Chapitre 10

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Le temps passait, seconde par seconde, mais Erine ne quittait pas son bureau. Elle avait ses notes posées devant elle, ainsi qu'un dictionnaire et son ordinateur pour faire des recherches. Depuis son retour à la maison elle n'avait pas bougée, sauf pour manger quelque chose et ne pas faire une hypoglycémie. Pourtant, quand minuit sonna, la fatigue se fit ressentir et l'obligea à arrêter. Il ne fallait pas qu'elle se surmène non plus et fasse attention à son sommeil. Quoique, il était inexistant ces derniers temps, et entrecoupé de cauchemars en tout genre. Erine éteignit sa lampe de bureau et se leva, marchant d'un pas lent jusqu'à sa fenêtre. Il faisait nuit noir, la seule luminosité résidant dans l'éclat de la lune. Le monde semblait si paisible de cette manière, calme, apaisé, rien ne venant troubler cette paix. Ressentant le besoin d'air frais, la jeune fille ouvrit sa fenêtre, laissant la fraîcheur de la nuit entrer et caresser sa peau, un frêle vent soulevant ses cheveux blancs au passage et la revivifiant quelque peu.

- Je ne veux pas dormir...

Elle se surprit elle-même à dire cela, depuis quand craignait-elle de rejoindre son lit et clore ses yeux ? Peut être depuis qu'elle ne cessait de voir toutes ces scènes brisant son cœur et sa mentalité. Au départ, elle n'avait pas compris, ou alors avait refusée de comprendre. Mais la réalité commençait à se dévoiler à ses yeux et elle ne pourrait pas la fuir éternellement. A chaque fois l'environnement était le même, ainsi que le contexte, il n'y avait que le sujet qui varié. Tout le temps il s'agissait d'une petite fille et de sa mère, et tout le temps la mère finissait par rabaisser sa fille et la faire pleurer. Erine avait réfuté la vérité un moment, mais elle ne pouvait plus se permettre de fuir. La petite fille n'était autre qu'elle, et à chaque fois elle faisait face à sa propre mère. Il lui avait fallu quelques jours pour l'accepter et ça avait été difficile. Mais désormais, une autre question subsistait dans son esprit, pourquoi n'avait-elle pas souvenir de cela ? Pourquoi est ce que ces événements surgissaient sous formes de rêves ? A moins que tout cela ne soit le fruit de son imagination ? Ca n'aurait aucun sens. Pourquoi son esprit irait inventer des choses aussi horribles ?

- Tsss, c'est inutile de se poser autant de questions sans réponses.

Elle referma la fenêtre avec violence et partit se coucher. Réfléchir autant ne lui faisait pas du bien. Actuellement, sa petite vie simple et superficielle lui manquait. Elle s'était plu dans la richesse, la simplicité et l'insouciance, ne pensant à rien mis à part sa petite personne et ses intérêts.

Désormais, tout basculait et elle se rendait compte qu'elle ne possédait rien. Sa famille n'en était pas vraiment une. Elle n'avait pas d'amis, de connaissances, de liens. Elle était seule, le portable vide de tout contact. Elle n'avait fait que se comporter en princesse parfaite toute sa vie, se pensant supérieur aux autres de part l'argent de sa famille et sa position importante. Mais ce n'était pas elle qui avait tout cela, depuis le début elle ne faisait que profiter de ses parents, se pavanant fièrement avec sa carte bancaire et ses affaires de luxes. Tout cela, elle s'en était rendu compte en arrivant au Japon. Kokuchu faisait preuve d'un manque de respect flagrant, les lycéens et professeurs la prenaient de haut, se moquant dans son dos, et ce crétin de Claude ne cessait de l'énerver dès qu'il en avait l'opportunité.

- Claude Beacons...

Étrangement, ce garçon avait beau être le pus insupportable possible, il était le seul à lui marquer un minimum d'attention. Il la regardait réellement et ne détournait pas les yeux. Il était franc, un peu comme Kokuchu, et parlait sans détour. C'était douloureux de se confronter à ce genre de personne, mais dans le fond cela lui faisait ressentir une étrange sensation de satisfaction mêlé à une pointe de colère. Oui, c'était un mélange paradoxal, mais c'était cela qu'elle ressentait.

Elle n'aurait su le décrire plus amplement et elle n'en avait pas envie. A l'heure actuelle il valait mieux qu'elle dorme et tente de se reposer le plus possible. Bien sur, elle n'y croyait pas, mais elle devait tenter le coup. Peu convaincue de trouver le sommeil, elle se glissa sous ses draps et ferma les yeux.

« Mon cousin ?

- Oui Erine, tu vas faire sa rencontre et j'espère que tu en prendras de la graine.

- De la graine ? demanda innocemment la petite fille.

- Prendre exemple sur lui. Jiyu est le parfait exemple pour devenir chef de famille et diriger avec brio.

La plus jeune cligna des yeux, ne comprenant pas réellement ce que sa mère attendait d'elle, du haut de ses six ans. Dès qu'elle faisait quelque chose, c'était mal. Est-ce que voir son cousin serait quelque chose de bien ? Serait-elle félicitée ? Si oui, elle était prête à prendre autant de graine que possible ! Elle attendit donc son cousin avec impatience. Et, quand il arriva enfin, il lui sembla légèrement entrevoir ce que sa mère voulait dire. Jiyu Kibo, de 6 ans son aîné, se tenait droit et fier, mains croisés dans le dos.

- Je ne me souvenais pas qu'il avait déjà un tel regard...

Cette fois, le rêve était différent, Erine se tenait en tant que spectatrice. Elle pouvait se voir plus jeune, accompagnée de sa cruelle mère. Cette scène, elle s'en souvenait vaguement, le ressentit de sa première rencontre avec Jiyu l'avait marqué. Du haut de ses douze ans, il avait déjà un regard dur et fort et elle n'y avait vu aucune trace d'amusement ou d'insouciance. Un adulte bien avant l'heure. La petite Erine avait presque eu peur de lui. C'était lui son cousin ? C'était de lui dont elle devait prendre de la graine ? »

- Ha...

Quatre heures du matin, ce n'était pas énorme.

- Au moins, ce n'était pas un vrai cauchemar cette fois...

Pourquoi revoir son cousin maintenant ? Peut être car Jiyu était tout ce qu'elle n'était pas. Il savait diriger, gérer les affaires politiques, se montrait charismatique, était respecté et influent. Dans le fond, elle devait être jalouse de lui, car il était celui que sa mère aurait désiré en fils. Mais elle n'avait eu qu'une fille capricieuse et princesse, se prenant pour la reine du monde.

Elle était fatiguée et se prenait la tête à revenir sur elle-même et faire une introspection sur son passé et sa personnalité. Soufflant de dépit, elle jeta un coup d'œil à son portable, et ses pupilles accrochèrent à l'un des rares numéros qu'elle avait dans son répertoire. Il avait dit ne pas beaucoup dormir, mais à une heure aussi tardive c'était certain qu'il dormait. Pourtant, dans un faible espoir d'entendre une voix familière, elle appuya sur le bouton d'appel et porta le mobile à une de ses oreilles. Il y eu une première sonnerie, une deuxième, une troisième...

- Il ne va pas décrocher, forcément.

Se préparant à arrêter, elle entendit le petit « clac » caractéristique.

- Allo ? 

Un parfum envoûtant [Fanfiction IE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant