son éducation japonaise à un type aussi fourbe et avec un sourire aussi narquois. Rien qu'à le regarder elle voulait le frapper, c'était compulsif.
- J'espère aussi que tu as mon argent, je ne travaille pas gratuitement moi !
- C'est bon, j'ai tes billets, alors calme toi tout de suite avant que je ne change d'avis.
Il tendit une main vers elle, réclamant son paiement sans attendre. A croire qu'il craignait qu'elle ne tienne pas parole et lui fasse faux bond. Avec un soupir exaspéré, Erine sortit la somme qu'il avait demandé et la déposa entre ses doigts avides.
- C'est bon ? Tu es content ?
- Ouais ! On peut commencer !
Erine espérait qu'il n'était pas mauvais professeur, sinon elle allait mal digérer le fait qu'il se serait payé de sa tête.
- Bon, on va commencer par les bases.
Il sortit un cahier de brouillon, et avec un air sérieux qui ne lui ressemblait pas, il débuta ses explications pour les hiraganas, choses encore mystérieuses pour Erine qui avait du mal avec cette manière d'écrire complètement différente du français.
Claude la força à recopier plusieurs fois les même, pour qu'elle se souvienne bien de chaque forme, de leur usage, etc. Au final, il se révélait être un professeur assez doué, même s'il avait la fâcheuse manie de se moquer d'elle et de rire à chaque erreur qu'elle faisait. Résultat, il riait un peu trop souvent à son gout. Bon nombre de fois Erine avait du prendre sur elle pour ne pas enfoncer son stylo dans un des yeux dorés du jeune homme. C'était tout un travail sur soi qu'elle était en train de réaliser actuellement.
Après deux bonnes heures de travail, Claude décida qu'il en était terminé et souffla.
- Tu es encore plus nulle que ce que j'avais imaginé dit donc !
- Va te faire foutre, je n'ai pas besoin de tes remarques sans intérêt.
- Ouais, ouais, si tu le dis. Mais je ne fais que constater l'évidence ma chère !
L'évidence c'était qu'il allait se prendre un coup de pied dans les couilles, et qu'il ne l'aurait pas vu venir. Mais bon, ce n'était pas le moment d'abîmer son professeur, elle en avait encore besoin le temps qu'elle sache se débrouiller seule avec cette fichue langue.
- Allez, à demain princesse ! Et n'oublie pas de bosser un peu chez toi sinon tu vas tout oublier dans la nuit !
Erine le fusilla du regard et prit son sac avant de se détourner avec toute l'arrogance dont elle était capable.
Une fois chez elle, Kokuchu lui tomba dessus.
- Ah ! Vous voilà ! Je commençais à croire que vous aviez été enlevé !
- Ca vous aurait bien arrangé, ricana Erine.
- Je dois bien l'avouer, mais je n'aurais plus eu de salaire ensuite, ce qui m'aurait bien embêter par contre. Mais peut importe, vous êtes là, et nous allons pouvoir débuter notre petit cours quotidien sur le jap-
- Pas besoin, le coupa Erine, je me débrouille toute seule pour apprendre cette langue machiavélique.
Kokuchu arqua un sourcil, et Erine se délecta de cette expression de surprise sur son visage. Court moment de joie, car son majordome reprit vite son air agaçant et désinvolte.
- Je vois, dans ce cas tant mieux, je vais pouvoir m'occuper d'autres tâches plus importantes et urgentes !
Tout en sifflotant il s'éloigna, sous les yeux ahuris d'Erine qui aurait bien voulu le frapper. Entre Claude et Kokuchu, ses nerfs étaient mis à rude épreuve, qui serait sa première victime ?
Retournant dans sa chambre, elle balança son sac et grimaça, posant une main sur sa tempe gauche.
« Je dois m'occuper de choses plus importantes et urgentes »
Cela sonnait familier dans son esprit, mais pas de la bonne manière. Cette phrase créait un nœud à son estomac et lui donnait envie de vomir. Où avait-elle déjà entendu cela ? Qui avait pu lui dire ce genre de chose auparavant ? Peut être n'était ce qu'une phrase sans impact, mais elle ne le ressentait pas ainsi. Il y avait toute une signification derrière qui en disait long.
Elle n'était pas importante.
Personne ne se souciait vraiment d'elle, de ses besoins, de ses envies. Elle demandait et on lui donnait, rien de plus simple. Elle était la superficialité à l'état pur. Alors, pourquoi cela faisait-il mal, dans un petit recoin de sa poitrine ?
- Tsss, arrête de trop penser Erine ! Ca ne te ressemble pas !
Chassant ses idées noires de son esprit, elle alla prendre une bonne douche, fit venir le dîner dans sa chambre et se coucha tranquillement sous sa couette. Il n'y avait rien de mieux qu'une bonne nuit de sommeil dans un lit hors de prix pour se sentir mieux ensuite. L'argent faisait son bonheur, elle en était persuadée.
« Maman ! Maman ! J'ai eu la note maximum en maths !
Un regard acéré, qui se posa sur la feuille tendu par la petite fille. Un vingt sur vingt y était écrit en gros et rouge, entouré avec le mot « félicitation » à côté. Pas un mot, pas une réaction, uniquement deux yeux améthyste fixant l'écriture rouge sans sourciller.
- Maman ? Tu n'es pas fière de moi ?
- Il n'y a pas de quoi être fier pour quelque chose de banal.
La petite fille baissa la tête, une moue déçue venant peindre son petit visage rond entouré par des cheveux blancs soigneusement coiffés.
- Tu t'attendais à des félicitations de ma part peut être ? claqua sèchement la voix de cette femme, tu dois être parfaite dans chaque domaine. Une note parfaite est normale. Tu ne remercie pas chaque jour de manger, car c'est normal.
La plus jeune baissa les bras, le papier pendant tristement au bout de sa petite main potelée.
- Maintenant laisse moi, j'ai des choses bien plus importantes et urgents à gérer que ta petite personne.
Elle se détourna de la petite fille, ne lui accordant plus aucune attention. Quelques larmes silencieuses roulèrent sur les joues de la petite, alors que ses lèvres se mouvaient pour dire une réponse. »
Le plafond, couleur crème, c'est ce qu'elle vit quand ses yeux s'ouvrirent. Etrangement, son souffle était plus rapide que d'ordinaire. Se redressant dans le lit, elle porta une main à ses yeux. Ils étaient humides. Elle avait pleuré. Son esprit n'arrivait pas à comprendre, mais son cœur semblait hurler de douleur. Qu'est ce que tout cela voulait dire ? Quels étaient ces rêves qui s'acharnaient sur elle ? Et pourquoi avait-elle cette terrible sensation de familiarité. La vérité lui faisait peur.
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Un parfum envoûtant [Fanfiction IE]
FanfictionErine Kibo est une riche héritière française. Depuis sa plus tendre enfance, elle vit dans le luxe et la richesse. Rien ne lui a jamais été refusée, ses parents répondant à chacunes de ses demandes sans rechigner. Désormais, elle est une véritable...